Affaire de l’enregistrement sonore: Quand la Justice s’en mêle…

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Une fois, un conducteur, pas plus imprudent que la majorité des automobilistes que l’on croise sur la route, a été arrêté par un agent de la circulation, pour ne pas avoir marqué un stop.

Le policier l’a aussitôt verbalisé tout en lui retirant son permis de conduire. Pour sa défense, le «malheureux» conducteur a tenté de convaincre le représentant de l’ordre en lui expliquant que ce stop est rarement respecté. «Vous pouvez faire le constat vous-même, regardez toutes ces voitures qui passent devant ce stop sans s’arrêter», lui dit-il. L’agent, sans état d’âme, lui a rétorqué qu’il ne peut pas verbaliser tout le monde. Une manière non avoué de reconnaître que c’est tombé sur lui, comme cela aurait pu tomber sur un autre. On imagine un peu la frustration chez le pauvre automobiliste, mais elle n’est rien comparée à celle du directeur général de l’ESS, Fahd Halfaia qui se retrouve, depuis dimanche soir, en détention provisoire dans une affaire de marchandage présumé de matches. Il aura fallu que ça tombe sur lui aussi, alors que ce genre de pratique malhonnête et condamnable s’est ancrée dans les mœurs au point de devenir une seconde nature dans le milieu du football, chez nous.

Des décennies durant, les matches s’achetaient et se vendaient au vu et au su de tout le monde et en toute impunité. Cependant, il fallait bien y mettre un terme un jour. Et justement, ce jour est peut-être arrivé. Cela aurait pu arriver la saison dernière avec un cas similaire ayant opposé le président de la JSK, Cherif Mellal à l’ex-manager du CSC, Tarek Arama. Comme elle aurait pu arriver, il y a deux, cinq ou dix ans, tellement des scandales pareils ont entaché le déroulement du championnat local tout au long de son histoire. Évidemment, les supporters de l’ESS peuvent se sentir visés et crier au complot, puisque c’est leur Directeur général qui se retrouve sous les verrous, alors qu’il n’est pas plus véreux que la majorité des dirigeants des autres équipes. Faut-il alors déterrer les anciens dossiers de corruption classés sans suite ou étouffés ? Ils sont tellement nombreux que l’on peut en oublier beaucoup. Il faut rappeler aussi que certains responsables des ces affaires de corruption ne sont plus de ce monde. Ils ont emporté leurs secrets avec eux. Il est plus utile alors de penser à l’avenir et profiter, pour une fois, de l’implication de l’Etat, à travers sa machine judiciaire, pour éradiquer à jamais ce fléau qui a longtemps gangrené le football algérien. Seul en effet, une volonté politique réelle peut en venir à bout, comme vient de le rappeler le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid-Ali Khaldi.

C’est la première fois qu’une affaire de corruption dans le football arrive au niveau du bureau d’un juge d’instruction et des suspects sont mis en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire. La machine est en branle et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Le plus beau est à venir. Désormais, les tricheurs réfléchiront à deux fois, avant de penser à arranger le résultat d’une rencontre. Le jeu se resserre pour tout le monde et c’est tant mieux pour la crédibilité de notre football. Les instances sportives sont obligées de suivre cette marche forcée vers la réhabilitation, même si les observateurs s’étonne du silence de la FAF qui jusqu’hier n’a pas réagi à la mise en détention de Fahd Halfaia et du manager Nassim Saâdaoui. Il faut dire que dans le milieu footballistique, tout le monde ou presque tient son ventre. Car ce que l’on craint le plus à présent, c’est le grand déballage, surtout maintenant que la boîte de Pandore est ouverte.

Ali Nezlioui