Témoignages: L’OS, creuset de dirigeants de la Glorieuse Révolution algérienne

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daho ould kablia ministre de interieur algerie photo:Bensalem.B/APP

L’Organisation spéciale (OS), organe paramilitaire du PPA-MTLD (Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) créée en 1947, est le creuset de la plupart des leaders de la Révolution algérienne, ont soutenu des moudjahidine.

Pour le président de l’Association des anciens du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG), Daho Ould Kablia, les massacres du 8 mai 1945 avaient créé «le déclic et une prise de conscience pour la lutte armée», rappelant les différentes étapes pour l’aboutissement du 1er Novembre 1954. «Il y a eu une répression extrêmement violente et sauvage qui s’est abattue et traduite sur l’ensemble du territoire national. La répression a touché pratiquement tout le monde, tellement violente que le sentiment est né selon lequel la France refuse de se plier aux orientations de la société des nations notamment celles disposant qu’avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, il va s’agir de libérer tous les peuples sous domination coloniale», a-t-il rappelé. Pour lui, les Algériens espéraient beaucoup, mais étaient désillusionnés et avaient compris qu’il n’était plus possible de faire confiance aux discours et aux mensonges, mais qu’il fallait plutôt recourir au combat armé. Cette idée va se concrétiser avec la création de l’Organisation spéciale (OS) en 1947, fer de lance de la lutte armée et creuset de la plupart des leaders de la Révolution algérienne. Pour le moudjahid et ancien ambassadeur, Noureddine Djoudi, il ne fallait pas oublier qu’avant la déclenchement de la Guerre de Libération nationale et ses conséquences et son rayonnement en Afrique, est intervenu un évènement majeur : celui de la création de l’Organisation spéciale (OS) en 1947, première tentative d’organisation de la lutte armée pour que l’Algérie recouvre sa liberté. Ce sont des éléments de l’OS que le colonialisme a réussi à détruire, mais qui a fini par ressurgir, pour déclencher la lutte armée, «organisée, unifiée et totale» sur le territoire national. Le mouvement national a tiré, à cette occasion, les leçons de tout ce qui s’était produit dans le passé, à savoir les assassinats, les crimes, les exils, les différentes révoltes, les soulèvements populaires et le 8 mai 45, a-t-il dit, affirmant que le génie des leaders de la Révolution algérienne était d’éviter les erreurs du passé en s’appuyant sur l’engagement total du peuple algérien. Des éléments de l’OS vont prendre leur responsabilité devant l’histoire et continuer à opérer clandestinement pour s’organiser au sein du CRUA, avec la tenue de la réunion du groupe historique des 22 à Clos Salembier (actuellement El Madania), pour décider du déclenchement de la lutte armée, le 1er Novembre 1954 en enrôlant dans leur action tout le peuple algérien. Un engagement et une détermination du peuple qui viendront à bout d’une longue nuit coloniale de 132 ans.

Ahmed Ben Bella, troisième chef de l’OS et dirigeant de la Révolution algérienne Ahmed Ben Bella, dernier responsable à prendre les destinées de l’Organisation spéciale (OS), créée en février 1947, après Mohamed Belouizdad et Hocine Aït Ahmed, a épousé la cause nationale en luttant sans relâche pour l’indépendance de l’Algérie de la barbarie colonialiste française. Marqué par les massacres du peuple algérien en mai 1945, comme tous les jeunes de sa génération, Ahmed Ben Bella, né le 25 décembre 1916 à Maghnia (Tlemcen), adhéra au PPA-MTLD (Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), au sein duquel il gravit tous les échelons de responsabilité pour arriver à prendre les rênes de l’OS. Ben Bella était responsable de département d’Oran de l’OS (dans les premiers et deuxième états-majors), au titre duquel il avait participé à la spectaculaire attaque de la poste d’Oran, en 1949, aux côtés de Hocine Aït Ahmed. Ahmed Ben Bella prendra la tête de l’OS en 1949, suite à l’éviction de Hocine Aït Ahmed, après la crise berbériste. Il devient également membre du Comité central du PPA-MTLD. Il sera emprisonné suite à la découverte de l’OS en 1950. Il réussira à s’évader de la prison de Blida en compagnie d’Ali Mahsas. Il formera plus tard, en compagnie d’Aït Ahmed et Mohamed Khider au Caire, la délégation extérieure du PPA-MTLD, pour se voir charger, plus tard, par le Front de libération nationale (FLN), de la mission d’acheminer des armes et munitions en Algérie, suite au déclenchement de la Guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954. Membre de la délégation extérieure du FLN, Ben Bella fut arrêté par les services de sécurité français, suite à l’interception de l’avion «Air Atlas», de retour du Maroc, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf. Membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) de 1956 à1962, il a occupé successivement le poste de vice-président du conseil (en détention) le 19 septembre 1958, le 18 janvier 1960 et enfin le 27 août $1961 (toujours en détention). Le 27 septembre 1962, il devient président du conseil, chef du Gouvernement. Il fut élu, le 15 septembre 1963, président de la République, président du Conseil. Destitué le 19 juin 1965, Ahmed Ben Bella est resté en résidence surveillée jusqu’à juillet 1979. Il fut assigné, par la suite, à la résidence à M’sila avant d’être libéré en octobre 1980. Ben Bella décède en avril 2012.

Hocine Aït Ahmed, organisateur hors pair et deuxième chef de l’OS Engagé précocement dans le combat pour l’indépendance nationale, enrôlé à peine 15 ans au sein du parti du Parti du peuple algérien (PPA), Hocine Aït Ahmed est une figure historique du mouvement national, deuxième chef de l’Organisation spéciale (OS), dont il héritera la responsabilité à l’âge d’à peine 22 ans, pour en faire un instrument de lutte, d’organisation et de préparation pour la lutte armée contre le colonisateur français. Trempé dans l’adversité, dès son jeune âge, cet illustre personnage, avait marqué et continue de maquer l’Histoire de l’Algérie, en raison de son engagement, de sa lutte continue pour une Algérie indépendante, débarrassée du joug et de la barbarie coloniale française. Homme aux combats pluriels, Aït Ahmed aura marqué jusqu’à la fin de ses jours la vie politique nationale.

Il s’engagera, à la fleur de l’âge, au sein du mouvement national et assumera d’éminentes fonctions, très jeune. Il chapeautera, à l’âge de 22 ans à peine, l’Organisation spéciale (OS), vivier des futures dirigeants du FLN. C’était au sein du Parti du peuple algérien (PPA), créé par Messali Hadj, grande figure emblématique du nationalisme algérien, qu’il fait son apprentissage des valeurs de la liberté et de la dignité humaine, des valeurs qu’il ne quittera jamais et qui forgèrent son parcours riche de personnalité politique respectée. Membre du bureau politique et trésorier du PPA-MTLD, Aït Ahmed a participé à la création de l’Organisation spéciale (OS), véritable pépinière de militants nationalistes initiés aux techniques de la guérilla, qui vont ensuite encadrer les katibates de l’Armée de libération nationale (ALN). Il ne tardera à montrer ses capacités d’organisateur, alors qu’il venait d’entamer ses vingt ans. Il affichera un caractère de chef politique, alors qu’il était encore au lycée de Ben Aknoun, aux côtés d’autres militants nationalistes qui vont marquer le combat pour l’indépendance de l’Algérie, dont entre autres, Omar Oussedik, Benaï Ouali, Amar Ould Hamouda, Chibane Saïd et Idir Aït Amrane. Il succéda à Mohamed Belouizdad à la tête de l’OS, une organisation dont il fut l’organisateur par excellence et le véritable chef d’état-major, car, il fut à l’origine du prospectus de formation militaire distribué à l’ensemble des activistes de cette organisation paramilitaire. Il va se faire remarquer très vite, lors de la réunion du Comité central du PPA-MTLD, en 1948, à Zeddine (près de Chlef) avec sa contribution écrite, fruit d’une réflexion mûre sur la stratégie de lutte que devait emprunter le PPA-MTLD. «Je sais qu’il a milité très jeune au PPA et qu’il a été parmi ceux ont répondu en Kabylie l’idée d’indépendance et la notion d’organisation, deux principes chers au parti (PPA-MTLD) dans les années difficiles de 1945 et 1946. Il n’a pas hésité à sacrifier ses études dans la lutte et vivre la vie dangereuse de maquisard», avait souligné, à propos d’Aït Ahmed, Benyoucef Benkhedda dans son ouvrage Les origines du 1er novembre 1954. L’ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, avait soutenu que le leader historique était un «fin stratège, au parcours et au combat exceptionnel, multidimensionnel, pour un même idéal, l’indépendance et les libertés pour son pays et ses concitoyens». Il se révélera «fin diplomate» et expert «hors pair» des enjeux mondiaux, avait-il indiqué, soulignant qu’Aït Ahmed conseillait toujours de «transcender les clivages de chapelles et les dissensions pour l’intérêt de l’Algérie». Figure historique du nationalisme algérien, membre du groupe des neuf à l’origine du déclenchement de la Révolution, l’un des pionniers du front pour une diplomatie de libération et fondateur du FFS, Hocine Aït Ahmed a voué toute sa vie pour que l’Algérie retrouve son indépendance et son peuple devienne libre.

Mohamed Belouizdad, premier chef et l’âme même de l’OS Infatigable chef de l’Organisation spéciale (OS), l’âme même de l’OS, Mohamed Belouizdad, dont la famille s’est consacrée entièrement pour l’Algérie, s’est engagé très jeune dans le mouvement national, au sein duquel il s’est imposé parmi ses ténors comme un responsable de premier plan et un militant hors du commun. Mohamed Belouizdad est né en 1924 à Alger, où il acquit le Brevet supérieur, équivalent du baccalauréat. À 19 ans, il est responsable du Comité des jeunes de Belcourt du Parti du peuple algérien (PPA) qui compte en 1944, près de 500 membres. Mohamed Belouizdad fut un des organisateurs de la manifestation du 1er mai 1945, ce qui lui valut d’être «activement» recherché par la police, a relaté dans son ouvrage, Les Origines du 1er novembre 1954, Benyoucef Benkhedda, qui a ajouté que son père et ses frères furent arrêtés et sa famille maltraitée. Un de ses frères, Sahnoun mourut en prison. Mais Mohamed Belouizdad poursuivit néanmoins son activité militante. Il mène une vie «clandestine» sous le pseudonyme de Si Messaoud. Il est envoyé dans l’Est du pays. Il y reste deux années au cours desquelles il réussit non seulement à restaurer l’Organisation démantelée par la grande répression de mai 1945, mais à constituer des noyaux où ils n’existaient pas. Il prit part, à la tête de la délégation constantinoise, au congrès de 1947, qui a vu la mise en place de l’OS, dont il va prendre la tête. «Intelligent et d’un courage tranquille», malgré sa jeunesse, a soutenu Benyoucef Ben Khedda, il s’est investi entièrement dans le combat libérateur contre la France coloniale. Mohamed Belouizdad a dû céder sa place à son adjoint, Hocine Aït Ahmed, tant il s’est dépensé sans compter, lui causant des soucis de santé, l’empêchant d’exercer ses responsabilités de chef national de l’OS. Mohamed Belouizdad a mis sur pied son état-major, constitué d’éléments sélectionnés «rigoureusement» tant la tâche qui les attendait était ardue. Il œuvrait avec pédagogie à expliquer les objectifs assignés à l’OS, et ce qui attendait chacun de ses éléments après leur engagement sur cette voie. Aït Ahmed a indiqué dans son livre Mémoires d’un combattant, l’esprit d’indépendance 1942-1952, que lorsque Belouizdad était encore jeune employé au Gouvernement général, il avait animé des cellules du parti à Belcourt, et transmis à la direction de nombreux documents «secrets» et des informations «précieuses».

Selon Aït Ahmed, Mohamed Belouizdad possédait une culture «remarquable», dont il ne faisait pas étalage, ne la révélant que dans des interventions «rarissimes» mais d’une «sobriété et d’une clarté peu commune». Il ne se plaignait jamais de son mal (il était atteint de la tuberculose), il ne départait jamais de son calme. Sa réserve n’était nullement «indifférence» mais «humble» et «bienveillante» attention. D’origine plébéienne, il devait, a ajouté Aït Ahmed, ses manières «raffinées d’aristocrate à son sens des responsabilités et à son flegme». Il mourut en janvier 1952 à l’âge de 28 ans et le PPA-MTLD lui fit des obsèques nationales.

Synthese M. H. /Ag.