La Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines antipersonnel et à la sensibilisation à la lutte antimines, est célébrée, aujourd’hui, en Algérie, où quelque 7300 victimes des mines datant de la Guerre de Libération nationale ont été recensées, plus de 8,8 millions de ces mines détruites et plus de 62 420 hectares nettoyés.
À cet effet, le rapport algérien annuel de 2019 remis à l’ONU, sur le sujet, a mis en exergue «les efforts inlassables» consentis depuis des dizaines d’années tant en nettoyage qu’en sensibilisation aux dangers de ces mines, «ayant fait 4830 victimes civiles algériennes durant la glorieuse Révolution algérienne et 2470 victimes après l’indépendance causant un taux d’invalidité à 20% au minimum». Le document fait une rétrospective de la question de la présence des mines antipersonnel en Algérie, notamment celles datant de la Guerre de Libération nationale (1954-1962), tend à restituer, dans le détail, les éléments de la pratique algérienne de lutte contre ces mines, et rend, «fidèlement», le développement du potentiel algérien, civil et militaire, mobilisé pour la cause du déminage humanitaire. Il a noté que les ministères des Moudjahidine, de la Santé et de la Solidarité nationale, chacun en ce qui le concerne, «continuent à assurer la pérennité des services de l’État envers les victimes des mines antipersonnel pour une gestion durable de la lutte contre les effets des mines». «Les droits à la pension pour toute victime nouvelle de mine antipersonnel datant de l’ère coloniale demeurent toujours ouverts, les pensions concédées au titre du dispositif légal institué par l’ordonnance 74-3 du 16 janvier 1974, modifiée, continueront à être servies de manière viagère et l’action sociale multiforme de l’État continuera à se développer, conformément, aux textes d’application des dispositions pertinentes de la Convention sur les droits des personnes handicapées», ajoute le document.
Le plus grand nombre des victimes recensé dans sept wilayas frontalières Le rapport relève que le plus grand nombre de victimes des mines antipersonnel a été recensé dans les principales régions frontalières touchées par le passage, à partir de 1956, des «Lignes Challe et Morice» (minage intensif des deux lignes), en l’occurrence, les wilayas d’El Tarf, Souk Ahras, Guelma et Tébessa (région Est) et les wilayas de Tlemcen, Naâma et Béchar (région Ouest). Selon l’étude du 17 octobre 2009 sur l’impact socioéconomique des mines antipersonnel, citée dans le rapport, 1625 victimes directes des mines antipersonnel ont été dénombrées dans ces sept wilayas frontalières dont 178 de sexe féminin. Parmi elles, 44% ont été atteintes dans les années 1960, 30% dans les années 1970, 13% dans les années 1980, 8% dans les années 1990 et 3% dans les années 2000. Au moment où s’est produit l’accident, 46,5% de ces victimes étaient des bergers, 23,6% étaient de passage, 0,4% conduisaient des engins et 29,5% vaquaient à d’autres activités. Limitée aux wilayas densément minées, cette étude a conclu que les mines antipersonnel et autres restes explosifs de guerre sont la cause de 2,05% des handicaps enregistrés dans ces zones par rapport à l’ensemble de la cohorte de la population handicapée des mêmes zones. Naâma est la wilaya dans laquelle le taux de ces victimes est, de loin, le plus élevé, avec 13,81%. La première victime post-indépendance de ces mines antipersonnel a été enregistrée le 8 juillet 1962 à Asla dans cette wilaya, où 292 victimes dont 26 de sexe féminin ont été déplorées. Toutes les zones connues nettoyées et les mines qui s’y trouvaient détruites Le rapport indique, par ailleurs, que «toutes les zones connues où la présence des mines antipersonnel était avérée ou soupçonnée ont été passées au peigne fin et, in fine, libérées et toutes les mines antipersonnel qui s’y trouvaient ont été détruites». Il est relevé que l’Algérie, bien avant la signature en 1997 de la Convention d’Ottawa sur la destruction des mines antipersonnel, a entamé dès 1963, une année après l’indépendance, et jusqu’à 1988, un déminage systématique des zones minées par l’occupant français durant la Guerre de Libération nationale ayant permis la découverte de 7 819 120 mines. Dans le cadre de la Convention d’Ottawa, l’Algérie a relancé, entre le 27 novembre 2004 et le 1er décembre 2016, le déminage des principales régions frontalières touchées par le passage des «Lignes Challe et Morice», ayant permis la neutralisation de 1 035 729 mines (au rythme mensuel d’enlèvement de plus de 1750 mines), le nettoyage de 12 418,194 hectares (ha) de terrains et le lancement des campagnes de reboisement sur les terres déminées. Il est relevé la destruction, entre 1963 et 1988 et entre 2004 et 2016, d’un total de 8 854 849 mines et le nettoyage de 62 421,194 ha de terrains. Le rapport explique, en outre, que le signalement de certaines mines de l’ère coloniale «provient essentiellement de citoyens qui alertent les autorités quant à la présence, en certains lieux, d’une ou de plusieurs mines coloniales». Des opérations ponctuelles sont montées aux fins de la récupération et la destruction des mines trouvées. Ainsi, du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2016, un total de 424 opérations du genre a été effectué ayant permis la neutralisation de 1948 mines antipersonnel d’origine coloniale.
Sur l’ensemble des 10 ans comptabilisés, un taux moyen de 0,22% de mines antipersonnel ont été découvertes et détruites en dehors des zones traversées par le barrage miné des «Lignes Morice et Challe». «Le rapport rappelle qu’«en charge exclusive du nettoyage des zones minées, l’Armée algérienne allait dégager et déployer ses unités spécialisées afin de pouvoir exécuter un 1er Programme national de mise en œuvre de l’article 5 de la Convention d’Ottawa qui courrait à avril 2012». «Ce Programme a, par la suite, été prolongé à avril 2017 par la 11e Assemblée des États parties en décembre 2011, à la demande de la partie algérienne», indique le document, relevant que le «1er décembre 2016, 5 mois avant la date butoir qui lui était fixée, l’Algérie honorait son engagement international, conciliant, par-là, les impératifs sécuritaires de la lutte contre le terrorisme avec ceux, humanitaires, véhiculés par la Convention d’Ottawa». Conformément, à la Convention d’Ottawa, «les unités spécialisées de l’Armée algérienne ont poursuivi, avec maîtrise, leurs interventions de déminage humanitaire à chaque fois et en tous lieux de signalement de présence des mines résiduelles». La Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction est entrée en vigueur en Algérie le 9 avril 2002. Depuis son ouverture à la signature en 1997, pas moins de 164 pays ont ratifié ou adhéré à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. La Journée internationale des victimes des mines, célébrée le 4 avril de chaque année, est l’occasion d’attirer l’attention sur les besoins des victimes de mines et de restes explosifs de guerre, a affirmé l’ONU. La lutte antimines ne consiste pas uniquement à éliminer les mines terrestres sur le terrain. Elle comprend aussi des mesures allant de la prévention contre le danger dans un environnement miné jusqu’à la promotion d’un monde sans mine, a insisté l’ONU. L’Algérie appelle, à l’occasion de la Journée internationale des victimes des mines antipersonnel, à l’universalisation de la Convention d’Ottawa visant la prévention contre le danger d’un environnement miné et la promotion d’un monde sans mine à l’horizon 2025.
- M.T.






