L’organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty International, s’est insurgée contre les pratiques des autorités marocaines qui, en refusant aux réfugiés syriens bloqués à Figuig sur le territoire marocain, depuis avril dernier, la possibilité d’entrer en contact avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et de recevoir une aide humanitaire d’urgence, bafouent leurs obligations internationales en matière de protection des réfugiés.
« En refusant aux réfugiés syriens la possibilité d’entrer en contact avec le HCR, les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales. Ces personnes ont fui des massacres et des bombardements en Syrie et sont venues chercher la sécurité dans un autre pays, les autorités marocaines doivent leur accorder le droit de demander l’asile », a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
Ces ressortissants syriens, parmi lesquels figurent 10 enfants, sont bloqués depuis deux mois dans une zone tampon située sur le territoire marocain et ils ont jusqu’à présent survécu grâce à l’aide et aux denrées fournies de manière informelle par des habitants de Figuig, avec l’aide de la police des frontières marocaines, relève Amnesty International, ajoutant que cette aide s’est interrompue le vendredi 2 juin 2017 au matin.
« La police des frontières marocaine n’a, pour l’instant, autorisé aucun groupe marocain de défense des droits humains, ni aucune organisation humanitaire, y compris le HCR, à se rendre sur place », regrette l’organisation, rappelant que le HCR « n’est pas présent dans cette zone frontalière » et « n’est autorisé à enregistrer directement les demandeurs d’asile que dans un seul bureau situé à Rabat, capitale du Maroc ». Concernant l’état dans lequel se trouvent les réfugiés syriens, Amnesty International a fait savoir que « deux des syriens bloqués souffrent d’hypertension et un autre d’une maladie rénale, mais les autorités marocaines ne leur ont offert aucun soin et ne leur ont pas permis de rencontrer les médecins qui accompagnaient les organisations marocaines de défense des droits humains qui ont tenté de se rendre sur place ».
« Les réfugiés dorment dans des abris de fortune, qui ne les protègent guère des insolations dans une région où les températures peuvent atteindre 45 degrés, ni de la menace des attaques de serpents », dénonce l’organisation de défense des droits de l’homme, soulignant « qu’au lieu de renvoyer de force les réfugiés syriens dans une zone tampon aride et désertique, où leurs conditions de vie se dégradent, les autorités marocaines doivent de toute urgence leur apporter une aide humanitaire et autoriser les organisations humanitaires à se rendre sur place pour évaluer leurs besoins ».
« Les autorités marocaines ne doivent pas mettre en danger la vie des réfugiés en les laissant piégés à la frontière dans des conditions difficiles et sans aide humanitaire. Elles doivent immédiatement leur permettre d’entrer dans le pays et d’exercer leur droit de demander l’asile auprès du bureau compétent du HCR au Maroc », affirme Amnesty International.
Pour rappel, l’Algérie a décidé de lever provisoirement le dispositif mis en place pour l’accueil et la prise en charge de ce groupe de ressortissants syriens et regretté qu’en dépit de toutes les dispositions prises pour accueillir ces personnes, le HCR n’ait pas été en mesure d’aboutir à une solution.
« Dans le cadre de la mise en œuvre de la décision des plus hautes autorités algériennes d’accueillir, à titre exceptionnel et humanitaire, à la demande du HCR le groupe de ressortissants syriens bloqués à Figuig en territoire marocain depuis le 17 avril dernier, le gouvernement algérien a dépêché sur place à Béni-Ounif une délégation officielle chargée de l’accueil, à laquelle s’est joint le représentant du HCR en Algérie, Hamdi Boukhari », avait affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif.
« Un dispositif spécial a été mis en place et les moyens humains et matériels adéquats ont été mobilisés pour assurer l’hébergement, dans des conditions décentes et prodiguer les soins nécessaires conformément aux traditions d’hospitalité du peuple algérien au groupe en question », avait-il ajouté, soulignant qu' »en dépit de toutes les dispositions prises pour accueillir ce groupe de migrants, le HCR n’a pas été en mesure d’aboutir à une solution ». Il avait relevé que « devant cette situation regrettable, l’Algérie se voit contrainte de lever provisoirement le dispositif mis en place pour leur accueil et leur prise en charge et ce, dans le respect des règles et de la pratique internationales en la matière ».