Arabie saoudite: Pourquoi le voyage de Biden est-il si controversé ?

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Les relations que l’Amérique entretient depuis des décennies avec l’Arabie saoudite ont traditionnellement impliqué un compromis entre les valeurs américaines et les intérêts stratégiques. Mais le Président Biden a explicitement mis l’accent sur les Droits de l’Homme dans cette relation.

Aujourd’hui, alors qu’il s’incline devant les réalités politiques qui la façonnent, il risque de perdre toute crédibilité quant à son approche de la politique étrangère axée sur les valeurs. Le meurtre macabre de Khashoggi a soulevé la fureur des deux côtés du clivage partisan de Washington. Journaliste et éminent critique du prince héritier, Khashoggi a été tué et démembré dans le consulat saoudien d’Istanbul. En tant que candidat à l’élection présidentielle, M. Biden a tracé une ligne catégorique dans le sable, promettant de faire du royaume un «paria» en raison de son sombre bilan en matière de Droits de l’Homme. Il a utilisé cette rhétorique tranchante pour se démarquer de l’ancien Président Donald Trump, qui a embrassé sans réserve l’Arabie saoudite.

Qu’est-ce qui a conduit à ce changement de ton ?

Une fois au pouvoir, M. Biden a suspendu les ventes d’armes et refusé de parler avec le prince héritier. Mais l’administration doutait qu’il s’agisse d’une approche durable vis-à-vis de celui qui deviendra probablement bientôt le dirigeant saoudien. Un dégel avait commencé à se produire l’année dernière, et la guerre de la Russie en Ukraine a poussé le président américain à s’y associer publiquement. La hausse des prix du carburant en était le moteur. Les États-Unis ont demandé aux Saoudiens de pomper davantage de pétrole pour faire baisser les prix. Riyad a d’abord repoussé ces demandes. Mais quelques jours seulement avant l’annonce du voyage du président, l’Opep Plus, le groupe des producteurs de pétrole dont l’Arabie saoudite est le chef de file de facto, a approuvé une modeste augmentation de la production. Selon les analystes, il pourrait y avoir un accord discret avec les Saoudiens pour une nouvelle augmentation modeste de la production lorsque l’accord actuel sur les quotas expirera en septembre. Mais il est peu probable que cela soit mentionné lors de ce voyage. L’accent est davantage mis sur la gestion à long terme des marchés de l’énergie en cette période de turbulences, a déclaré Ben Cahill, expert en sécurité énergétique au Center for Strategic and International Studies (CSIS). «Je pense que la Maison-Blanche a le sentiment qu’elle doit être capable de décrocher le téléphone et d’avoir un dialogue constructif avec de nombreuses parties et, dans le monde du pétrole, cela commence par l’Arabie saoudite», explique-t-il.