Collectivités locales: Exploitation des fondements de l’économie verte pour concrétiser la relance économique

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Des experts en énergie, des académiciens auteurs de recherches sur les énergies renouvelables et des informaticiens, ont affirmé que les collectivités locales étaient capables de concrétiser le saut escompté en matière de relance économique, si elles venaient à accélérer l’exploitation des fondements de l’économie verte, en commençant par la généralisation des emplois des énergies alternatives, en passant par le recyclage et en arrivant à ce qui est connu comme «commune intelligente» qui repose sur la numérisation dans la gestion des affaires publiques.

La majeure partie des programmes des candidats aux prochaines locales ne sont pas exempts du thème de l’efficacité énergétique et des voies de son activation au niveau local, d’autant que plusieurs formations de partis, voire même les listes indépendantes, la mettent parmi «les priorités urgentes», mais sa promotion auprès des citoyens est transmise par un «discours électoraliste» qui manque de vision stratégique, selon les experts. Les collectivités locales sont restées pour de longues décennies liées, dans la mentalité du citoyen algérien, aux services de l’état civil, aux subventions sociales et aux travaux d’entretien et d’assainissement. Les collectivités locales sont restées prisonnières du budget de l’Etat dans le financement de leurs projets, au moment où elles détiennent des possibilités et de richesses de nature à être exploitées selon une stratégie précise. Plusieurs experts approchés par l’APS, estiment que les collectivités locales gagneraient à remporter l’enjeu de l’énergie dans la satisfaction de ses besoins de façon autonome, en comptant sur l’énergie solaire, éolienne et la biomasse, en ce sens qu’elles économiseront avec une simple méthode de calcul, deux tiers de ses dépenses qui s’accumulent sous forme de créances détenues par la Sonelgaz, les actifs économisés pouvant être orientés ultérieurement pour le financement de projets d’extension des réseaux de l’énergie photovoltaïque et la réalisation d’unités commerciales et économiques spécialisées dans le tri des déchets domestiques et industriels et autres dans le recyclage pour la production de la biomasse.

Produire de l’électricité à partir de déchets ménagers, un projet réalisable L’expert en environnement et en développement durable, Samir Grimes, a indiqué que l’autonomie énergétique des collectivités locales grâce à leur réserve d’énergies renouvelables inexploitée est possible pour peu que l’Etat s’engage à les accompagner dans cette démarche. «Les collectivités locales peuvent atteindre l’efficacité énergétique à travers des projets dans le cadre de contrats triparties entre la collectivité locale, l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE) et le ministère chargé des Energies renouvelables et de la Transition énergétique», a-t-il dit, soulignant que de tels partenariats «auront un impact positif sur le rendement des collectivités locales et encourageront les porteurs de projets à innover davantage». Grimes a, dans ce contexte, appelé à intensifier les efforts dans la formation spécialisée dans le domaine de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables pour contribuer à la valorisation de l’innovation dans ce secteur, en veillant à établir des partenariats entre les porteurs de projets innovants et les opérateurs économiques au niveau des collectivités locales. L’intervenant a présenté un modèle de production d’énergie organique à partir du recyclage des déchets qui pourrait, a-t-il expliqué, permettre à la collectivité locale de produire son électricité à partir de gaz méthane, une expérience qui a fait ses preuves dans plusieurs pays. Selon le directeur de la recherche au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), Saïd Diaf, même les citoyens peuvent produire leur propre électricité à partir d’énergie solaire et vendre l’excédent à la Sonelgaz (…) comme c’est le cas dans plusieurs pays au titre des plans de transition énergétique vers des sources respectueuses de l’environnement en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les banques jouent un rôle crucial dans la concrétisation de cet objectif à travers la facilitation des opérations d’octroi de crédits aux privés, dans le cadre de «crédits de consommation», a-t-il indiqué. L’intervenant a fixé les étapes que doivent suivre les collectivités locales pour consacrer le modèle de la compétence énergétique dans le cadre de «la gouvernance locale». Dans le cadre du projet de gouvernance électronique auquel les hautes autorités du pays accordent un grand intérêt, les experts en nouvelles technologies ont mis en exergue le travail accompli en matière de numérisation, précisant qu’un grand travail reste à accomplir pour atteindre les objectifs fixés à court et moyen termes. La gouvernance électronique «n’est pas un choix mais plutôt une nécessité», ont-ils souligné. La majorité des candidats aux prochaines locales sont en faveur de la gouvernance numérique et plaident pour des villes intelligentes. A ce titre, l’expert en technologies de l’information et de la communication (TIC), Younes Grar, a estimé que la numérisation et la généralisation d’utilisation des TIC étaient «l’alternative inéluctable», car étant, d’abord, «un dénominateur commun international, d’autant que nous ne pouvons pas vivre à l’écart du monde, et contribuant, deuxièmement, à la réalisation du développement à moindre coût et avec un peu de temps et d’efforts». Pour M. Grar, le début de la voie d’édification des villes intelligentes passe par la mise en place des applications simples portant sur les domaines les plus importants de la vie quotidienne du citoyen, à l’instar de la gestion intelligente de l’énergie, des télécommunications, des ordures et des parkings de véhicules au niveau des collectivités locales, ainsi que d’autres applications concernant la maintenance (réseaux routiers et éclairage public) et la généralisation d’utilisation des réseaux sociaux pour qu’ils soient des plateformes électroniques d’interaction entre le responsable et le citoyen. La numérisation, ajoute-t-il, contribue avec grande efficacité au tarissement des ressources de corruption, car étant l’outil technologique à même de permettre de tracer le processus de ces transactions. «Je crois que les ennemis de la numérisation sont ceux de la transparence (…) les programmes sécurisés mettent fin à toute tentative de fraude ou de tromperie», a-t-il dit. Au regard des projets innovants dans le domaine des systèmes d’information et de l’intelligence artificielle et des réalisations de l’Algérie en matière de TIC, de numérisation et de télécommunications par satellite, l’expert a estimé que l’objectif de la ville intelligente ne saurait être atteint sans l’association et l’interaction de tout un chacun.

Ali Oumniguen / Ag.