Afin d’éviter les incohérences dans la politique socioéconomique: Pour un grand ministère d’Etat chargé de la planification stratégique ou un grand département de l’économie

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«Les vérités qu’on aime le moins à apprendre sont celles que l’on a le plus d’intérêt à savoir»  Proverbe chinois.

Le président de la République est en colère, titre l’organe officiel APS le 22/02/2023, dénonçant  l’hydre bureaucratique qui touche certains ministères, wilayas et institutions de l’Etat et l’effritement du système d’information qui ne permet pas  le suivi régulier des projets avec des  déclaration contradictoires,  rendant urgent la comme je le préconise depuis  1995, la création soit d’un grand ministère  d’Etat chargé de la planification stratégique ou comme un grand ministère de l’Economie nationale.

1- À l’origine des surcoûts et des longs retards dans les réalisations,  figurent des études techniques non maîtrisées, des retards nécessitant des réévaluations excessives des coûts, un mode de financement favorisant le gaspillage des deniers publics et la corruption. Cela montre la non-maîtrise du suivi des projets et de la gestion de la dépense publique. Or, tout  projet doit montrer clairement la hiérarchie des objectifs, les résultats escomptés par secteur, ainsi que la portée, les indicateurs de performance, les indicateurs des objectifs et des échéanciers précis et enfin l’hypothèse de risques. Or, le  contrôle de la qualité de gestion doit avoir pour finalité l’appréciation des conditions d’utilisation et de gestion des fonds gérés par les services de l’Etat, les établissements et organismes publics et, enfin, l’évaluation des projets, programmes et politiques publics où souvent on constate  l’absence de maîtrise dans la gestion des projets qui font l’objet de surcoûts et de réévaluations permanentes, d’où la faiblesse de l’impact de ces projets en termes de rentabilité et de retour d’investissements. Les déficiences observées dans le processus budgétaire et les goulets d’étranglement institutionnels ont entraîné systématiquement une mauvaise exécution des programmes d’investissement. Toutes ces insuffisances ont abouti à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans la réalisation Parmi les carences importantes observées dans ce registre, le décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles, l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et celui de fonctionnement et les écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés. Ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes concernés. Les nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans la faiblesse de la préparation technique du personnel d’exécution et la qualité des projets qui sont généralement faibles et inégales et le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes.

2-Regardez toutes ces routes mal faites, alors que doit être exigé des garanties avant le paiement intégral,  sans parler des coûts exorbitants selon des sources officielles relatant les données des responsables (source  APS) de  l’autoroute Est-Ouest dont le coût a triplé depuis son lancement,  étant  estimé à   7 milliards  au début du projet, puis  à 9 milliards de dollars en 2010,  en 2013 un coût fin 2013  de 11 milliards de dollars, puis en 2019 à 15 milliards de dollars  et selon les dernières estimations avec les annexes à 20 milliards de dollars  fin 2023, début 2024.  Concernant le péage, selon différents ministres, il  devait se faire en 2015, puis en 2018, puis en 2020, puis en avril 2022, puis en juin 2023 et maintenant  selon l’agence APS, les travaux  devraient être finalisés début de 2024. Il s’agit  d’éviter, selon les données du Premier ministère reprises par l’APS fin 2021,  tous ces  assainissement répétés  des entreprises publiques (250 milliards de dollars durant les trente dernières années)  et les différentes réévaluations (entre 60/70 milliards de dollars durant les 10 dernières années) qui constituent un gouffre financier, sans compter selon une source de l’APS citant un responsable que pour les ex-projets de l’ANSEJ plus de 70%  n’ont pas  pu rembourser  les banques. En espérant que pour les crédits octroyés aux start-up on ne fera pas les mêmes erreurs. Qu’en est-il  de l’application de ces directives du président sur le terrain. Certains ont affirmé en 2022  que l’exploitation du fer de Gara Djebilet a commencé alors que les mêmes responsables annoncent  en février 2023, que les infrastructures  vont seulement être lancées en 2022/2023  et  comme rappelé par la majorité des experts le fer de Gara Djebilet ne pourra pas être commercialisé sans la réduction  de la haute teneur en phosphore. Autre communiqué officiel en 2022,  le tronçon du gazoduc  Nigeria-Europe-Algérie est en voie de réalisation et brusquement  on nous annonce en ce mois de février 2023, qu’il est  toujours à l’étude (source APS) et que pour le projet de zinc/plomb,  il ne sera pas opérationnel avant 2026. Où en sont  les grands projets structurants qui devaient voir le jour en 2022, du port de Cherchell, de l’exploitation du phosphate de Tébessa :  a t-on signé des contrats fermes avec des partenaires étrangers, une lettre d’intention n’engageant nullement l’investisseur, ou ces projets sont toujours à l’étude? Face au  processus inflationniste non maîtrisé, ce qui a poussé le président de la République à réagir fermement au dernier Conseil des ministres, avec   les mêmes pratiques du passé.  Comment aussi ne pas rappeler  vers la fin des années 1980 et après la grande pénurie que connaissait le pays après la crise de 1986, à l’ENTV où un ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres. Comment ne pas se rappeler également qu’un ministre vers les années 2002,  a déclaré officiellement  qu’en  Algérie, il n’y a pas de pauvres mais des nécessiteux  et cette  image de la télévision algérienne en 2015 où, à une question sur le taux de chômage, un ministre affirmera que les enquêtes donnent moins de 5%   au même niveau des pays développés  et qu’un journaliste lui répliqua : êtes-vous sûr de vos données ? Oui, répond le ministre. Ce à quoi, le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice, non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travailleur Certains responsables oublient  leurs déclarations passées, la population ayant une mémoire  avec comme  conséquence l’accélération du divorce Etat/citoyens accentué par l’effritement du système de la communication,  alors qu’avec Internet le monde est devenu une maison de verre,  où nous assistons à des déclarations contradictoires  des mêmes responsables à intervalles réguliers. Or, plusieurs Conseils de  ministres avec des directives précises  ont été consacrés à une meilleure maîtrise  des dépenses et de suivi des projets.

3- Nous assistons à  des  pénuries. Les expériences des pays développés montrent clairement  qu’une  balance commerciale excédentaire  en étouffant les entreprises pour leur fonctionnement  et le citoyen  confronté à des pénuries interminables avec des hausses de prix de 100 à 200% pour les produits  non subventionnés comme les  pièces détachées n’est pas signe de développement : c’est comme un ménage qui réduit sa consommation mais, mais  avec de tombeuses maladie. Allons voir le système financier dans son ensemble (banques, douanes, domaine, fiscalité) , et demander la délivrance d’un livret foncier et c’est le calvaire pour le citoyen ; aller faire un projet  et c’est les interminables négociations pour obtenir le terrain  viabilisé  et le financement. Consulter les citoyens  pour les logements, avec des méthodes de construction du passé, énergivores,  livrés  avec des malfaçons où les citoyens  refont les seconds œuvres  sur leur propre budget. Certains dans l’euphorie, épaulés par  certains soi-disant experts organiques pour reprendre la formule du philosophe italien Gramsci, ont avancé   10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures fin 2023, sans ventiler la structure  en valeur et en volume par produits et sans dresser la balance devises, devant soustraire le montant des subventions  et des matières premières importées en devises. Or,  en 2022,  selon les statistiques officielles de la douane 60/70% proviennent des dérivées d’hydrocarbures qui ont connu une flambée de prix au niveau international, donnant en additionnant les  hydrocarbures brutes, semi brut et les dérivées  98% des entrées en devises du pays. Certains ayant déformé les propos du président de la République qui s’en est tenu à des orientations, ont avancé le doublement  des exportations de gaz (100 milliards de mètres cubes gazeux) oubliant  qu’en  2022, la consommation intérieure approche les exportations actuelles, vers l’Europe pour 2023, étant entendu, sous réserves de certaines conditions réalisables  cela pourrait être entre 2025/2027. Certains ayant déformé les propos du président de la République qui s’en est tenu à des orientations, ont avancé le doublement  des exportations de gaz (100 milliards de mètres cubes gazeux), en 2023 alors que sous certaines  réserves,  cela pourrait être entre 2025/2027. Cela  est confirmé par le PDG de Sonatrach dans son interview du 23 février 2023 au quotidien gouvernemental Horizons, où il affirme que la vente de gaz   a été de 100 milliards de mètres cubes gazeux en 2022, dont seulement la moitié à l’export (50). Or, tenant compte  de l’accroissement de la consommation intérieure, du ratio international d’injection de 15/20% du gaz dans les  puits pour éviter leur épuisement, d’importants investissements, étant prévu 30 milliards de dollars pour l’amont et 10 pour les énergies renouvelables,  et du vecteur prix international, le 24 février 2023 le mégawattheure étant passé  sous la  barre de 50 dollars alors qu’au début du conflit  en Ukraine, étant déconnecté du prix du pétrole,  il avait atteint plus de 300 dollars,  la production nécessaire pour exporter 100 milliards de mètres cubes gazeux nécessitera une production entre 180/200 milliards de mètres cubes gazeux. Comme il faudra avoir une position nuancée  pour le projet GALSI qui devait être raccordé à la Corse,  d’un coût  évalué par Sonatrach en 2010 à 3 milliards de dollars, tracé complexe, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, l’Algérie étant prête,  projet que j’ai eu l’honneur de défendre  en 2012 lors  d’une visite en Italie, mais  devant avoir l’accord  des élus de la Sardaigne qui s’étaient opposé à ce projet (voir ma conférence  à la Chambre de commerce en Corse reproduit à la télévision française  France 3/ 2012). Idem, pour le projet Nigeria-Europe via l’Algérie d’une capacité de 32 milliards de mètres cubes gazeux évalué en 2020 par l’Union européenne à 20 milliards de dollars, contre une évaluation  que vers les années 1990 à 8/10 milliards de dollars; où il faudra avoir l’accord de l’Europe principal client. En conclusion, rendre plus efficace la gestion et lutter contre la corruption produit du cancer de la bureaucratie paralysante, s’impose une   planification stratégique, les plus grands planificateurs en ce monde incertain et en plein  bouleversement  étant actuellement les multinationales.  Il s’agit de ne pas confondre le tout Etat  (solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination) avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché, mais qui suppose un degré de compétences élevés pour réguler, en ce monde en perpétuel mouvement et dont les effets des tensions géostratégiques actuelles augurent de profonds bouleversements entre 2023/2025/2030.

  1. M.