Allocation devises en Algérie de 75O euros sur le cours du dinar sur le marché parallèle (2/2): Les six raisons du faible impact de la revalorisation

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Dans la théorie keynésienne appliquée par bon nombre de pays  développés au lendemain de la  seconde guerre mondiale , le déficit budgétaire a permis  de relancer la demande globale (consommation et investissement) du fait  l’existence déjà d’un appareil productif  concurrentiel en sous capacité.

Mais dans une économie non productive et surtout rentière, le blocage étant l’écosystème, existe   une loi universelle: tout accroissement  du déficit budgétaire entraîne forcément un accroissement du processus inflationniste, en Algérie compressé artificiellement par les importants transferts sociaux généralisables et non ciblés.  Cela   représente  dans la loi de finances 2025 , le montant de 5.872,37 milliards dinars alloués en autorisations d’engagement et 5.928,18 milliards de dinars en crédits de paiement,  le total des  dépenses budgétaires étant en hausse de 9,9% par rapport à 2024, se situant à 16 794,61 milliards DA en 2025  soit plus de 124 milliards de dollars. La différence entre les  recettes et les dépenses  donne un déficit budgétaire de 63,60 milliards de dollars contre 46,04 milliards de dollars en 2024 et 30,50 milliards de dollars en 2022. Car, nous avons assisté à une nette baisse des recettes en devises de Sonatrach qui sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, 50 en 2023 et de 44 milliards de dollars en 2024. devraient s’établir à moins de  4O milliards de dollars avec un cours du Brent autour de 65 dollars mais environ 55 euros du fait de la dépréciation du dollar  et attention donc au recours à la planche  à billets qui donnerait un taux d’inflation à deux  chiffres. Dans ce contexte de déficit,  toute dévaluation rampante du dinar réduit artificiellement le déficit budgétaire en accélérant le processus inflationniste ( l’inflation importée), supporté en fin de route par le consommateur   et  devant  distinguer les recettes en euros et en dollars, les  recettes d’hydrocarbures étant souvent  libellées  à la fois en dollars  du fait de la structure du commerce extérieur algérien toute baisse  du cours du dollar, comme les hydrocarbures,  diminue en valeur  les importations libellées en dollars mais comme plus de 6O% des importations se font en euros cela accroît la facture d’importation.

Bien qu’en  2024, la dette publique de l’Algérie est estimée à environ 45,7% du PIB, selon des données du gouvernement ,48,5% selon le FMI, donc entrant largement dans les normes internationales,   comprenant à la fois la dette intérieure et la dette extérieure, très marginale 1,3% du PIB   avec une prédominance de la dette intérieure, le FMI dans son dernier rapport  de juillet 2025 prévoyant une nette croissance  avec la probabilité de l’épuisement du fonds de régulation des recettes pour fin 2025  du fait de la baisse des recettes des hydrocarbures, les cambistes sont surtout attentif  à l’évolution du niveau des  réserves de change non compris les stocks d’or de 173 tonnes dont le volume n’a pas varié depuis 2005 . les calculs de corrélation montrent que le niveau des réserves de change  tiennent  la cotation du dinar officiel  coté fin juillet à environ 15O dinars un euro à plus  de 7O% via la rente des hydrocarbures   permettant 97-98% des recettes en devises en incluant les dérivées comptabilisées  plus de 65% dans la rubrique hors hydrocarbures. Or, les recettes de Sonatrach sont passées de 6O milliards de dollars en 2022 à 50 en 2023, et entre 43/44 milliards de dollars en 2024  et seront sous la barre des 40 milliards e dollars en 2025 si le baril  selon l’AIE tourne autour de 65 dollars le baril prévoyant 60 dollars et 30 dollars le mégawatt heure pour le Gaz  : Rappelons qu’en  2012 les réserves  de change étaient de  190,6 milliards de dollars, – 2013 : 194,0 milliards de dollars,  – 2014 :  178,9 milliards de dollars, – 2015 : 144,1 milliards de dollars,  – 2018 :  79,88 milliards de dollars, – 2019 : 62 milliards de dollars -2020 44,2 milliards de dollars  -2021 47 milliards de dollars – 2022 : 61 milliards de dollars – 2023, 69,5  milliards de dollars – 2O24 – 51,4 milliards de dollars selon  l’agence Africaine  APA citant la Banque d’Algérie –BA ,et fin juin 2025 , une baisse vertigineuse  à 39 milliards de dollars   soit un décaissement en six mois de 12,4 milliards de dollars , ces données d’APA   n’ayant  pas été confirmées par la Banque d’Algérie ni par  le FMI qui avait donné  sans son dernier rapport provisoire , un montant provisoire fin 2024 de 67 milliards de dollars, une baisse de 3 milliards de dollars par rapport à 2023,  une explication de la  Banque d’Algérie s’imposant  pour rassurer l’opinion publique. Car  pour se prémunir contre  cette baisse des réserves de change  et l’inflation , certains opérateurs privés placent leur capital-argent dans l’immobilier, achètent des biens durables à forte demande comme les pièces détachées, facilement stockables, l’achat d’or ou de devises fortes. Le manque de confiance vis à vis de l’avenir sur lequel repose tant les relations Etat citoyens que tout investissement à moyen terme créateur de valeur ajoutée , l’anticipation d’une dévaluation rampante du dinar, notamment de la baisse des  réserves de change  a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales.

Les opérations d’importation de voitures neuves et d’occasion de moins de trois ans par les résidents algériens et  la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l’étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l’allocation devises. A cela s’ajoute   les agences de voyages qui, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent, elles aussi, aux devises du marché noir étant importateurs de services exportant des devises au lieu d’en importer comme le voudrait la logique touristique et  la baisse des transferts avec les décès des retraités à l’étranger, cette baisse de l’offre de devises ayant été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l’étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie. Sixièmement ,récemment , expliquant l’amplification,  le décret sur la régularisation de la micro-­importation est publié au Journal officiel N°40 du 29 juin 2025 qui  fixe les conditions et modalités d’exercice de l’activité en autorisant les particuliers à importer des biens à des fins de revente en l’état, s’appliquant  aux autoentrepreneurs qui exercent l’activité de micro-importation . Il  s’agit   d’opérations individuelles d’importation de marchandises par des personnes physiques lors de leurs déplacements à l’étranger, pour une revente en l’état, avec des quantités et valeurs limitées (1,8 million de dinars par voyage, deux voyages maximum par mois) mais qui doivent s’autofinancer sur le marché parallèle. Imaginons seulement  1.OOO.OOO à l’échelle nationale de  délivrances d’autorisation pour 43 millions de dinars :an par petit opérateur.  Pour éviter une dérive du dinar sur le marché parallèle,  il s ‘agit de mettre en place les   bureaux de change, autorisés depuis les lois d  1995 et réactualisées en 2023,  n’étant pas  opérationnels  et afin de délivrer à ces jeunes auto entrepreneurs un cours  moyen entre celui du marché officiel et celui du marché parallèle et devant également revoir le code pénal  car comment justifier la provenance  de ces centaines  de milliards de dinars pour justifier le transfert : un grand dilemme au moment où l’Algérie a mis en place récemment des lois répressives  pour les transferts illicites de capitaux afin de sortir de la liste grise

Quelle conclusion tirer ?  La  mesure des 75O euros était surtout destinée à enrayer la montée vertigineuse du cours sur le marché parallèle qui courant juillet   avait atteint le pic  à l’achat  de 265/266 dinars un euro avec un écart  plus de 7O% par rapport au cours officiel et d’orientant vers 3OO dinars un euro.  Pour tenir compte de la conjoncture, avec la baisse des recettes en devises ,  doit –on aller vers une loi de finances complémentaire comme moyen d’ajustement budgétaire face à la baisse des recettes ?   Car les  dernières mesures  des restrictions des importations par voie administrative souvent sans ciblage faute d’un système d’information fiable  et en plus avec les longs circuits administratifs pour obtenir les  autorisations  , selon la majorité des opérateurs consultés  de la majorité des régions du pays   auront des effets mitigés  avec le risque de paralyser tout l’appareil de production afin de préserver les  réserves de change qui ne sont qu’une richesse virtuelle qu’il s ‘agit de transformer en richesses réelles :  attention à ne pas  renouveler l’expérience de la Roumanie communiste qui pour préserver ses réserves de change  a conduit le pays à la faillite généralisée  et à révolte sociale qui a mis fin au régime  communiste .  Car  dans les relations internationales n’existant pas de sentiments mais que des intérêts. L‘objectif  stratégique  est de  réaliser de profondes réformes structurelles liées  fondamentalement à la réforme de la gouvernance globale où en ce XXI eme siècle l’organisation dominante de tous les secteurs étant  celle en réseaux , les organisations hiérarchiques étant déclassées. :notamment celles  des institutions par une réelle décentralisation à ne pas  confondre avec déconcentration , par la création de nouvelles wilayas ;  la réhabilitation de la Cour des comptes comme institution de protection des deniers publics ,devant privilégier la prospective et non la coercition ;   la réforme du secteur des hydrocarbures lieu de la production de la  rente ;  du système socio- éducatif, lieu  de la  création de la valeur,   du foncier industriel et agricole  et du système financier, poumon des réformes, lieu de distribution de la rente,  dominé à plus de 85% par les banques publiques  fondamentalement alimentées par  la rente des hydrocarbures.   Pour éviter les interférences et plus de cohérence, Il est souhaitable la  création de grands ministères  seuls siégeant en conseil des ministres  secondés par  des secrétariats techniques  dont trois  grands ministères pivot de al transition économique, la création d’ un grand ministre de l’éducation nationale du primaire, secondaire , les universités  intégrant la formation  professionnelle ; un grand ministère de l‘économie nationale regroupant industrie y compris les mines  -commerce-finances et  le secteur hydrocarbures étant relativement autonome, étant entendu que les ministres  autant d’ailleurs que les  walis , servent de régulateur , les gestionnaires publics étant relativement autonomes soumis à un calendrier de performance  . 

Suite et fin

Pr des universités-Expert international  – Dr d’Etat 1974  Abderrahmane MEBTOUL

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