Ukraine: Les conséquences d’une guerre : fuite massive des populations et gel des avoirs russes

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Vladimir Poutine a lancé, jeudi, dans la nuit l’invasion de l’Ukraine, avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres depuis plusieurs directions. «Les marchés mondiaux n’avaient pas prévu un scénario de guerre et s’adaptent maintenant à l’ampleur de cette action militaire», estiment les analystes d’Amundi dans une note.

La Russie et l’Ukraine sont des pays essentiels pour l’approvisionnement en pétrole, gaz, blé et autres matières premières cruciales. «Les approvisionnements en pétrole et en gaz ne sont pas encore affectés par l’escalade actuelle», mais Michael Hewson, analyste de CMC Markets, craint qu’«ils soient coupés» en cas de sévères sanctions de la part des Occidentaux. Le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, référence de l’or noir en Europe, qui s’envolait de 8,78% à 105,34 $ en matinée, a clôturé en hausse de 2,27% à 99,08 $. A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril, qui plus tôt grimpait de 8,66% à 100,10 $, a terminé en progrès de 0,77% à 92,81 $. Du côté du gaz naturel, le marché de référence en Europe a explosé de 33% par rapport à la veille». «La flambée des prix de l’énergie est un gros casse-tête pour l’Europe, puisque 40% de son gaz naturel et 30% de son pétrole viennent de Russie», explique une analyste de Swissquote. Les groupes miniers fortement liés à la Russie se sont effondrés à Londres : Polymetal de près de 40%, Ferrexpo de plus de 42%, Evraz de 30% et Petropavlovsk de 27%. Les groupes ayant des activités en Russie étaient particulièrement touchés sur les marchés. A Francfort, Uniper, lié au gazoduc Nord Stream 2, a baissé de 13,95%. Les valeurs de la défense étaient les rares à échapper au marasme, comme Thalès (+4,87%) à Paris, ou BAE Systems (+5,16%) à Londres ou Leonardo (+4,34%) à Milan. Les banques et le secteur financier ont été visés par les premières sanctions prononcées par l’Union européenne et les Etats-Unis. A Moscou, Sberbank a dégringolé de 36,61%, VTB Bank de 41,25%. A Vienne, Raiffeisen a cédé plus de 23%. A Paris, Société générale, présente en Russie via Rosbank, a perdu 12,15%. A Milan, UniCredit a lâché 13,69%, sanctionnée pour son exposition à la Russie. A Francfort, Deutsche Bank a chuté de 12,54% et Commerzbank de 13,11%. Le rouble restait proche de son plus bas historique, atteint plus tôt à 90 roubles pour un dollar, mais se stabilisait (84,31 roubles) après l’intervention de la Banque centrale russe pour «stabiliser la situation». L’euro perdait 0,99% face au dollar américain, à 1,1194 $, après être descendu à son plus bas depuis juin 2020. Le bitcoin se reprenait un peu et gagnait 2,46% à 38.503 $.

Vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution condamnant MoscouLe Conseil de sécurité de l’ONU se réunit, vendredi soir, pour voter sur un projet de résolution des Etats-Unis et de l’Albanie condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et lui réclamant un retrait de ses troupes, un texte voué à l’échec en raison du droit de veto de Moscou, selon des diplomates. Ce texte très ferme est placé sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies, qui permet un recours à la force pour le faire appliquer. L’utilisation du veto par Moscou, «attendue», montrera «l’isolement» de la Russie sur la scène internationale, a estimé un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat.

L’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy, dont le pays préside en février le Conseil de sécurité et qui est à ce titre maître de son agenda, a confirmé un scrutin, vendredi à 20h00 GMT. Après un rejet au Conseil de sécurité, une mise au vote d’un texte similaire devrait suivre à l’Assemblée générale des Nations unies où les résolutions ne sont pas contraignantes et où le droit de veto n’existe pas parmi ses 193 membres, selon des diplomates.

Echange téléphonique «franc» entre Poutine et Macron au sujet de l’Ukraine, selon le KremlinLe président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron ont eu, jeudi, un échange téléphonique «sérieux et franc» au sujet de l’opération militaire lancée par Moscou en Ukraine, a rapporté le Kremlin. Il s’agit du premier contact téléphonique connu entre M. Poutine et un dirigeant occidental depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, jeudi matin. Les deux dirigeants «ont eu un échange de points de vue sérieux et franc au sujet de la situation autour de l’Ukraine», a déclaré le Kremlin dans un communiqué publié à l’issue de cet entretien organisé, selon la présidence française, «à l’initiative de la partie française». Lors de sa conversation avec M. Macron, M. Poutine «a donné une explication détaillée sur les raisons et les circonstances de la décision de mener une opération militaire spéciale» en Ukraine, a ajouté le Kremlin. Selon une source au sein de la présidence française, M. Macron a «exigé l’arrêt immédiat» de l’offensive russe en Ukraine «en rappelant que la Russie s’exposait à des sanctions massives».