Le conflit opposant actuellement la FAF à l’ancien sélectionneur national, Lucas Alcaraz, critiqué par la presse et sur les réseaux sociaux, nous renseigne sur les rapports contractuels souvent ambigus et imprudents qui lient chez nous les employés à leurs employeurs.
La particularité et la singularité du monde de football est prise avec une légèreté déconcertante qui peut être assimilée à de l’inconscience et à de l’irresponsabilité. Au moment de la signature du contrat de travail l’on ne prend pas beaucoup de précaution, ni assez de recul pour se «couvrir» en cas d’une rupture unilatérale dudit contrat. Aujourd’hui, seuls ceux qui s’entourent de conseillers juridiques compétents s’en tirent à moindre frais. Or, chez nous, les signatures des contrats se font souvent en catimini. Dans la majorité des cas, le président s’occupe seul de la transaction pour des considérations liées à la discrétion et au secret. Le fait aussi que l’on hâte d’en finir pour répondre à une demande pressante et urgente, nous fait tomber dans une précipitation coupable. Quand on a affaire à un interlocuteur rompu pour ce genre de tractations, l’on se retrouve en cas de conflit, en manque d’arguments pour défendre sa cause. Le problème se pose généralement avec les joueurs et entraîneurs étrangers qui n’hésitent pas à recourir aux instances internationales pour obtenir leurs droits comme stipulés dans leurs contrats, mettant ainsi leurs employeurs dans l’embarras. Ces derniers sont souvent contraints de passer à la caisse, car la Fifa ne badine pas avec ce genre de dépassements. Mais pourquoi doit-on en arriver à cette mesure extrême ? Il faut dire que l’on n’a jamais appris de nos erreurs. La FAF qui doit donner l’exemple, a démontré avec cette affaire Alcaraz, qu’elle est un mauvais élève. Que dire alors de nos clubs dont les cas similaires s’entassent au niveau de la commission du statut du joueur de la Fifa. Tous les jours ou presque l’on apprend qu’un tel club est poursuivi par son ancien joueur et qu’il doit le payer une coquette somme. C’est devenu même monnaie courante. Il va sans dire que ce genre de publicité nuit énormément au football algérien à l’international. Une réputation de mauvais payeur qu’il traîne désormais et celle, plus grave encore, de ne jamais respecter les clauses d’un contrat. Ce dernier doit être honoré en toutes circonstances. Si l’on ne peut pas le faire, on ne doit pas s’engager dans cette voie. Mohamed Raouraoua, le prédécesseur de Kheireddine Zetchi à la tête de la FAF, avait à son époque interdit le recrutement des joueurs étrangers après avoir constaté justement que les clubs algériens ne pouvaient plus honorer leurs engagements. Une solution extrême qui avait déplacé le problème, mais ne l’a pas réglé pour autant. Les solutions radicales n’ont jamais été la panacée.
Il faut plutôt contraindre les dirigeants à se montrer responsables et les accompagner juridiquement et moralement pour ne pas tomber dans ce genre de travers. Les ruptures de contrat doivent être l’exception et il faut savoir les traiter à l’amiable pour éviter d’en arriver au TAS de Lausanne. Malheureusement, la FAF na pas su le faire. Du coup, elle se trouve aujourd’hui en mauvaise posture et attaquée de toutes parts.
Ali Nezlioui