Arts plastiques: «Carnafal Tchaqlala», une performance théâtrale époustouflante de créativité, présentée à Alger

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La performance théâtrale, Carnafal tchaqlala (la grande pagaille), montée sur une idée du plasticien et poète, Denis Martinez, a été présentée samedi à la Villa Dar Abdeltif, dans le cadre de l’installation, «Actes de vie», une rétrospective sur le parcours singulier de l’artiste, haute en couleurs et époustouflante de créativité.

Entièrement conçue par Rafik Hadouchi, cette performance restitue la célébration des coutumes ancestrales chez les Béni Snous à Tlemcen, à travers le cérémonial d’Ayred, rituel également pratiqué en Kabylie avec autant d’adhésion et d’intensité. Remarquable exhibition, menée par quatre personnages masqués aux visages tachetés et aux déguisements faits d’objets de récupération (cannettes, branchages et feuillages d’arbres, herbes sèches ou encore toile de jute) et soumise aux cadences irrégulière et envoûtantes des bendirs, Carnafal tchaqlala vient s’ajouter à la grande installation évoquant le parcours de Denis Martinez. Brillamment rendue par Rafik Hadouchi (Ayred / le lion), Ayoub Allet (dame Nature), Anis Chaâbane (le Patrimoine) et Idir Farès (la résilience de la femme à arracher ses droits), soutenus par les percussionnistes aux bendirs, Noureddine Hammouche, Nassim Taziba, Lakhdar Taguemout et Djamel Dehar, la performance a été introduite par un prologue aux intonations résolues d’un autochtone convaincu, de la plume de Denis Martinez. «Oui ! Ana rani jay ! J’arrive, déblayez le silence ! Mon cœur est tatoué de signes imprenables ! J’ai évité les vertiges du néant pour pouvoir observer le parcours de la sève et essayer de dire que l’Art est Acte de vie !», a martelé l’artiste armé d’une de ses œuvres s’apparentant à un totem. En présence d’un public d’adeptes, d’amis et de plasticiens, à l’instar de Ali Silem et Karim Sergoua, Denis Martinez a ensuite laissé retentir la voix suave à la tessiture large de la jeune soprane, Tinhinane Arezki qui a apaisé l’atmosphère avec un extrait de la pièce Tharguith (le rêve) du regretté Idir, qu’elle reprendra pour clore la performance. Carnafal tchaqlala est l’une des randonnées oniriques qui constituent la grande installation «Actes de vie», que Denis Martinez a créé et entretient jusqu’au 31 mai, pour dire que ses toiles sont «le produit même et le résultat de toutes ces rencontres, ces échanges et ces expériences vécues avec les autres durant sa carrière d’artiste». «Grâce à cette performance et aux autres installations, mes œuvres ont pris leur véritable dimension artistique», a conclu Denis Martinez.

Au lendemain du recouvrement de l’indépendance de l’Algérie, Denis Martinez enseigne à l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger et initie, parallèlement, des actions expérimentales avec ses étudiants, avant d’animer en 1967, avec des artistes algériens de son époque le mouvement artistique «Aouchem». Installé à Marseille (France) dans les années 1990, Denis Martinez fait son retour en Algérie au début de l’an 2000 et participe à des expositions, évènements et autres actions artistiques et culturelles. Inaugurée le 13 mai dernier, l’installation «Actes de vie», organisée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), restitue l’œuvre de Denis Martinez sur plus de 50 ans, sculptures, peintures, et poèmes habillent l’espace de la Villa Dar Abdeltif jusqu’à la fin du mois en cours, en plus d’un programme artistique fait de performances poétiques et musicales, ainsi que des tables rondes.

M. Toumi/Ag.