Amnesty International Algérie a dénoncé, hier, la campagne «haineuse» et «raciste» contre les ressortissants et réfugiés subsahariens sur les réseaux sociaux. Lors d’une conférence de presse tenue à son siège à Alger centre, cette organisation a exprimé son soulagement après la prise en charge par le Maroc des réfugiés syriens bloqués depuis avril dernier à Figuig.
Hassina Oussedik, directrice de Amnesty International Algérie a affirmé que la prise en charge des familles syriennes bloquées depuis avril dernier à Figuig, annoncée, hier, par le Maroc, est «le fruit de la mobilisation de la société civile, de l’opinion publique internationale et des associations algériennes et marocaines qui n’ont cessé d’appeler les deux états» à trouver une solution humanitaire. Cette ONG s’est dite «contente» que ces «personnes aient enfin pu quitter cet enfer, où ils vivaient sans nourriture, sans aucune alimentation en eau durant le mois de Ramadhan».
Oussedik, accompagnée par Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), a rajouté que Amnesty International est déterminée à poursuivre le suivi de cette affaire afin que ces réfugiés soient pris en charge, appelant le Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à «veiller à ce que chaque individu bénéficie d’une solution conforme à sa situation et ses besoins». Amnesty International Algérie a dit «noter avec une grande satisfaction» la réalisation en cours du projet de loi sur le droit d’asile, les migrants clandestins et les réfugiés par le ministère des Affaires étrangères. L’ONG, qui a souligné un vide juridique dans le domaine, a rappelé que l’Algérie est une terre d’accueil pour ces réfugiés. «Ces personnes ont vécu à des drames et à des parcours difficiles pour rejoindre l’Algérie, pays stable dans une région instable. Ils n’ont pas choisi cette vie», a-t-elle rappelé.
Hassina Oussedik a estimé que ce projet de loi «est une avancée notable» puisque cela s’inscrirait en conformité avec la Convention de Genève relatives au statut des réfugiés (1951) ainsi que la convention africaine pour les migrants. Elle a souligné qu’il est important que l’Algérie puisse organiser un accueil conforme aux chartes internationales et régionales, sans discrimination, dans un contexte humanitaire difficile». La directrice d’Amnesty International a estimé que ce projet de loi traduit une volonté politique de prendre en charge ce dossier, notamment après les annonces réalisées par le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, Saïd Salhi a toutefois regretté que la société civile, qui travaille depuis plusieurs années sur le dossier, n’a pas été associée à cette procédure. «Nous aurions aimé que la loi soit débattue», a-t-il dit, «espérant que cette loi ouvre des droits aux réfugiés, dont l’éducation, à la santé et le travail». «Ils travaillent, mais ne bénéficient pas de situation reconnue. Ils sont dans une précarité et fragilité face à des personnes qui peuvent facilement en abuser», a fait remarquer de son côté Oussedik. Amnesty International a encore exhorté le gouvernement algérien à abroger certains articles de la loi sur les étrangers, dont ceux criminalisant l’entrée, le séjour et la sortie irrégulière du territoire algérien.
«Certaines personnes bravent tous les interdits pour fuir des dangers et se réfugier en Algérie. Ces lois c’est un mal de plus pour les migrants et cela ne règle en rien leur situation». Le vice-président de la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH) a surtout appelé à lutter contre le trafic des migrants et des réfugiés et criminaliser cette pratique, en intensifiant «la traque» des les passeurs. Amnesty International a aussi regretté que «certains individus ont choisi la journée internationale des réfugiés pour mener une campagne raciste contre les migrants subsahariens». Oussedik a déclaré regretter «des propos racistes et des appels à la violence», appelant les autorités prennent les mesures nécessaires en appliquant une loi qui condamne la violence et le racisme. «La société civile doit aussi réagir. Ces propos ne reflètent pas les propos de la majorité algérienne. Cette campagne est un événement choquant, scandaleux, qui ne fait pas honneur ni à l’Algérie ni aux Algériens et nous ne pouvons pas rester silencieux», a-t-elle déclaré. La même responsable a aussi regretté que «des médias aient joué un mauvais rôle», leur lançant un appel pour participer à sensibiliser et propager la tolérance.