FAF-MJS: Le match ne fait que commencer !

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Comme l’on pouvait le prévoir, la FAF s’est sentie directement visée par le dernier communiqué du MJS dans lequel la tutelle rappelle à toutes les Fédérations qu’il est «interdit durant l’année précédant une élection fédérale de changer ou modifier les statuts et les règlements intérieurs, toucher aux systèmes de compétition et disciplinaire».

Elle a vite fait de réagir en pondant à son tour un communiqué dans lequel elle dénonce, pour sa part, «certains cercles qui se dépensent vainement et de manière sournoise à chahuter ce processus entamé en novembre 2019». Est-ce à dire que ces «cercles»  sont assez bien introduits pour constituer un puissant lobby au point d’influencer les décisions du ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi ? À moins que les locataires de Dely Ibrahim, pour éviter une confrontation directe avec leur tutelle, aient décidé d’emprunter des chemins empruntés pour défendre leur projet d’amendement des statuts, en déplaçant carrément le débat. Une belle riposte au demeurant, même si elle est déconcertante. Selon le communiqué de la FAF, c’est la rumeur de l’élimination des membres la glorieuse équipe du Front de libération nationale (FLN), de la future composante de l’assemblée générale de l’instance fédérale, qui a semé la discorde et poussé les autorités à réagir. Une information dénuée de tout fondement, toujours selon la Fédération qui précise, en outre, que «non seulement la Fondation de l’équipe du FLN est présente au sein du Bureau fédéral de la FAF à travers la personne de  Mohamed Maouche, un des huit membres toujours en vie de cette équipe légendaire, mais elle le sera également au sein de l’Assemblée générale de la fédération avec ses huit membres toujours en vie». Cela va-t-il pour autant mettre un terme au différend entre les deux instances ? Rien n’est moins sûr. Il faut savoir que le processus de la mise en conformité des statuts de la FAF avec ceux de la Fifa donnerait de facto plus d’autonomie et d’indépendance à l’instance fédérale vis-à-vis des pouvoirs publics, dont la représentation et l’influence au sein de l’AG diminueraient considérablement pour ne pas dire complètement disparaître. Il s’agit en effet d’un problème de composante, mais ce n’est pas la représentation de l’équipe historique du FLN qui poserait vraiment problème pour les autorités. Elles craignent plutôt et à juste titre d’ailleurs, de perdre le contrôle de la FAF, une Fédération stratégique pour l’Etat, faut-il le préciser. Toutefois, la Fifa, qui a toujours milité pour la séparation entre le sport et la politique, n’en a cure des appréhensions des pouvoirs publics. La FAF se retrouve du coup écartelé entre la réglementation internationale et celle du pays à travers le décret exécutif n°14-330 définissant les modalités d’organisation et de fonctionnement des fédérations sportives nationales et duquel s’inspire le communiqué du MJS. Certains spécialistes s’interrogent néanmoins sur l’opportunité dudit communiqué, du moment où aucun changement des statuts ne peut s’effectuer sans l’autorisation préalable des services de la DG des Sports et leur autorisation. Une précision de taille qui assure au MJS une autorité incontestable. A la rigueur, les pouvoirs publics, et pour couper la poire en deux, pourraient accepter le changement du système de compétition, comme voté par l’AG de la FAF, l’automne dernier, et demeurer intransigeants sur l’amendement des statuts. Reste à savoir quelle sera la position de la FAF dans les semaines à venir. Continuera-t-elle à faire le dos rond ou bien sera-t-elle obligée d’aller vers le bras de fer ? Auquel cas il y aurait assurément de la casse, surtout si la Fifa s’en mêle.

Ali Nezlioui