Plan d’action du gouvernement: Un processus global pour regagner la confiance du citoyen

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Le plan d’action du gouvernement, actuellement devant le Parlement, paraît comme un processus global en vue de restaurer la confiance perdue entre le pouvoir et le citoyen, et qui constitue la pierre angulaire de toutes les décisions qu’envisagerait de prendre le pouvoir exécutif, notamment en matière de consécration des libertés.

Pour le politologue Redouane Bouhidel, «le plan d’action du gouvernement promet beaucoup, ce qui en fait, en théorie, une plateforme de concrétisation des revendications du Hirak populaire, notamment en ce qui concerne les libertés et les droits qui sont, en soient, des questions constitutionnelles».

Estimant que le gouvernement actuel «est d’abord un gouvernement de crise», dont l’action est axée sur l’introduction de réformes «profondes» afin de surmonter la situation critique que traverse le pays, il a expliqué que, «la question du rétablissement de la confiance avec la base devient alors un impératif, voire une urgence», en ce sens que le facteur de  confiance «est le catalyseur de toutes les mesures qu’envisage de prendre, à l’avenir, le gouvernement et le fondement de sa réussite». A ce propos, il a indiqué que le processus de restauration de la confiance entre gouvernant et gouverné «passe inéluctablement par la garantie et la protection des libertés prévues dans la Constitution actuelle», soulignant que la teneur du plan d’action du gouvernement à ce sujet «fait d’une pierre deux coups, en étant un terrain pour l’action concrète, durant la prochaine étape, en matière de consécration des libertés et de l’indépendance de la justice, d’une part, et le prélude au projet de la révision constitutionnelle, d’autre part. Pour toutes ces raisons, les parlementaires, a-t-il ajouté «ont une responsabilité historique dans l’enrichissement de ce plan d’action à travers la critique constructive de toutes les insuffisances, qui pourraient être enregistrées, et la proposition d’alternatives réelles et des apports judicieux». S’agissant de l’indépendance de la Justice, l’analyste politique a relevé que les efforts déployés en matière lutte contre la corruption «ne peuvent être niés». Néanmoins, l’objectif suprême, a-t-il estimé est de permettre à la Justice de s’acquitter de ses missions «en toute indépendance et impartialité, loin des ordres d’en-haut, qui étaient aux yeux de beaucoup la particularité des périodes précédentes». Il a précisé, par ailleurs, que le plan d’action du gouvernement, «quand bien même il représente la vision du président de la République pour la solution à la crise et la concrétisation des engagements qu’il a pris et qui lui ont valu les voix des électeurs, il n’en demeure pas moins qu’il constitue un plan pour la sauvegarde du pays, à la lumière de la situation sécuritaire de crise aux frontières». Abondant dans le même sens, l’académicien et enseignant en sciences politiques, Si Bachir Mohamed considère que le plan d’action du gouvernement repose essentiellement sur une rupture avec toutes les pratiques de l’ancien régime, «qui ont eu pour conséquence la perte de confiance des citoyens, d’où le caractère capital de sa restauration sur laquelle son focalisées toutes les mesures que le gouvernement entend mettre en œuvre, notamment en matière de consécration et de promotion des libertés». Ce plan, poursuit Si Bachir, intervient comme une première étape avant la révision de la Loi suprême du pays, annoncée par le Président, Tebboune. Ces deux mesures visent, a-t-il ajouté «la construction d’un nouveau pacte social entre les Algériens, fondé sur la garantie des libertés dans le cadre de l’Etat de droit de manière effective». Au même titre, le plan d’action du gouvernement et la révision constitutionnelle prévue tendent à «aller vers une situation qui posera les jalons de la consécration de ces libertés dans toutes leurs dimensions comme la liberté d’élire, de candidater, de manifester pacifiquement, de critiquer l’action gouvernementale, d’imposer le contrôle aux modalités de dépense de l’argent public et autres», a-t-il souligné. Concernant l’indépendance de la Justice, Si Bachir a estimé qu’elle ne saurait se réaliser qu’à travers la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Selon lui, ce plan exécutif «trace les contours d’une vie politique à l’abri de la corruption et des opportunistes qui voient dans la politique un moyen de gain illicite». Reconquérir la confiance des citoyens est un défi majeur pour le gouvernement du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui s’est dit déterminé à atteindre cet objectif par «l’enracinement des valeurs d’éthique et de travail, la consécration de la notion de reddition des comptes et l’exercice des libertés». À ce propos, le Premier ministre avait affirmé, devant les membres de l’Assemblée populaire nationale (APN), que le gouvernement était conscient que le recouvrement de la confiance des citoyens «passe impérativement par un réel engagement à faire montre de franchise et de sincérité, loin de la désinformation et des fausses promesses». Le plan d’action du gouvernement met l’accent sur un «exercice plein des droits et libertés» à travers la consécration des principes tels que les libertés de réunion et de manifestation pacifique qui constituent «les principaux socles pour le renforcement et la consolidation des libertés démocratiques, qui couronneront le processus de réformes politiques profondes lancées depuis l’élection du président de la République». Au volet du renforcement du dialogue et de la concertation, «partant de son fort attachement aux valeurs de dialogue et au respect des engagements pris devant le peuple, le gouvernement s’engage à ériger la concertation avec les différents partenaires sociaux comme outil principal de gouvernance», de même qu’il s’engage à prendre les mesures visant la consécration de la volonté populaire, tel que le prévoit la Constitution.

Yasmina D. / Ag.