Approvisionnements en gaz naturel: L’Algérie premier fournisseur de l’Italie

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Dans un contexte géopolitique difficile, caractérisé par de nombreux conflits entre certains pays, les hydrocarbures deviennent une véritable arme de pression et un moyen incontournable de sceller des accords avec les pays industrialisés. L’Algérie, riche en gaz, est l’un des plus imminents fournisseurs de l’Europe, mais la Russie lui a toujours fait de l’ombre.

Alors que la Russie s’est lancée dans une aventure géopolitique aux relents militaristes sous la houlette de Vladimir Poutine, la donne commence un petit peu à changer pour l’Algérie, qui avance sur le marché du gaz Européen, notamment celui de l’Italie, dont le président a rendu dernièrement visite à son homologue algérien. Sonatrach a exporté plus de 1.5 milliard m3 cube de gaz vers l’Italie en moins d’un mois, devançant ainsi la Russie et devenant le premier fournisseur de l’Italie en gaz pour la première fois depuis des décennies.

C’est l’agence de presse italienne Nova qui rapporte l’information à l’occasion d’un entretien réalisé avec l’ambassadeur de l’Algérie à Rome, Abdelkarim Touahria. Alors que l’Algérie a exporté vers l’Italie 1.5 milliard de M3 de gaz depuis le début de l’année 2022, la Russie quant à elle s’est arrêtée à un volume d’un milliard 200 M3. Un écart de 300 M3 cube donc qui permet à l’Algérie de se targuer d’être le premier exportateur de gaz vers l’Italie. Toutefois, et malgré le recul des exportations de la Russie, l’Algérie maintient les mêmes prix, assure l’ambassadeur algérien, qui ajoute que les tarifs ne seront pas revus à la hausse malgré la crise mondiale et les perturbations géostratégiques.

Le même intervenant rappelle que la question de l’approvisionnement en gaz de l’Italie a été abordée lors de la visite du président italien Sergio Mattarella en novembre dernier en Algérie. Il explique aussi que le président Tebboune avait fourni des garanties à la partie italienne concernant la poursuite de l’acheminement du gaz algérien sans pour autant augmenter les prix.

Le gaz algérien gagne du terrain Une année 2020-2021 plombée par la baisse des revenus des hydrocarbures, le groupe pétro-gazier public algérien Sonatrach retrouve de l’ambition et annonce vouloir investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans l’exploration, la production et le raffinage de pétrole et la prospection et l’extraction de gaz. Le PDG, Toufik Hakkar a précisé auparavant que le « tiers de ces investissements » impliquera des partenaires étrangers. « La plus grosse part sera consacrée à l’exploration et la production pour préserver nos capacités de production, ainsi qu’à des projets dans le raffinage pour répondre à la demande nationale en carburant », a-t-il précisé. Illustration de ce changement de cap, à la mi-décembre, le géant des hydrocarbures a signé un contrat de production pétrolière d’un montant de 1,4 milliard de dollars avec le groupe italien Eni, ainsi qu’un accord de coopération dans la transition énergétique. Le contrat couvre une superficie totale de 7 880 km2 dans la partie sud du bassin de Berkine (sud), où Sonatrach et Eni opèrent depuis 2013. Il s’agit du premier contrat entre les deux partenaires depuis la promulgation, en novembre 2019, d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures introduisant le partage de production. Au cours du premier trimestre 2021, les exportations de gaz vers l’Italie et la péninsule ibérique (l’Espagne et le Portugal) ont augmenté respectivement de 109 % et de 122 % , au cours du premier trimestre 2021, par rapport à la même période de 2020. C’est ce qui est ressorti d’un communiqué de la société Sonatrach (gouvernementale), dans lequel elle a indiqué que les conditions sanitaires qui prévalent n’ont pas empêché l’Algérie d’enregistrer une hausse significative de ses exportations de gaz au cours du premier trimestre 2021. L’Italie a été la première destination des exportations gazières algériennes au premier trimestre 2021, avec des volumes atteignant les 6,4 milliards de mètres cubes, soit une augmentation de 109 % par rapport à la même période de 2020. En 2020, l’Espagne et le Portugal sont arrivées en seconde position, avec des exportations s’élevant à 4,3 milliards de mètres cubes, soit une augmentation de 122 % par rapport au premier trimestre de l’année dernière. L’Algérie a acquis une part du marché ibérique, à hauteur de 47 % de la consommation totale de la péninsule, contre les 21 % dont elle disposait au cours de la même période de 2020.

M.W. Benchabane