Crise politique au Soudan: Un dénouement à l’horizon après le retour des civils au pouvoir

0
327

La crise politique au Soudan en cours depuis le 25 octobre dernier à la suite d’un coup de force de militaires contre le gouvernement en place, est en passe de connaître son épilogue à la faveur du retour, dimanche, du Premier ministre Abdellah Hamdokà son poste après un accord signé avec le général Abdel Fattah Al Burhane.

Près d’un mois après le renversement du gouvernement, Hamdok et Al Burhane ont signé, dimanche, au palais présidentiel à Khartoum, un accord, selon lequel ils vont se partager le pouvoir et procéder à la libération de tous les ministres et dirigeants civils arrêtés au lendemain du coup d’Etat.  En attendant un retour total de la situation à la normale et un transfert du pouvoir aux civils, le Premier ministre Abdellah Hamdok a promis, en signant l’accord, de mettre fin à l’effusion du sang parmi les civils qui ne cessent de manifester depuis le 25 octobre à Khartoum et dans d’autres villes contre le coup de force des militaires. Toutefois et selon des médias sur place, l’accord signé entre Hamdok et Al Burhane n’a pas pu calmer les manifestants et organisations à l’origine de la révolte de 2019 ayant mis fin à 30 ans de règne d’Omar El Bachir.    «Nous refusons tout accord qui permettra aux putschistes de rester au sein d’une quelconque autorité de transition», a souligné l’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation au Soudan. De leur côté, les Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc pro-civils, ont immédiatement rejeté l’accord. «Nous réaffirmons clairement qu’il n’y a pas de négociation, ni de partenariat» avec «les putschistes», ont affirmé les FLC, appelant à traduire les généraux en justice pour la répression sanglante des manifestations. Pour sa part, le parti Oumma, dont est pourtant issu Fadlallah Burma, l’un des médiateurs ayant arraché l’accord à l’armée et à M. Hamdok, a affirmé «refuser tout accord politique qui ne s’attaque pas aux racines de la crise créée par le putsch militaire». Selon les mêmes sources, des cortèges de manifestants ont défilé, dimanche, dans plusieurs villes du pays, et la police a tiré des grenades lacrymogènes sur les protestataires devant le palais présidentiel à Khartoum, l’ancien palais d’El Bachir devenu siège des autorités de transition, et à Kassala (est).

Selon des médecins, pas moins de 40 morts et des centaines de blessés ont été recensés depuis le 25 octobre parmi les manifestants. Le coup d’Etat des militaires contre le gouvernement d’Abdellah Hamdok, assorti d’une répression des manifestants, a été largement condamné par des Etats et organisations internationales. Les Etats-Unis ont, dans ce sens, suspendu 700 millions de dollars d’aide au Soudan.

L’ ONU salue l’accord politiqueconclu au Soudan L’organisation des Nations unies a salué, dimanche, le dernier accord politique conclu au Soudan entre le général Abdelfattah El Burhan et le Premier ministre Abdallah Hamdok prévoyant le retour à la transition démocratique dans le pays. Dans un communiqué, la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations unies au Soudan (UNITAMS), a souligné, «la nécessité de protéger l’ordre constitutionnel pour sauvegarder les libertés fondamentales d’action politique, de liberté d’expression et de réunion pacifique». Elle a appelé les partenaires de la transition à «s’attaquer d’urgence aux problèmes non résolus pour achever la transition politique de manière inclusive, dans le respect des Droits de l’Homme et de l’état de droit». «Nous appelons toutes les parties au processus politique au Soudan à inclure les voix des jeunes pour répondre aux demandes du peuple soudanais. La participation significative des femmes et l’avancement de leurs droits et de leur rôle durement gagnés dans la transition démocratique doivent être maintenus», ajoute la même source. Déplorant la perte de tant de vies soudanaises au cours des dernières semaines, l’UNITAMS a plaidé en faveur «d’enquêtes transparentes (…) pour garantir la justice pour les victimes». «Nous espérons également que toutes les personnes arrêtées le ou après le 25 octobre soient immédiatement libérées (…) pour mettre en œuvre cet accord», peut-t-on également lire sur le communiqué. A cet égard, l’UNITAMS exhorte «toutes les parties prenantes soudanaises à s’engager de manière constructive et de bonne foi pour rétablir l’ordre constitutionnel et la transition», tout en se déclarant «prête a apporté le soutien nécessaire pendant (ce) processus pour garantir le succès d’une transition inclusive et la réalisation des aspirations du peuple soudanais à la paix, au développement inclusif et à la démocratie».

La ligue arabe salue l’accord Hamdok-Burhan Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a salué, lundi, l’accord politique conclu au Soudan entre le général Abdelfattah El Burhan et le Premier ministre Abdallah Hamdok. Une source officielle du Secrétariat général de la Ligue arabe, citée par l’agence de presse soudanaise (SUNA), a indiqué que «l’organisation continuera de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement que Hamdok formera pour réaliser les objectifs du document constitutionnel et de l’Accord de paix de Juba».

L’agence SUNA a rappelé en outre qu’une délégation de la Ligue arabe, s’est rendue à Khartoum les 6 et 7 novembre, et avait exprimé à l’occasion son optimisme quant à la signature imminente d’un accord qui aborde les différents défis, et sa confiance dans la détermination de la volonté soudanaise de conduire la période de transition, de soutenir la paix, le développement et la stabilité dans le pays.

Le Premier ministre Abdallah Hamdok, écarté du pouvoir le 25 octobre, a retrouvé, dimanche, son poste après un accord avec le général Abdel Fattah Al Burhane. Après la signature solennelle du document, M. Hamdok a promis dans une courte allocution et sa première apparition publique depuis plus de trois semaines de «faire cesser avant toute chose l’effusion de sang».

«Cet accord ouvre la porte en grand à la résolution de tous les défis de la transition», a-t-il encore dit. Il doit désormais former un nouveau cabinet après cet accord prévoyant également la libération des dirigeants civils arrêtés le 25 octobre. Les futurs ministres seront des «technocrates», indique le texte signé, dimanche.