Ahmed El-Hachemi Mazighi à l’APS : « L’Algérie  n’a jamais exporté gratuitement du  gaz ou autres produits liquides » des hydrocarbures vers la France ou un autre  pays

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L’Algérie « n’a jamais exporté gratuitement du  gaz ou autres produits liquides » des hydrocarbures à ses clients, a affirmé hier  le vice-président des activités de commercialisation de Sonatrach, M. Ahmed El-Hachemi Mazighi, dans un entretien accordé à l’APS.

Questionné sur les informations publiées récemment par des médias sur de  prétendues exportations gratuites de gaz algérien vers la France, M.  Mazighi soutient qu' »il est impossible d’exporter gratuitement du gaz ou  n’importe quel produit liquide (d’hydrocarbures) vers la France ou un autre  pays ». « J’aimerais rappeler quelques principes en matière d’exportation. Pour  qu’une molécule d’hydrocarbures puisse quitter le sol algérien, il faut  qu’il y ait une déclaration douanière. La base de cette déclaration est  d’avoir un volume mesuré associé d’un prix. Sans déclarer le prix et le  volume, vous ne pouvez pratiquement rien exporter. Historiquement, on a  assisté à deux exceptions à cette règle: en 2004 où on devait exporter  temporairement notre brut vers nos capacités de stockage en Corée. Le brut,  dans ce cas, quittait l’Algérie avec une facture temporaire. La deuxième  exception concerne le processing du pétrole brut qu’on a entamé en 2018: on  transfère le titre de propriété à un client et vous êtes comptable d’un  bilan d’importation d’essence et de gasoil par la douane », souligne le même  responsable. Donc, résume-t-il, « à la question de savoir si le gaz algérien a été  exporté gratuitement vers la France, la réponse est NON ». De surcroît, le vice-président des activités de commercialisation de  Sonatrach relève que dans le domaine du gaz naturel, pour que les documents  contractuels puissent entrer en vigueur, ils doivent être approuvés par les  organes sociaux de l’entreprise et par les autorités publiques.  « Dans le domaine du gaz naturel, contrairement aux autres produits  liquides, les choses sont bien verrouillées. Pensez-vous que les organes  sociaux de l’entreprise ou les autorités puissent approuver un contrat ou  un avenant avec un prix égal à zéro? Ça ne s’est jamais vu », insiste-t-il. M. Mazighi note également qu’en vertu de la loi 05/07, « il est fait  obligation à Sonatrach de reporter mensuellement les prix à l’exportation  pour le gaz naturel, le GPL, les produits bruts ou raffinés. S’il y a un  quelconque doute en matière de prix, il y a toujours moyen d’auditer  Sonatrach à travers les rapports réguliers soumis à l’Agence nationale pour  la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Concernant les relations de l’Algérie avec le partenaire français en  matière de gaz, « il faut d’abord savoir que ce que nous lui exportons est  du GNL. Cette relation remontre à 1976. Cela fait l’objet de quatre  contrats: trois de ces contrats ont été signés en 1976 et le quatrième a  été signé en 1991. Sur les quatre contrats, deux ont expiré en décembre  2013. A l’heure actuelle, il n’en reste que deux contrats en vigueur: le  premier porte sur l’exportation de 3,5 milliards m3/an jusqu’à 2020, tandis  que le second porte sur un volume de 2 milliards m3/an jusqu’à 2020  également », explique-t-il. Ainsi, « depuis 1976, on a eu quatre contrats avec la France qui ont permis  d’exporter, jusqu’à maintenant, 390 milliards m3 de GNL, soit l’équivalent  de (7) sept années d’exportation de gaz » en prenant 2017 comme année de  référence, fait-il valoir. Selon lui, le volume de gaz exporté vers la France représente 10% du  portefeuille global des exportations gazières de Sonatrach, ajoutant qu' »il  n’y a pas une seule goutte qui n’a pas fait objet d’indexation au prix du  Brent. Tout le gaz a d’abord reflété la valeur du brut ».

« Les relations avec les partenaires se poursuivent de manière  normale »

Les relations de Sonatrach avec ses partenaires  « se poursuivent de manière normale », a déclaré hier le vice-président des  activités de commercialisation de la compagnie nationale des hydrocarbures,  M. Ahmed El-Hachemi Mazighi. Questionné sur les informations publiées récemment par des médias sur de  prétendues suspensions de signature d’accords par des partenaires de  Sonatrach, M. Mazighi a affirmé que « toutes les discussions que nous menons  des accords de confidentialité. Il est donc impossible de faire à la presse  des points de situations réguliers sur l’état d’avancement des discussions.  Cela ne nous empêche pas, pour autant, d’informer s’il y a des suspensions  ou décalages ». Dans ce sens, il ajoute que « ma réponse est très simple: quel est  l’intérêt d’une compagnie comme Exxonmobil de suspendre les négociations  avec Sonatrach? Donner une longueur d’avance à ses concurrents?! Ça n’a  aucun sens! » De surcroît, ajoute le vice-président des activités de commercialisation  de Sonatrach, « l’Algérie, c’est quand même le pays qui recèle les  troisièmes ressources de la planète en matière de gaz de schiste. Vous  pensez qu’une entreprise de l’envergure d’Exxonmobil a intérêt à suspendre  les discussions? Moi, je ne le pense pas ». « Nos relations se poursuivent de manière normale. D’ailleurs, en matière  d’engagements et de documents contractuels, j’ai été destinataire, en tant  que vice-président Activités commercialisation, d’un avenant de la part  d’Exxonmobil lundi dernier (18 mars 2019), concernant la commercialisation  des hydrocarbures. C’est la preuve concrète que ces gens-là continuent à  signer des engagements avec nous », affirme le même responsable.

 La Sonatrach  s’explique sur la baisse des exportations des hydrocarbures en janvier

 La baisse de 40% des exportations des  hydrocarbures de l’Algérie en janvier 2019 (des exportations de 2,14  milliards de dollars contre 3,6 milliards de dollars en janvier 2018)  s’explique par plusieurs facteurs, a souligné hier  le vice-président des  activités de commercialisation de Sonatrach, M. Ahmed El-Hachemi Mazighi. Selon lui, en janvier 2019, « il y a eu beaucoup de consignations  portuaires à cause du mauvais temps. Donc, énormément de cargaisons de  brut, de produits raffinés ou de GNL/GPL  sont passés du mois de janvier à  février ». « Il ne faut donc pas prendre en considération les chiffres de janvier  uniquement, parce que tous les produits liquides qui devaient être envoyés  par voie portuaires durant ce mois (janvier 2019) ont glissé vers février  2019 à cause de la fermeture des ports » pour des raisons météorologiques,  explique-t-il. A ce propos, il fait savoir que sur les deux mois de janvier et février  2019 cumulés, l’Algérie a exporté pour 6,086 milliards de dollars contre  6,630 milliards de dollars durant la même période de 2018. « Nous avons donc une baisse de 8% qui reflète la baisse des prix moyens  des réalisations de nos exportations: sur les deux premiers mois de 2018,  ce prix était de 68 dollars/Tonne d’équivalent pétrole (Tep) avant de  tomber à 62,7 dollars/Tep en janvier-février 2019. Le prix de Brent, qui  guide les prix de tous les hydrocarbures que nous exportons, a tout  simplement baissé légèrement », détaille le même responsable. Par ailleurs, poursuit M. Mazighi, « nous avons effectivement enregistré  une baisse des exportations de gaz par gazoduc. Il faut savoir que notre  gaz est destiné à 95% vers le marché européen qui est très saisonnier.  Généralement, le plus gros prélèvement se fait pendant l’hiver, alors qu’on  a vécu une saison hivernale exceptionnelle qui a été moins froide que  d’habitude en Europe du sud. En conséquence, nos clients ont énormément  réduit leurs commandes mensuelles, hebdomadaires et journalières. Nous  avons même ressenti ce phénomène sur le marché national. Nous avions alors  été obligés de réinjecter une part, de plus en plus importante, du gaz au  niveau du champ de Hassi R’mel ». Durant les deux premiers mois de l’année 2019, le volume des exportations  par gazoduc a chuté de 23% comparativement à la même période 2018, et ce,  en raison de la baisse de la demande des clients européens, soutient-il. En outre, explicite le même responsable, « les produits raffinés et le  pétrole brut jouent le rôle des vases communicants. Sur les deux premiers  mois de l’année 2019, on a exporté plus de brut par rapport à la même  période de 2018. Et en même temps, comme notre production est soumise aux  engagements avec l’Opep, il se trouve que la production des produits  raffinés s’est réduite ». L’autre facteur cité par M. Mazighi est qu’au niveau du budget 2019, « nous  avions prévu l’entrée en production de la nouvelle raffinerie d’Alger un  peu plus tôt que le 21 février (date d’inauguration effective). C’est un  décalage par rapport à nos prévisions d’exportation. Mais ce moins de  produits raffinés exportés a été plus de pétrole brut exporté ».

Synthese Yasmine Derbal / Ag