Ukraine: «Risque réel» d’un conflit armé en Europe, selon le secrétaire général de l’Otan

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Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a de nouveau mis en garde, ce vendredi, contre le «risque réel d’un nouveau conflit armé» en Europe, à l’occasion de la visite d’une base militaire roumaine clé pour l’Alliance.

«Le nombre de troupes russes augmente tandis que les délais d’avertissement diminuent», a averti M. Stoltenberg sur le site de Mihail Kogalniceanu (sud-est, près de la mer Noire), alors que les Occidentaux accusent Moscou de préparer une agression militaire contre l’Ukraine. Un millier de militaires américains envoyés en renfort par Washington doivent arriver dans la journée, afin de consolider le flanc oriental de l’Alliance. Des scénarios autres que celui d’une invasion de l’Ukraine sont possibles, a-t-il ajouté, citant «des tentatives de renverser le gouvernement de Kiev ou des cyberattaques hybrides». «Dans le même temps, il n’y a pas de certitude, et donc nous continuons d’appeler la Russie à une désescalade et à s’engager dans un dialogue politique avec l’Otan», a ajouté le chef de l’Alliance lors d’une conférence de presse aux côtés du président roumain Klaus Iohannis. Evoquant la «préoccupation» de l’Otan devant cette «concentration de troupes doublée d’une rhétorique menaçante de la Russie», il a fait état de l’«unité» des alliés et de leur détermination à réagir. «C’est pourquoi la présence de troupes de l’Otan en Roumanie est si importante», a souligné M. Stoltenberg, qui s’est félicité de la disponibilité de la France pour participer à un futur groupement tactique en Roumanie, pays frontalier de l’Ukraine. «Nous traversons la plus grave crise depuis la chute du Rideau de fer», a pour sa part lancé M. Iohannis, dénonçant la «stratégie d’intimidation de la Russie». Plusieurs dizaines de blindés américains de transport de troupes, stationnés précédemment en Allemagne, sont arrivés ces dernières 36 heures en Roumanie avec pour destination la base de Mihail Kogalniceanu. De tels déploiements ne font que «mettre de l’huile sur le feu» et «contribuer à une escalade des tensions», avait lancé, mercredi, l’ambassadeur russe à Bucarest Valéry Kouzmine, convoqué le lendemain au ministère roumain des Affaires étrangères. La Roumanie, membre de l’Alliance atlantique depuis 2004, accueille déjà 900 soldats américains, 140 italiens et 250 polonais.

L’UE invite la Russie à des pourparlers sur la sécurité L’Union européenne (UE) a invité, mercredi, la Russie à des pourparlers au sein de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sur les moyens de renforcer la sécurité en Europe, dans une lettre adressée au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Le courrier a été endossé mercredi par les 27 membres de l’UE et remis à l’ambassadeur de Russie à Bruxelles, a-t-on précisé de sources européennes. L’invitation est une réponse en «notre nom collectif» à des missives envoyées par M. Lavrov à certains de ses homologues européens pour leur demander leur interprétation du concept de «l’indivisibilité de la sécurité», précise le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Pour Moscou, ce concept signifie que la sécurité de chaque pays est indissociablement liée à celle des autres et donc qu’un élargissement de l’Otan à l’Ukraine et à la Géorgie menace celle de la Russie. Le ministre russe avait demandé que la réponse soit donnée à «titre national et non au nom d’un bloc». «Nous demandons à la Russie de procéder à une désescalade et de mettre fin à son renforcement militaire en Ukraine et dans les environs, ainsi qu’au Bélarus», insistent les 27 dans leur missive. «Nous restons gravement préoccupés par la situation actuelle et sommes fermement convaincus que les tensions et les désaccords doivent être résolus par le dialogue et la diplomatie», insistent-ils. La réponse de l’UE a été rédigée en concertation avec les Etats-Unis et l’Otan et un courrier similaire a été adressé par l’Alliance, a-t-on précisé de sources européennes. «Avec nos partenaires de l’Otan, l’Union européenne est prête à poursuivre le dialogue avec la Russie sur les moyens de renforcer la sécurité de tous», assurent les 27. «Nous pensons que l’OSCE est l’instance appropriée pour répondre aux préoccupations de toutes les parties intéressées en matière de sécurité, en complémentarité avec les autres instances existantes, notamment le Conseil OTAN-Russie», précisent-ils. Des discussions ont déjà été organisées au sein du Conseil Otan-Russie et à l’OSCE, mais elles n’ont donné aucun résultat. Moscou exige la fin de l’élargissement de l’Otan à l’Est, le rejet des candidatures de l’Ukraine et de la Géorgie, acceptées en 2008, et le retrait des moyens militaires de l’Alliance dans les pays d’Europe de l’Est considérés comme des menaces pour sa sécurité.