La proposition algérienne prônant la mise en place d’un mécanisme africain de réponse aux catastrophes naturelles, entérinée en 2022, confirme une nouvelle fois le rôle pionnier de l’Algérie et son souci permanent s’agissant de l’immunisation du continent face aux aléas de la nature, devenus de plus en plus «agressifs» et «imprévisibles».
Initiée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la proposition visant à créer une Force civile continentale contre les catastrophes en vue d’assurer une prise en charge efficace et en temps réel, et d’apporter l’appui nécessaire aux pays africains touchés, a été d’abord adoptée à l’unanimité par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) lors de sa réunion tenue au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement par visioconférence en octobre 2021. L’initiative algérienne, qui a été entérinée ensuite en mai dernier par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA à Malabo (Guinée équatoriale), figure parmi les mesures phares adoptées à travers la Déclaration politique du Sommet humanitaire extraordinaire de l’instance continentale, en vue de relever les défis humanitaires que constituent notamment le changement climatique et les catastrophes naturelles. A travers ce mécanisme, le continent africain sera en mesure de «soutenir les solutions africaines aux problèmes du continent». En d’autres termes, il va pouvoir se prendre lui-même en charge. Dans ce cadre, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, avait affirmé, lors de sa participation à la Réunion internationale de haut niveau sur l’environnement «Stockholm+50», tenue en juin dernier dans la capitale suédoise, que l’Algérie allait prendre en charge financièrement la première réunion dédiée à la mise en place dudit mécanisme, appelant la communauté internationale à soutenir et appuyer la création d’une Capacité civile continentale de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles en Afrique. C’est dans ce contexte que l’Algérie a abrité, octobre dernier, la 18e session du Groupe de travail africain sur la réduction des risques de catastrophes, marquée par l’adoption à l’unanimité de la proposition de l’Algérie pour la création d’un mécanisme régional contre les risques majeurs, et l’émission d’une dizaine d’autres recommandations. Dans le même souci, l’Algérie a accueilli durant le mois de décembre la réunion des chefs de la Protection civile et de la gestion des risques de catastrophes de l’UA, consacrée à la création d’une Capacité civile continentale de préparation et de réponse aux catastrophes en Afrique. Présidant l’ouverture de cette réunion, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a affirmé que l’initiative du président de la République était «le meilleur moyen» pour atténuer les crises induites par les risques majeurs.
La proposition algérienne tombe à point nommé
Le ministre a estimé qu’il était «insensé qu’un Etat africain sollicite l’aide d’un pays d’un autre continent en cas de catastrophe naturelle, alors que de nombreux pays voisins disposent de moyens et d’expérience pour faire face à cette situation». Cette réunion a pris fin avec l’approbation des représentants des 36 pays participants d’une feuille de route à même de créer un mécanisme africain de préparation et de réponse aux catastrophes avant la fin de 2024. Le délégué national aux risques majeurs au ministère de l’Intérieur, Hamid Afra, s’est félicité que la concrétisation du projet proposé par le Président Tebboune représente «un acquis pour l’Algérie et pour tous les Etats africains». Selon nombre d’experts et de météorologues, cette initiative tombe à point nommé en ce sens qu’«elle répond aux alertes que ne cesse d’émettre l’ONU à l’endroit des pays du monde entier, afin de se doter de tels mécanismes pour pouvoir prévenir les aléas de la nature, plus que jamais violents et destructeurs». À cet égard, il y a lieu de rappeler que le dernier rapport de l’ONU émis à l’occasion de la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes, correspondant au 13 octobre de chaque année, a fait ressortir que «la moitié des pays du monde ne sont pas préparés aux catastrophes, faute de posséder des systèmes d’alerte précoce multirisques qui permettent d’anticiper plusieurs types de désastres». «Des populations entières sont prises de court par des catastrophes climatiques en cascade, car il n’y a aucun dispositif permettant de les prévenir», a déclaré le chef de l’ONU, Antonio Guterres, dans un discours à cette occasion, notant que cet état de fait est «le résultat d’un manque d’investissement dans la protection de la vie et des moyens de subsistance de personnes qui sont en première ligne». «Les pays en développement sont encore moins bien lotis alors même qu’ils se trouvent en première ligne du changement climatique», ont alerté, de leur côté, le Bureau pour la réduction des risques de catastrophes et l’Organisation météorologique mondiale. En Afrique, les catastrophes naturelles et l’incapacité de les prévenir ont endeuillé des milliers de familles et poussé plusieurs d’autres millions à l’exil forcé en 2022.
Houda H.