Conférence de Paris sur la Libye

0
346

Vers une réconciliation nationale ?

La conférence internationale sur la Libye qui se tient à Paris, ce vendredi, 12 novembre a pour ambition de donner une ultime «impulsion» au processus électoral en Libye.

Mais à un mois et demi de la présidentielle du 24 décembre, rien ne garantit que le calendrier électoral sera tenu ni que le processus électoral ne mette un terme au chaos politique et sécuritaire. État des lieux. La conférence internationale s’inscrit dans un processus de médiation internationale dans la crise libyenne. Cette crise née de la révolution contre Moummar Kadhafi et la chute de son régime en 2011 a plongé le pays dans le chaos, à travers une guerre civile marquée par l’intervention de puissances étrangères. Après 5 jours de discussions à Genève sous l’égide de l’ONU et sa Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), un cessez-le-feu immédiat et permanent est signé  le 23 octobre 2020 par les belligérants. Il met fin à la bataille de Tripoli (avril 2019-juin 2020) lors de la tentative de conquête de la capitale libyenne, où siège le gouvernement d’union nationale (GAN), reconnu par l’ONU et basé à l’ouest du pays, par l’armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Haftar qui domine l’est.

La conférence de Paris est co-présidée par l’Allemagne, l’Italie, la France, les Nations unies et la Libye. L’objectif de la conférence de Paris est de soutenir les élections, prévues le 24 décembre 2021 pour la présidentielle, et «rendre le processus électoral incontestable et irréversible» face à ceux qui «essaient de faire dérailler le processus», selon la présidence française.

Qui est pour ou contre la tenue des élections libyennes le 24 décembre ?

Cette même médiation internationale a abouti à un Forum de dialogue politique inter-libyen (FDPL), qui s’est réuni la première fois à Tunis en novembre 2020, sur la base de la résolution 2510 (2020) du Conseil de sécurité des Nations unies et des conclusions de la Conférence de Berlin sur la Libye de janvier 2020. Le dialogue inter-libyen a fixé la date des élections, présidentielle et parlementaires, au 24 décembre 2021, soit à l’anniversaire des 70 ans de l’indépendance de la Libye. Mais ce calendrier électoral choisi par les participants du dialogue inter-libyen reste soumis à de nombreuses incertitudes face aux velléités de remise en question par certaines parties. Début octobre 2021, le Parlement a décidé de reporter les élections parlementaires à un mois après la présidentielle du 24 décembre. Mais la tenue de la présidentielle à sa date initiale reste aussi sujet à caution. Selon plusieurs informations, le premier ministre Abdelhamid Debeibah lui-même dénonce désormais un article de la loi électorale qui impose à tout haut fonctionnaire ou haut gradé militaire qui veut se présenter, de démissionner de ses fonctions 3 mois avant le scrutin. Ce revirement d’Abdelhamid Debeibah appuie l’hypothèse que le premier ministre voudrait lui-même se présenter à la présidentielle. Une telle perspective fait peser une menace de report sur le processus électoral.

Quelles sont les fractures qui divisent les institutions libyennes ? Ces incertitudes qui pèsent sur le calendrier électoral résultent des fortes dissensions internes libyennes héritées de la lutte entre les deux camps rivaux de l’ouest et de l’est de la Libye. Deux institutions ont été installées en février en vue de préparer l’échéance électorale. D’une part, le Conseil présidentiel (CP) est formé de trois membres représentants les trois régions de Libye (Tripolitaine à l’ouest, Cyrénaïque à l’est, le Fezzan au sud-ouest). Il est présidé par Mohamad Al Manfi. D’autre part, le gouvernement du premier ministre Abdelhamid Debeibah, succède à Faïez Al Sarraj, chef du gouvernement d’union nationale (GUN) de 2015 à 2020 à Tripoli. Ces incertitudes qui pèsent sur le calendrier électoral résultent des fortes dissensions internes libyennes héritées de la lutte entre les deux camps rivaux de l’ouest et de l’est de la Libye. Deux institutions ont été installées en février en vue de préparer l’échéance électorale. D’une part, le Conseil présidentiel (CP) est formé de trois membres représentants les trois régions de Libye (Tripolitaine à l’ouest, Cyrénaïque à l’est, le Fezzan au sud-ouest). Il est présidé par Mohamad Al Manfi. D’autre part, le gouvernement du Premier ministre Abdelhamid Debeibah, succède à Faïez Al Sarraj, chef du gouvernement d’union nationale (GUN) de 2015 à 2020 à Tripoli. A moins d’un mois de la présidentielle, la tension politique entre le Conseil présidentiel et le gouvernement s’est aggravée. Elle s’est cristalisée autour de la ministre des Affaires étrangères, Najla Al Mangoush. Le CP a annoncé, samedi 6 novembre, la suspension de la cheffe de la diplomatie libyenne avec interdiction de quitter le territoire. Le lendemain le Premier ministre Abdelhamid Debeibah a défendu sa ministre lui demandant «de poursuivre son action». Un incident qui fait écho au vote d’une motion de censure du Parlement contre le Premier ministre le 21 septembre. Une autre fracture institutionnelle et politique existe entre le Haut Conseil d’Etat libyen (HCE) à Tripoli, qui fait office de Sénat avec à sa tête Khaled El Mechri, et d’autre part, le président de la chambre des représentants (Chambre basse du Parlement), Aguila Saleh, basée à Benghazi, dans l’est du pays, allié du maréchal Haftar.