L’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA) a recensé plus de 1000 variétés de dattes, dont 766 sortes dans les régions sud-est et ouest du pays, présentant des propriétés physiques et biochimiques de qualité supérieure.
Dans ce cadre, le Dr Abdelkader Alam de la station d’expérimentation de Sidi Mahdi (Touggourt) relevant de l’INRAA, a souligné à l’APS que les statistiques révèlent l’existence de «plus de 1000 variétés de dattiers, dont le nombre varie d’une région à une autre». Les études menées par l’Institut dans certaines zones de culture de palmiers dans les régions sud-est et sud-ouest du pays ont permis de recenser 175 sortes de dattes dans la région de Oued Righ (Touggourt-Djamaa-El Meghaïer), 72 autres à Oued Souf, 114 variétés dans la wilaya de Ghardaïa (Ghardaïa-Beriane-El Guerrara-Ménéa), et 405 autres variétés dans les régions de Touat, Gourrara et Tidikelt. Le Dr Abdelkader Laaboudi de la station d’expérimentation de la wilaya d’Adrar a souligné, pour sa part, «qu’en plus de ces variétés, un nombre important de palmiers demeure sans nom, des dattiers dont l’apparition provient d’un croisement aléatoire». Bien que la plupart des variétés de dattes résultant de cette méthode ont des caractéristiques inappréciées, il est toujours possible de trouver de nouvelles sortes perfectibles par les spécialistes, notamment en ce qui concerne la résistance aux maladies comme la fusariose vasculaire du palmier (Bayoud). M. Laaboudi a également évoqué certaines variétés qu’on retrouve exclusivement dans la région de Gourara (Sud-ouest), dont Daghlet Telmine, Ahertane, Cheikh M’hamed, Timdoul, Tamjouhert, Abad, Tadmama, Aadam Boulah. Des variétés comme Aadam Touki, Kelmin Azerat et Filal Kelmine, présentent d’excellentes propriétés biochimiques et de très hautes proportions de sels minéraux et de sucres totaux, ce qui permet de faciliter le processus de conservation et de conditionnement, de réduire les coûts, tout en boostant leur commercialisation, a-t-il ajouté. Le chercheur a mis en exergue, par ailleurs, les caractéristiques d’autres variétés de dattes algériennes telles Bamekhlouf Rabha, Assian, Aadam Boukzin, Aadam Errahmane, Aadam Edahn, Aadam Daali, Aadam Erroub et Tin Zioui, «qui ont un bon goût lorsqu’elles sont consommées pendant la période de leur récolte, et qui peuvent être utilisées comme matière première pour la production de sucre liquide, de jus, d’alcool, de vinaigre et de levure». Cependant, ajoute-t-il, certaines variétés comme Aadam Tilmessou, Baouarif, Aadam Leklila, Temlalet, Temqour, Aadam Sti et Ouksir Titassou, à faible teneur en eau (variétés très sèches), peuvent être utilisées comme aliments de bétail pour remplacer les aliments concentrés importés.
Takerboucht, une variété résistant au Bayoud
Le Dr Laaboudi a cité une autre excellente variété de dattes propre à la région d’Adrar, «Takerboucht», qui présente des caractéristiques rarement retrouvées dans d’autres variétés, à savoir «un goût équilibré, une bonne conservation de la saveur même lorsqu’elle est consommée directement, pressée ou même moulue, en sus de sa résistance au Bayoud». Pour sa part, la chercheure Kaoutar Djaâfri de la station d’expérimentation de Sidi Mehri (Touggout), a expliqué que «les recherches sur la qualité des dattes ont montré, à travers une étude comparative (avec notamment Deglet nour) des propriétés physico-chimiques des sous-variétés, que ces dattes contiennent les principaux éléments nutritionnels (teneur en sucre, vitamines, sels minéraux)». L’examen des propriétés morphologiques et biochimiques des variétés rares de la région de Oued Righ, El Oued et Mizab à l’instar du Ghars, Tinissine, Tantbouchet, et Deglet Bidaâ, a révélé que «ces dattes se caractérisent par une excellente valeur nutritionnelle», a-t-il ajouté. Ces variétés molles (un taux élevé d’eau compliquant leur stockage) peuvent entrer comme matières premières dans la préparation de sucreries liquides, de jus, de vinaigre ou de levure, mais aussi dans la préparation de la pâte de dattes et dans bien d’autres produits alimentaires, a-t-elle expliqué. Mme Djaâfri a insisté par ailleurs sur l’importance des aspects marketing et emballage dans les stratégies de commercialisation de ces variétés, et la nécessité de développer l’industrie de transformation pour obtenir des produits de qualité favorisant l’accès des ces dattes aux marchés mondiaux.