Africaver sauvée de la faillite grâce au soutien de Ferrovial et Sider El Hadjar

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L’entreprise Africaver, filiale du groupe Enava, relevant du holding Algeria Chemical Specialities (ACS Spa), spécialisée dans la fabrication de différents types de verre et de silicate de soude solide et liquide, a été «sauvée» de la faillite en réhabilitant son four à fusion grâce à la collaboration humaine et matérielle des groupes algériens Ferrovial et Sider El Hadjar, a indiqué le PDG d’ACS, Abdelghani Benbetka.

Ce four à fusion a été réhabilité avec les moyens humains et matériels locaux pour un coût de 30 millions DA au lieu de 130 millions DA en cas où on aurait recouru aux partenaires étrangers. Ainsi, la reprise de la production du silicate de soude, qui contribue à hauteur de 65% du chiffre d’affaires de la filiale, est intervenue en août dernier, après un arrêt total en mars 2020, a souligné M. Benbetka, en rappelant que la maintenance de ce four, assurée auparavant par des techniciens étrangers, n’a pas pu être réalisée, vu la fermeture de l’espace aérien algérien aux vols internationaux. Ainsi, Africaver a réussi à intégrer la technologie de réfection de son four et lancera prochainement celle de deux autres fours de silicate de soude et de verre imprimé pour augmenter ses capacités de production, renforcer ses parts de marché et pénétrer le marché étranger. De plus, elle a en perspective de produire les vitrages pour les trains Coradia, en cours d’homologation par la société SNTF, mais aussi le verre pour les équipements électroménagers (cuisinières, chauffages, fours, plaques chauffantes et autres) déjà homologués par le groupe Condor, et en cours d’homologation par les sociétés Sonaric et Eniem, a avancé M. Benbetka. A noter qu’Africaver active dans le segment de verre de sécurité-vitrage automobile feuilleté et trempé, de verre architectural feuilleté et trempé pour bâtiment, de verre électroménager, de verre pour ameublement et verres spéciaux imprimés ainsi que le silicate de soude solide et liquide destinés à l’industrie chimique, (détergents, fonderie et céramique) et le traitement de sable.

Deux éventuels partenariats pour sauver l’ENAD de Sour El Ghozlane

Outre Africaver, M. Benbetka a fait savoir que Tonic Industrie et le groupe ENAD Sour El Ghozlane «se heurtent à des difficultés de trésorerie qui freinent la relance de leur activité». Il a expliqué, à ce titre, que le groupe ENAD/Spa, constitué d’une société mère et d’un complexe de détergents, est en «cessation de paiement» à cause de la saturation du marché des détergents «induit par les surcapacités de production des grandes multinationales» (Henkel, Unilever, Aigle El Hayat P&G ). La société mère détient 9 milliards de dinars de dette héritée de la privatisation de l’entreprise ENAD au profit de Henkel, «impossible à rembourser, a tel point qu’ACS a pris en charge 5 mois d’arriérés de salaires avancés par ce groupe», a-t-il confié. L’ENAD souffre également de lacunes sur le plan technique, avec des équipements «vétustes» et l’indisponibilité de pièces de rechange, a-t-il déploré, en signalant qu’«aucun investissement n’a été réalisé depuis 25 ans» par cette entreprise. M. Benbetka a précisé, à cet effet, que les fonds octroyés en 2012 par le CPE, d’un montant de 2 milliards de dinars, dans le cadre du plan de développement destiné au soutien de l’activité et à la mise à niveau des investissements, n’ont pas suffi en raison de la perte considérable des parts de marché. Le PDG d’ACS a indiqué que la réhabilitation juridique du complexe et la reprise de l’activité nécessitent «des fonds colossaux ne pouvant être supportés par le Trésor public». Cependant, le holding a reçu deux lettres d’intention pour l’acquisition d’actifs et/ou le développement de projets de partenariat au niveau du complexe de Sour El Ghozlane, a-t-il mentionné. Pour ce qui est de Tonic-Industrie, elle enregistre également une situation financière «déséquilibrée», mais dispose d’un plan de charge et d’une part de marché, a souligné M. Benbetka. Toutefois, elle nécessite «une restructuration profonde et un soutien fort de l’actionnaire», pour dépasser les problèmes environnementaux qui étaient à l’origine de sa crise et de sa situation précédente, à l’image de l’alimentation en énergie en période de pic, ou encore l’alimentation irrégulière en eau qui occasionnent des pertes et des manques à gagner énormes

Le plan de développement stratégique

 d’ACS fin prêt

Le plan de développement stratégique du Holding Algeria Chemical Specialities ACS/Spa, activant dans plusieurs domaines chimiques, sera très prochainement soumis à son assemblée générale en prévision de son approbation, avant sa mise en application, a indiqué son PDG, Abdelghani Benbetka. Ce plan, bien que retardé par les aléas de la pandémie Covid-19, a été discuté, d’abord, avec les premiers responsables des filiales relevant du holding ACS, avant d’être débattu au niveau du Conseil d’administration (CA) avec les experts chargés de son élaboration. Le plan stratégique vise à renforcer et mettre à niveau l’outil de production pour booster la productivité et promouvoir la production nationale des filiales d’ACS et augmenter leurs parts de marché, a expliqué le PDG du holding. Il vise également l’intégration économique avec le lancement, chaque année, de nouveaux produits de substitution à l’importation, en commençant par les industries les plus simples «pour aboutir à une production industrielle diversifiée». Il sera question, en outre, d’inciter les entreprises affiliées à ACS, à l’instar de Tonic, Socothyd, ENAP et ENPC, à l’exportation, notamment vers les pays africains, ou du moins se préparer à le faire dès que la situation sanitaire et de l’environnement économique régional le permettra. Le plan prévoit, de plus, la recherche de partenaires technologiques ou financiers de qualité, algériens ou étrangers, pour booster et améliorer la productivité des entreprises en portefeuille, mais aussi d’accompagner, restructurer ou réorganiser les entreprises se trouvant en difficulté, a souligné M. Benbetka. Tous ces axes seront «suivis d’orientations et de recommandations diverses qui seront déclinées d’une façon certaine et irrévocable au niveau des différentes filiales», a-t-il assuré. ACS Spa réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 27 milliards de dinars et emploie actuellement 8869 travailleurs. Elle active dans les domaines de la chimie, pharmacie et la parapharmacie. Pour la filière de la chimie, les activités du holding couvrent la production et la fabrication de produits d’emballage (sacherie, cartonnerie, récupération de papier), la fabrication de différentes gammes de verre et produits abrasifs, la production de détergents, de produits d’entretien et d’hygiène corporelle, la production de peintures, de vernis, encre, colles et dérivés ainsi que la distribution de produits chimiques. Quant à la filière pharmaceutique-parapharmacie, le holding active dans les domaines de la production de coton et d’articles d’hygiène, la distribution de détail des produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques et l’incinération des déchets de l’activité pharmaceutique. ACS gère un portefeuille hétérogène constitué de 4 groupes, à savoir Gipec (filière papiers et cartons), Enava (filière verres et abrasifs), ENAD (filière détergents, hygiène corporelle et entretien automobiles), ENPC (filière plastic et caoutchouc). Il a sous sa coupe six établissements publics économiques (EPE) : Tonic-Industrie (récupération, production et transformation du papier), ENAP (filière peintures), Socothyd (filière dispositifs pharmaceutique), Diprochim (filière distribution de produits chimiques), Endimed : filière distribution de médicaments et 3R Santé : filière récupération, revalorisation et incinération des produits chimiques.

139 produits de substitution à l’importation développés par les filiales d’ACS

Les filiales du holding Algeria Chemical Specialities (ACS Spa) ont développé 139 produits de substitution à l’importation depuis 2019, a indiqué son PDG, Abdelghani Benbetka. Dans le cadre de la politique de substitution à l’importation édictée par les pouvoirs publics, les filiales du holding ACS ont développé ces produits, autrefois importés, sur la demande des entreprises publiques mixtes et privées, et les commercialisent, après homologation, depuis 2019. M. Benbetka a cité comme exemples l’emballage agroalimentaire en verre, les kits et accessoires de composants en plastique pour l’électroménager, les butées isolantes, les semelles de rail et plaquette d’ancrage métallique pour l’industrie ferroviaire, les kits d’habillage pour motocycle et les bouchons pour compteur. Il a également énuméré les plaquettes d’ancrage métallique poulie en polyamide, le four solaire, les gougeons pour poids lourds, les tiges pour forage en plastique et caoutchouc, les défenses de bordage pour bateau, les housses en plastique pour emballage, les éléments de carrosserie en composite, l’agent mouillant pour blanchiment, le nettoyant et dégraissant moteur, le liquide de refroidissements -36, G12, G13, l’anti-freeze et le désinfectant surface. De plus, 16 produits sont en cours d’homologation et 36 autres sont en cours de développement. Le holding vise, par ailleurs, la promotion de l’exportation de ses produits vers le marché international, africain notamment, après la satisfaction des besoins du marché national. Ainsi, ces dernières années, et «en dépit des contraintes d’ordre administratifs, bancaires et logistiques», ACS a exporté vers plusieurs pays africains, à l’instar de la Gambie, la Mauritanie, la Tunisie, le Burkina Faso et le Niger, des produits relatifs à la peinture, au sac de ciment, au carton, alvéoles bobine, ouate et des dispositifs pharmaceutiques, a souligné son PDG. A titre d’exemple, l’entreprise Socothyd, à l’instar des autres filiales, a ciblé le marché africain pour placer ses produits notamment au Mali, à Madagascar et en Mauritanie, même si ses exportations, regrette-t-il, «connaissent une régression en raison du refus notifié par sa banque domiciliataire pour fournir la caution de garantie au profit de la banque de domiciliation de ses clients et le refus de certains clients étrangers de s’aligner au mode de paiement préalable par lettre de crédit».

Synthèse Moussa O./ Ag.