«Demandez à Messi ou à Ronaldo de vous trouver un vaccin ou un médicament pour combattre le coronavirus». Le cri de colère d’une scientifique espagnole au début de la crise sanitaire mondiale a soulevé un problème d’éthique longtemps ignoré et négligé dans une société moderne portée, il est vrai, sur la surconsommation et le divertissement.
Elle a lancé un véritable pavé dans la mare qui remet en question la place des célébrités sportives et du showbiz sur l’échelle des valeurs. Leurs revenues indécents peuvent légitimement choquer au moment où les chercheurs scientifiques dans tous les domaines, ont beaucoup de mal à trouver des ressources pour mener à bien leurs travaux, souvent vitaux pour l’avenir de l’humanité. La pandémie du coronavirus est venue rappeler (heureusement, allions-nous dire), au monde entier le sens des priorités et la fragilité d’un système pas du tout vertueux. Aujourd’hui, la planète toute entière recherche désespérément des masques que de nombreux pays et des plus développés, n’arrivent pas à assurer à leurs populations, voire à leurs personnels de santé. C’est un véritable drame qui a emporté de nombreux médecins et des aides-soignants. Les premiers sur la ligne de front pour combattre une maladie extrêmement contagieuse que l’humanité n’a pas connu depuis longtemps. Le monde commence enfin à prendre conscience de sa réalité précaire et de son iniquité dans la distribution des mannes financières. A leur corps défendant, les Messi, Ronaldo, Roger Federer, Lebron James, Tiger Woods, Floyd Mayweather ou Lewis Hamilton, pour ne citer que ceux-là, n’ont pas demandé à gagner autant d’argent. Ils ont juste profité d’un système économique qui fait la part belle au capitalisme débridée. Du coup, les sponsors se bousculent pour associer leurs marques à ces sportifs de haut niveau. Le chercheur dans son laboratoire ne vend pas du rêve ni des maillots, personne ne regarde de son côté, sauf quelques mécènes consciencieux et visionnaires qui ont le sens du devoir.Aujourd’hui, même dans le milieu sportif on conteste l’ordre établi. Ainsi Chicharito Hernandez, l’international mexicain, ancien joueur de Manchester United et du Real Madrid, entre-autres, s’étonne qu’il gagne plus d’argent que les chercheurs. «J’espère que tous ceux qui sont à des niveaux extrêmement élevés pourront en tirer des enseignements et qu’il y aura moins d’inégalités à tous les niveaux.
C’est incroyable que je sois si bien payé pour faire du sport et que les gens qui essaient de trouver le remède contre quelque chose qui paralyse le monde, ne gagnent rien», a-t-il confié dans les colonnes du journal mexicain, Media Tiempo. Christian Gourcuff, l’ancien sélectionneur des Verts, plaide pour sa part pour une diminution du train de vie dans le monde du football. «Si on réduit les salaires de moitié dans le foot, personne ne sera sur la paille. Un joueur moyen de Ligue 1 peut gagner 80 000 euros par mois. On a de quoi voir venir», a-t-il analysé dans un entretien accordé, il y a deux jours au quotidien français, le Monde. Une chose est sûre, rien ne sera comme avant après le passe du coronavirus. Des experts avancent même que les transferts des joueurs à plus de 100 millions d’euros, ne seront plus qu’un souvenir à l’avenir. On ne paye rien pour attendre.
Ali Nezlioui






