Face aux nouvelles mutations mondiales: La nécessaire transition énergétique pour l’Algérie

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«L’Algérie parie sur la transition énergétique et sa  souveraineté énergétique est une ligne rouge».

C’est un constat lucide avec des propositions concrètes,  posant la problématique de la nécessaire transition énergétique pour l’Algérie, tant pour remplir  ses engagements internationaux que pour couvrir ses besoins internes croissants et pallier les   impacts négatifs  du réchauffement climatique qui menace l’humanité car le climat mondial est un vaste système interconnecté.

1- C’est que le monde connaît un bouleversement inégal depuis des siècles d’un côté, pluies diluviennes, inondations de l’autre côté, sécheresse et incendies avec une sécheresse maximale des inondations dévastatrices, des canicules terrestre et maritime, des tempêtes et ouragans, et la remise en cause de la biodiversité avec de nombreux morts et blessés humains et animaux. Pour réduire les coûts, impossible à supporter les Etats à terme où selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), une «transition énergétique pourrait entraîner une hausse de 2,5% du PIB mondial à l’horizon 2050. C’est dans ce contexte hautement stratégique que s’impose une action collective pour la transition énergétique qui a été débattue le 23 octobre 2022 avec des experts internationaux où j’ai eu l’honneur d’y participer sur la chaîne parlementaire où j’ai mis en relief que l’Algérie consciente de ce phénomène qui menace les générations futures et donc la sécurité nationale, a consacré plusieurs conseils des ministres en 2022  avec des conséquences négatives sur l’agriculture et le problème d’approvisionnement en eau avec le risque d’augmentation de la facture alimentaire.  Lors de l’importante émission à la télévision de l’Assemblée française LCP, sur l’impact du réchauffement climatique et la sécurité mondiale qui a été diffusée le lundi 31 octobre 2022, en présence de Brice Lalonde, ancien ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ex-sous-secrétaire général de l’ONU, coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), le professeur Hervé Le Treut, spécialiste de la simulation numérique du climat, membre de l’Académie des sciences, professeur à l’École polytechnique et à la Sorbonne, Fabienne Keller, députée européenne, ex Maire de Strasbourg diplômée de l’Université de Californie, Ecole polytechnique, de Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine, EELV, je suis intervenu pour mettre en relief la stratégie algérienne contre le réchauffement climatique.

2-Le problème de la sécurité alimentaire est posé, pas seulement pour l’Algérie, renvoyant à la maîtrise de la gestion  de l’eau, où j’ai  tenu à rappeler l’importance de la nappe de l’Albien, une des plus grandes nappes d’eau souterraine au monde, environ 50 000 milliards de mètres cubes, étant à cheval sur trois pays, l’Algérie, la Libye et la Tunisie. 70 % de la nappe se trouvant en territoire algérien au sud-est du pays. Cependant, excepté certaines régions comme El Goléa contenant de l’ eau douce) la majeure partie du Sud c’est de l’eau saumâtre, nécessitant des unités de dessalement et un coût croissant en fonction de la profondeur de l’extraction, devant éviter un épuisement de cette nappe non renouvelable, afin d’éviter de briser l’écosystème. La solution la moins coûteuse adoptée par l’Algérie est un investissement massif dans les unités de dessalement de l’eau de mer, l’eau étant la source de la vie devant éviter des calculs purement monétaires,  devant privilégier le  bien-être collectif.  Dans ce cadre, l’Algérie a adopté un plan ambitieux contre le réchauffement climatique du fait qu’elle a connu, au cours du siècle dernier, une augmentation de température de 0,3°C par décennie ainsi qu’un déficit de pluie de 15%. Les impacts principaux du changement climatique se traduisent par une pénurie des ressources hydriques, la dégradation de la qualité de l’eau, l’intrusion des eaux marines au niveau des nappes aquifères et la détérioration des infrastructures, causée principalement par les inondations. L’Algérie s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique où en 2015, elle a ratifié l’Accord de Paris sur le climat (COP21). Bien avant, en juin 1992, l’Algérie a signé la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’a ratifiée en juin 1993, ayant participé à la Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 25), qui s’est déroulée à Madrid (2-13 décembre 2019. Le plan de relance de l’économie verte a pour objectif d’encourager le recyclage et de promouvoir les industries de transformation écologiques à travers la mise en place des incitations fiscales pour les sociétés industrielles qui s’engagent à réduire l’émission de gaz et de déchets chimiques. Dans le domaine du torchage du gaz, les efforts déployés ont permis de baisser les gaz brûlés de 500 millions de m3 durant l’année 2020-2021. Le groupe pétro-gazier national, Sonatrach, dans l’initiative Zéro Routine Flaring by 2030, rentre dans le cadre de la stratégie lancée en 2015 par le secrétaire général des Nations unies et le président du groupe de la Banque mondiale visant à mettre fin au torchage systématique de gaz d’ici à 2030. Récemment, l’Algérie a mis en place un Plan national Climat 2020-2030 portant sur 155 projets pour la réduction des émissions du gaz à effet de serre, l’adaptation avec les impacts négatifs des changements climatiques et l’accompagnement de la gouvernance climatique. L’Algérie  s’est engagée à réduire de 7 % de ses émissions des gaz à effet de serre, avec pour objectif, 22 % d’ici à 2030 afin de s’adapter si elle aux changements climatiques, comme la relance du projet du Barrage vert en vue de son expansion à une superficie de 4,7 millions hectares durant les prochaines années (Voir Pr A. Mebtoul –  Conférence  donnée le 08 juin 2021 à Alger, devant les représentant des pays de l’Union européenne –ambassadeurs, attachés économiques et politiques-qui est le prolongement de la conférence donnée le 19 mars 2019 à l’invitation de l’Ecole supérieure de guerre (MDN), et le même jour à l’invitation de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à son siège, Alger,  devant les attachés économiques de la majorité des ambassades accrédités à Alger, L’Algérie face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales)

3- C’est dans ce cadre que  rentre la  politique de la transition énergétique en Algérie articulée autour de huit axes. Le premier axe est l’amélioration de l’efficacité énergétique devant revoir les méthodes de construction selon les anciennes normes qui exigent de forte consommation d’énergie, alors que les techniques modernes économisent 40 à 50% de la consommation. Une nouvelle politique des prix s’impose renvoyant à une nouvelle politique des subventions ciblées, les subventions généralisées, injustes, occasionnant un gaspillage des ressources. Le deuxième axe, est relatif à l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde, Sonatrach ayant une expérience internationale. Cela implique la débureaucratisation pour l’attrait de l’investissement étranger dans le cadre d’un partenariat gagnant- gagnant à des coûts compétitifs, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables.

Le troisième axe est lié au développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire. Mais le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW, dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation, d’ici à 2030, l’objectif étant de produire 40% des besoins internes en électricité à partir des énergies renouvelables alors qu’en 2021, cela représente seulement 1% donc nécessitent d’importants financements et une nette volonté politique de développer cette filière. Le quatrième axe, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013/2021, selon laquelle l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes,   de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d’une capacité de 1000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans. Le cinquième axe, selon les études américaines, l’Algérie possède le troisième réservoir mondial de pétrole-gaz de schiste, environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais cela nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies et des partenariats avec des firmes de renom (voir étude réalisée sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach : gaz de schiste, opportunités et risques et la nécessaire transition énergétique 8 volume 780 pages premier ministère 2015). L’Algérie est un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique, doit être opéré,  un arbitrage entre la protection de l’environnement et la consommation d’eau douce, 1 milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce. Par ailleurs, l’on doit forer plusieurs centaines de puits pour 1 milliard de mètres cubes gazeux en tenant compte de la durée courte de la vie du puits, 5 années maximum et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant les nappes phréatiques non renouvelables. Le sixième axe, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait relié à la Corse et qui devait être mis en service en 2012, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux d’un coût estimation de 2010 de 3 milliards de dollars, (voir conférence du Pr Mebtoul à la Chambre de commerce en Corse reproduite par la télévision française France 3 où j’avais lors d’un déplacement en Sardaigne défendu ce projet ). Le septième axe, est la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via Niger l’Algérie, pas de contrat définitif, actuellement que des lettres d’intention, les réserves du Nigeria avoisinant 5000 milliards de mètres cubes gazeux, d’une capacité de 33 milliards de mètres cubes gazeux d’un coût estimé par une étude de 2020 de l’Union européenne, à 20 milliards de dollars contre 30 milliards de dollars pour celui passant par le Maroc. La rentabilité du projet Nigeria-Europe suppose quatre conditions : la première concerne la mobilisation du financement ; la deuxième concerne l’évolution du prix de cession du gaz ; la troisième condition est liée à la sécurité et aux accords avec certains pays, le projet traversant plusieurs zones alors instables ; la quatrième condition est l’accord de l’Europe principal client qui selon une récente déclaration, début janvier 2023 de la commission européenne, ce dossier n’est pas à l’ordre du jour pour l’Europe dont la demande future sera déterminante ainsi que la concurrence qui influe sur la rentabilité de ce projet. Le huitième axe, est le développement de l’hydrogène vert où l’Algérie présente des avantages comparatifs, en attendant l’opérationnalité des techniques qui ne sont pas encore mises au point, les allemands étant en avance dans la recherche, étant l’énergie de l’avenir entre 2030/2040.

En conclusion, le monde connaît un bouleversement  inégal depuis des siècles, d’un côté  pluies diluviennes, inondations  de l’autre côté,  sécheresse et incendies. Le réchauffement climatique n’est pas une  vue de l’esprit. Étant une question de sécurité mondiale, les  dirigeants sont appelés à avoir une autre gouvernance. 

A. M.