Espérons, que le dernier remaniement du gouvernement crée une nouvelle dynamique afin, comme cela a été annoncé à maintes reprises par les pouvoirs publics une relance effective de la machine économique pour l’année 2023, l’important n’étant pas seulement un changement de femmes et d’hommes aux postes de responsabilités, mais avoir une véritable planification stratégique tant interne qu’une adaptation aux nouvelles mutations internationales.
Car, selon les statistiques douanières fin 2022, plus de 80 % des exportations hors hydrocarbures relèvent de semi-produits dont plus de 60/70% de dérivés d’hydrocarbures et les indicateurs tant macro- économiques que macro-sociaux et la croissance sont fonction essentiellement de la dépense publique via la rente des hydrocarbures. En 2022, le cadre macro-économique a été relativement stabilisé, grâce au cours élevé des hydrocarbures pétrole et gaz où selon le dernier rapport de la Banque d’Algérie ayant atteint, pour le pétrole, un prix moyen de 109 dollars pendant les neuf premiers mois de 2022 (contre 72,7 dollars, tandis que ceux du gaz ont plus que doublé, passant de 5,2 à 11,5 dollars le million de BTU. Ce qui a permis des distributions de revenus comme tampon social, mais ne devant jamais oublier qu’une Nation n’est forte dans les relations internationales que si son économie est forte, reposant sur des entreprises compétitives en termes de coûts/qualité avec pour fondement la bonne gouvernance et le savoir et ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle ne produit, le versement de salaires sans contreparties productives, à terme, pouvant conduire à une dérive sociale et donc déstabiliser le pays.
1- Selon les normes internationales, sans compter les délais des études, du financement et la levée des contraintes d’environnement, une PMI/PME après sa mise en exploitation en 2023 le seuil de rentabilité sera au bout de deux à trois années et pour les projets hautement capitalistiques au bout de cinq à sept ans. Car avec la pression démographique galopante, plus de 45 millions au 1er janvier 2023, 50 millions à l’horizon 2030, avec une demande additionnelle qui s’ajoute au taux de chômage actuel, il faudra un taux de croissance de 8/9% sur plusieurs années pour absorber le flux additionnel de 350 000/400 000 emplois par an. Notamment la relance des grands projets structurants comme l’exploitation du fer de Gara Djebilet, mais nécessitant la voie ferroviaire, résoudre le problème technique, le fer étant oxydé à 0,8% devant le ramener aux normes internationales pour sa commercialisation à 0,1%, le projet du phosphate de Tébessa, celui du zinc, le port de Cherchell, et bien d’autres projets évitant ces assainissements répétés d’entreprises non compétitives qui, selon les données du Premier ministère ont coûté ces trente dernières années à fin 2020 250 milliards de dollars. Nous assistons avec poussée du processus inflationniste du fait du déséquilibre offre/demande avoisinant selon les sources officielles 9/10% à des entreprises publiques privées en berne, une balance commerciale excédentaire ayant peu de signification, du fait des restrictions aveugles des importations de matières premières, puisque fin 2022, le taux d’intégration au niveau national ne dépasse pas 15%. Comme cela a été annoncé dans plusieurs de mes contributions depuis janvier 2022 au niveau national et international (voir nos interviews au quotidien le Monde.fr Paris, et américain Maghreb Voices 2022 et janvier 2023 télévision internationale algérienne Al24 News concernant les exportations de 100 milliards de mètres cubes gazeux ) je me félicite que le PDG de Sonatrach annonce les mêmes prévisions (source APS 14/03/2023 ) je le cite : «L’Algérie prévoir de mettre sur le marché pas moins de 100 milliards de mètres cubes gazeux dans les cinq prochaines années» et non pas comme annoncé par certains soi-disant experts organiques sur les plateaux de télévision qui voulaient faire plaisir au président de la République en 2023, en lui donnant de fausses informations. La production totale à ne pas confondre avec les exportations, consommation intérieure, plus exportation, plus 15/20% de réinjection dans les puits pour éviter leur épuisement, a avoisiné en 2022, 125/130 milliards de de mètres cubes gazeux, devant au minimum, fonction de l’accroissement de la forte demande intérieure et d’importants investissements, produire 180/200 milliards de mètres cubes gazeux pour pouvoir exporter 100 milliards de mètres cubes gazeux. A court terme, les exportations peuvent croître seulement entre 4/5 milliards de mètres cubes gazeux. Dans ce contexte, il ne faut pas être utopique, les exportations d’hydrocarbures seront encore pour longtemps la principale ressource en devises du pays, 98% en 2022 avec les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures où en ce mois de mars 2023, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. D’où l’importance d’être attentif aux exportations des hydrocarbures, notamment les conditions pour réaliser le doublement ses exportations de gaz vers l’Europe de 11 à 25%, son principal client 88/ 90% de ses exportations de gaz, mais sous réserve d’une évolution positive du prix au niveau du marché international et devant tenir compte de la forte concurrence, puisque pour l’Asie il faut d’abord contourner toute la corniche de l’Afrique, avec des coûts de transport exorbitants, nécessitant des complexes et des méthaniers de grands volumes, et il est difficile de concurrencer des pays proches de cet espace comme la Russie,45 000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve, l’Iran, 34 000 et le Qatar plus de 20 000 qui ont conclu d’importants contrats avec la Chine et l’Inde.
2 – Pour doubler les exportations, il faut huit conditions.
La première condition, concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions et donc de la forte consommation intérieure presque équivalente aux exportations, étant prévu 50 milliards de mètres cubes gazeux en 2025, selon le PDG de Sonelgaz. Il devient intolérable que l’on continue à la fois de livrer le prix du gaz à certaines unités à 10/20% du prix international et à construire des millions de logements avec les anciennes techniques alors que les nouveaux procédés permettent d’économiser entre 30/40% de la consommation d’énergie.
La deuxième condition est relative à l’investissement en amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde, les hydrocarbures traditionnels ayant permis les investissements via la dépense publique. La position de l’Algérie envers l’Europe et d’autres pays est claire : la loi nouvelle des hydrocarbures étant attractive, Sonatrach étant limitée dans l’autofinancement, venez investir dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant et on pourra augmenter les exportations.
La troisième condition est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoires. En parallèle, des investissements conséquents seront réalisés pour développer les capacités solaires du pays, 500 MW en 2022, étant prévu 15 000 MW en 2035 selon le ministère de l’Energie (source APS). Combinant le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, le ministère de l’Energie, ayant programmé, sous réserve de trouver des financements, 40% de la consommation intérieure à partir des énergies renouvelables à l’horizon 2030/2035 et une fraction exportable à partir des interconnexions. Pour le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne, lors de sa visite à Alger, je le cite : «Nous souhaitons développer cette relation ensemble avec l’Algérie, pas seulement pour le présent, pas seulement pour le gaz aujourd’hui, mais en regardant vers le futur, en privilégiant les investissements européens dans le secteur des énergies renouvelables. Ce futur-là pour l’Algérie est très prometteur, puisque l’Algérie a un énorme potentiel dans le domaine des énergies renouvelables». La quatrième condition, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013 et 2022, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité croissante. La cinquième condition est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines, l’Algérie possédant le troisième gisement mondial d’environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement et des partenariats avec des firmes de renom (voir dossier 9 volumes 890 pages sous la direction du Pr A. Mebtoul, opportunité et risques et urgence de la transition énergétique Premier ministère 2015).
La sixième condition, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux dont le coût était estimé en 2012 à 3 milliards de dollars, ayant doublé depuis (un tracé très complexe), dossier que j’ai défendu lors de mon déplacement en Italie en 2012 et qui a été abandonné par l’Italie sous la pression des élus de la Sardaigne qui devrait être réactivé mais toujours sous réserve de l’approbation des élus de la Sardaigne et s’il devait être branché, comme prévu initialement vers la Corse de la France.
La septième condition est l’accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie, d’une capacité de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux, selon les études européennes de 2020 un coût d’environ 20 milliards de dollars contre une estimation de 11 milliards de dollars en 2011, plus rentable que celui du Maroc évalué par le centre de recherches IRIS de 30 milliards de dollars pour une durée de réalisation de 10 ans, mais nécessitant l’accord de l’Europe, principal client.
La huitième condition, est le développement de l’hydrogène vert où l’Algérie est bien placée pour produire de l’hydrogène vert à des prix très compétitifs, où fin 2022, le groupe Sonatrach a signé un accord avec le groupe allemand VNG afin de construire des usines de production d’hydrogène vert à travers le pays, et exporter en direction de l’Europe, étant prévu d’investir entre 20 à 25 milliards de dollars horizon 20302035. Mais l’Allemagne a dans ses négociations récentes avec l’Algérie mis l’accent sur l’importance des projets dans les énergies renouvelables, notamment dans l’hydrogène vert et le solaire et ont exprimé les attentes des entreprises allemandes pour voir comment le gouvernement algérien compte procéder dans le domaine des énergies renouvelables (EnR), à savoir l’appel d’offres du projet Solar 1000 mégawatts ou le programme des 15000 mégawatts».
En conclusion, les cours des hydrocarbures ont permis une relative aisance financière, qui a positivement impacté les réserves de change de l’Algérie, évaluées à par la Banque d’Algérie fin septembre 2022 à 52,763 milliards de dollars et fin février à 64,63 milliards de dollars, avec une baisse de l’encours de la dette extérieure passant de 3,062 milliards équivalent dollars fin décembre 2021, à 2,914 milliards à fin septembre 2022, donnant des marges de manœuvres pour relancer l’économie nationale. Mais attention, à l’illusion monétaire, le capital-argent n’est qu’un moyen, une richesse virtuelle qu’il s’agit de transformer en richesses réelles. Par ailleurs, les cours sont fonction de l’évolution de la croissance de l’économie mondiale qui sont volatils, avec le spectre de crise mondiale depuis janvier 2023, où les Etats-Unis ont mis en place des mesures d’urgence pour le système bancaire après l’effondrement de Silicon Valley BanK, cette banque californienne qui s’est donnée pour métier de financier le développement des start-ups et le plongeon de Crédit Suisse à la Bourse qui a eu des répercussions sur le secteur bancaire français , avec la chute des actions de Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole. Ainsi, le cours du Brent étant coté le 17 mars 2023 à 75,81 dollars, le WIT à 69, 53 dollars et le gaz naturel selon la revue usine nouvelle devrait se négocier entre 50/60 dollars le mégawattheure pour l’année 2023, contre 300 dollars au moment du conflit en Ukraine, étant coté entre février et début mars 2023 sous la barre des 50 dollars. En bref, souhaitons que pour l’année 2023, l’Algérie pays à fortes potentialités, acteur stratégique de stabilisation de la région méditerranéenne et africaine par une nouvelle gouvernance puisse renouer avec le développement en conciliant l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.
- M.