En visitant hier une exposition des entreprises algériennes organisée à l’occasion de la tenue du second forum d’affaires Algérie-Union européenne sur l’énergie, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a appelé les entreprises algériennes investies dans le domaine des énergies renouvelables à redoubler d’efforts pour augmenter les capacités de production locale pour réussir la transition énergétique, assurant que le pays dispose de potentialités lui permettant de réduire la consommation des hydrocarbures pour dégager des surplus à l’exportation.
Benabderrahmane a exhorté les entreprises algériennes issues des secteurs public et privé à travailler ensemble pour rehausser la production énergétique à base du renouvelable, notamment le solaire, rappelant que l’Algérie disposait d’une capacité d’énergie solaire de 3000 heures par an. Le Premier ministre a invité également les dirigeants des entreprises et les responsables d’institutions en charge du secteur énergétique à faire appel aux compétences nationales, précisant que «le pays dispose d’un capital humain hautement qualifié dont des techniciens, des ingénieurs et des universitaires devant être sollicités pour exploiter les énergies renouvelables au niveau national et pour l’exportation». En sillonnant les stands des entreprises ayant participé à cette exposition, le Premier ministre a reçu des explications et a assisté à des présentations détaillées sur les projets lancés dans les ENR et les composants nécessaires à ce secteur produits localement. A ce propos, il a insisté sur l’amélioration du taux d’intégration et le partenariat avec des entreprises étrangères ayant le savoir-faire et l’expérience dans ce domaine. Au cours de cette visite, M. Benabderrahmane a écouté une présentation des projets réalisés par le groupe Sonatrach, notamment sur les investissements entrepris dans le domaine de l’efficacité énergétique. À ce propos, le PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures, Toufik Hakkar, a fait savoir que le groupe à tracé un plan sur une période de 5 ans visant à réduire la consommation énergétique et instaurer l’efficience énergétique au niveau des installations. Selon M. Hakkar, Sonatrach a formé 200 auditeurs énergie et la consommation énergétique affectée à la production a été réduite de 10%. Dans le domaine du torchage du gaz, les efforts déployés ont permis de baisser les gaz brûlés de 500 millions de m3 durant l’année 2020-2021, a-t-il indiqué, assurant que d’autres projets seront engagés pour réduire davantage les gaz brûlés en collaboration avec l’Agence spatiale algérienne. Le PDG de Sonatrach a fait savoir également que l’objectif de la réduction de la consommation énergétique visait à économiser du gaz afin de l’orienter vers le marché extérieur.
Le programme de production de 1000 MW à partir du solaire «sera lancé et réalisé prochainement».
Dans ce cadre, des investissements ont été consentis pour les installations du photovoltaïque avec la réception de deux unités de 20 MW. Cette capacité sera portée vers la fin d’année à 30MW afin de couvrir tous les besoins énergétiques de Sonatrach au niveau des champs du Sud, a-t-il mentionné, précisant que le groupe travaillait aussi sur le projet pilote de développement de l’hydrogène et la réalisation des sites de stockage des énergies renouvelables. Intervenant à l’issue de cette présentation, le Premier ministre a félicité le groupe Sonatrach pour les résultats obtenus en matière de transition énergétique, estimant que l’entreprise est un «exemple à suivre» en la matière, faisant que ses efforts dans ce domaine «ont été reconnus par un institut de recherches américain de l’Université de Colorado». Le Premier ministre a rassuré, par ailleurs, que le programme de production de 1000 MW à partir du solaire «sera lancé et réalisé prochainement». Avec la création d’un haut conseil de l’énergie, placé auprès de l’autorité du président de la République et chargé de fixer les orientations en matière de politique énergétique nationale, l’Algérie aura confirmé sa nouvelle orientation en matière de transition énergétique. Ce conseil est chargé de statuer sur les stratégies à suivre dans les domaines de la sécurité énergétique du pays à travers, notamment la préservation, le renouvellement et le développement des réserves nationales en hydrocarbures, et le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des plans à long terme pour le développement des infrastructures de production, de transport, d’approvisionnement, de stockage et de distribution des produits énergétiques. Il est appelé aussi à suivre l’introduction et le développement des énergies nouvelles et renouvelables, la transition énergétique vers un nouveau modèle national de production et de consommation d’énergie en fonction des ressources énergétiques et minières nationales et à suivre les engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays. Il devra assurer le suivi de la régulation du marché énergétique national, l’impact de la situation énergétique nationale et internationale sur le pays, ainsi que la valorisation des ressources énergétiques et la dimension énergétique liée à l’environnement et au changement climatique. Le suivi des alliances stratégiques et les partenariats internationaux en matière énergétique, notamment les engagements et accords commerciaux à long terme et à portée stratégique font partie également de ses missions. Dans ce sens, l’ensemble des secteurs concernés ont été appelés à participer aux grandes réformes lancées par l’Etat pour la redynamisation de l’économie et la mise en place d’un nouveau modèle économique, à travers le renforcement de la protection de la production nationale et la contribution à l’amélioration du climat des affaires et à l’assainissement des domaines économique et commercial, en accompagnant la concrétisation d’une politique commerciale maîtrisée vis-à-vis de nos partenaires à même de servir les intérêts stratégiques de notre pays, de faciliter les exportations et d’investir les marchés extérieurs. En donnant récemment de nouvelles instructions aussi bien à ses membres qu’aux responsables au niveau local, le gouvernement aura prouvé toute l’importance accordée à la lutte contre la corruption et la bureaucratie, devenues au fil des années un véritable obstacle qui freine l’investissement et le développement à tous les niveaux. A ce titre, le gouvernement a insisté sur l’impératif d’éradiquer toutes les formes de corruption et de bureaucratie et les lentes procédures qui entravent l’économie nationale et accélérer la numérisation, notamment du secteur de la finance, et en particulier les Domaines, les Impôts et les Douanes afin de parvenir à la transparence de toutes les transactions. A ce titre, le président de la République avait donné des instructions pour la prise de toutes les mesures indispensables, aux niveaux central et local, afin de faciliter l’accès au foncier nécessaire à la domiciliation des investissements et la création de nouveaux postes d’emploi, à travers l’ensemble du territoire national. Ces nouvelles directives s’inscrivent en droite ligne avec celles déjà données auparavant par le chef de l’Etat en ce qui concerne le plan de relance économique, lequel avait fait l’objet d’une large concertation entre les membres du gouvernement et les partenaires économiques et sociaux.
Les conclusions et recommandations issues de cette rencontre ont fait l’objet d’une consolidation, en tenant compte des directives du président de la République, émises lors des différentes réunions du Conseil des ministres, tout en fixant les urgences et les échéances.
Dans ce cadre, les membres du gouvernement ont été chargés de mettre en place, au niveau de leurs départements ministériels respectifs, un dispositif de suivi permanent et rigoureux de ce plan de relance. Il demeure entendu que le gouvernement veillera, de manière permanente, au suivi de l’état d’avancement de ce plan de relance et rendra compte de son état d’exécution au président de la République en Conseil des ministres. Rappelant que le Président Tebboune avait tracé les contours du plan de relance économique et défini son cadre basé sur «l’égalité des chances pour tous», le gouvernement avait souligné la nécessité d’axer le travail sur le renforcement de la primauté de la loi, l’égalité des chances, la participation dans l’élaboration des politiques, la réalisation de la viabilité financière, le renforcement des entreprises et l’augmentation du niveau de l’enseignement. Il avait aussi appelé à l’accélération de la mise en œuvre de l’opération de la transition énergétique et environnementale, en œuvrant à la promotion de l’industrie de transformation des produits énergétiques. Au volet fiscal, le gouvernement a mis la lumière sur les différentes réformes à réaliser, à l’instar de la réhabilitation du service public, l’élargissement de la base fiscale, la mobilisation des ressources et la numérisation de l’administration fiscale, ce qui permettra de lutter efficacement contre la fraude fiscale. Dans le même cadre, il indiqué que la question du foncier industriel qui constitue l’une des plus importantes entraves auxquelles font face les investisseurs, sera résolue dans l’objectif de rationaliser le déploiement régional du développement industriel et l’exploitation du foncier économique. Par ailleurs, un intérêt particulier devra toujours être accordé au développement agricole et rural et aux industries alimentaires, outre à la valorisation des ressources halieutiques dans le souci de garantir la sécurité alimentaire. Il s’agit également de développer une véritable industrie pharmaceutique afin de garantir la couverture des besoins des citoyens en matière de médicaments efficaces de qualité. Il sera procédé, en outre, à la promotion et au renforcement des activités économiques à forte valeur technologique basées sur le savoir, au soutien aux petites entreprises, l’encouragement des start-up dirigées par les jeunes diplômés et la promotion du rôle du secteur du BTP, au vu de son rôle prépondérant dans le renforcement du développement économique et la résorption du chômage. L’exécutif avait réitéré son engagement à œuvrer pour l’amélioration du climat d’affaires et ce, à travers la facilitation des procédures relatives à la création d’entreprises, l’accès au foncier, aux crédits et aux services publics de qualité et la réforme et la modernisation du système bancaire constituant une pierre angulaire de la réussite de toute réforme économique, outre la modernisation de l’administration et la lutte contre la corruption et la bureaucratie. Réitérant l’intérêt particulier accordé par les pouvoirs publics à l’amélioration du recouvrement fiscal, le gouvernement a décidé de mettre en place un programme d’action afin d’améliorer le recouvrement fiscal, à travers une refonte régime fiscal national en vue de corriger les dysfonctionnements et les pertes importantes qui touchent l’économie nationale. S’agissant des conditions professionnelles des administrations fiscale et douanière, le gouvernement conduit par Aïmene Benabderrahmane, œuvre d’arrache-pied à l’effet de les améliorer et les rendre plus agréables, pour que la recette fiscale atteigne les niveaux escomptés. Le programme du gouvernement prévoit aussi la mise au point d’une stratégie pluriannuelle pour la réforme des deux systèmes fiscal et douanier et la mise en place des mesures d’urgence à court terme, dans le but de prendre en charge les dysfonctionnements constatés dans le programme de modernisation.
T. Benslimane