Le secteur bancaire algérien a joué un rôle clé, depuis le recouvrement de la ouveraineté nationale, dans le développement économique du pays, en s’appuyant sur un réseau d’agences en constante extension, des produits de plus en plus diversifiés et une modernisation des systèmes de paiement à l’ère de la digitalisation et du numérique.
Dès les premières années de l’indépendance, l’Algérie s’était engagée pleinement dans le processus d’établissement de la souveraineté nationale sur le secteur financier et bancaire, en créant la Banque centrale d’Algérie et la monnaie nationale, le Dinar algérien, actions considérées alors comme indispensables pour le développement du pays et de son économie. Dans cet esprit, il a été décidé de mettre en place la Caisse algérienne de développement (CAD) en tant qu’institution de financement de l’effort de développement et la Caisse nationale de l’épargne et de prévoyance (CNEP) avec pour mission la mobilisation de l’épargne populaire en vue de financer le logement. Après avoir franchi cette étape, les autorités publiques de l’époque avaient maintenu cette dynamique en procédant à la nationalisation de toutes les banques étrangères entre 1966 et 1968, aboutissant à la naissance à trois banques publiques, à savoir la Banque nationale d’Algérie (BNA), le Crédit populaire algérien (CPA) et la Banque extérieure d’Algérie (BEA). Le tissu des banques étatiques avait été renforcé par la suite à travers la création de la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) et la Banque de développement local (BDL), permettant à l’Etat de disposer de six banques. Mais, après la crise pétrolière de 1986, cet élan de développement du secteur avait été marqué par un processus de restructuration. Au même titre que les entreprises nationales, les banques publiques ont été concernées par les dispositions de la loi N° 88-01 du 12 janvier 1988 relative à l’orientation des entreprises publiques économiques (EPE). Outre le processus de restructuration engagé durant cette période, les autorités du pays ont décidé d’ouvrir le secteur bancaire et financier aux capitaux privés nationaux et étrangers, dans le cadre de la loi N° 90-10 du 14 avril 1990 relative à la Monnaie et au Crédit. Cette politique avait abouti à l’implantation de plusieurs banques et établissements financiers internationaux ayant réussi à prendre des parts de marchés et devenir parmi les acteurs de financements des projets d’investissements sur la place d’Alger. L’Algérie compte aujourd’hui 27 institutions inscrites sur la liste des banques et établissements financiers. Il s’agit de vingt banques universelles, dont six banques publiques, et quatorze banques privées à capitaux étrangers, filiales ou succursales de grandes banques internationales, et de sept établissements financiers (dont trois sociétés de leasing), disposant d’un total de près de 1700 agences bancaires à travers le territoire national. Les établissements financiers sont répartis entre trois établissements publics dont une société de leasing et quatre établissements privés, dont deux sociétés de leasing, tandis que l’activité de la mutuelle qui a pris le statut d’établissement financier est intégrée à celle des établissements financiers à partir de 2010.
Des réformes initiées pour un secteur bancaire performant et moderne
L’Etat avait engagé une série de réformes ayant permis de renforcer la stabilité et la rentabilité du secteur financier et bancaire, et du marché du crédit, avec la modernisation des systèmes d’information et de paiement pour améliorer la qualité des services bancaires. Ces efforts ont donné lieu au développement de l’octroi de crédit pour le financement des besoins des particuliers, notamment les crédits immobiliers et à la consommation, offerts aux ménages afin d’accéder à des biens divers et à la propriété. Dans le domaine du financement de l’investissement, les crédits à l’économie ont nettement évolué, pour atteindre plus de 10.000 milliards de dinars à juin 2022. Les efforts déployés en matière de développement du secteur et de diversification de l’offre ont également permis de lancer la finance islamique en Algérie, qui devrait aider à capter d’importants fonds et d’accélérer l’inclusion financière à l’échelle nationale. Parallèlement, les banques publiques se sont mobilisées ces dernières années pour ouvrir des succursales à l’étranger, notamment en Europe et en Afrique, de manière à se rapprocher de la diaspora et des milieux d’affaires, en sus de nombreuses actions menées pour la densification et la modernisation du réseau à travers la numérisation et la digitalisation des systèmes de paiement. Dans ce cadre, plus de 16 millions de cartes de paiement avaient été remises aux clients entre le réseau d’Algérie Poste et le réseau bancaire, alors qu’un objectif d’installer 8000 distributeurs automatiques billets (DAB), l’équipement d’un million de commerçant en Terminaux de paiement électronique (TPE) ont été fixés d’ici l’année 2024. L’objectif des réformes concrétisées ces dernières années et celles envisagées est de permettre au pays de disposer d’un secteur bancaire et financier performant, moderne et accessible, de sorte à améliorer son attractivité et accroître sa contribution au développement de l’économie nationale, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
La création d’une banque dédiée au secteur d’habitat via la transformation de la Caisse nationale du logement (CNL) en institution financière dédiée à l’habitat vient aussi confirmer la détermination affichée par les pouvoirs publics à développer ce secteur stratégique et à offrir de nouvelles opportunités de financement, aussi bien aux investisseurs qu’aux particuliers.
Et en vue de s’adapter aux derniers développements en la matière et de mieux répondre aux exigences de l’heure, une révision profonde de l’Ordonnance de 2003 relative à la monnaie et au crédit a été récemment introduite, afin d’adapter le développement de l’environnement bancaire à la transition économique, financière et technologique que connait l’Algérie. Outre les nouvelles prérogatives conférées aux Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) lui permettant d’accompagner les transformations que connait l’écosystème bancaire, cette loi a introduit, notamment la finance islamique, la finance verte, ainsi que la monnaie numérique de la Banque centrale, le «dinar numérique algérien».
Moussa O. /Ag.