Liban face a la Crise

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De Paris par Albert Farhat

Le Liban pourrait se retrouver en défaut de paiement sur sa dette le 9 mars. Il doit en effet régler une échéance de 1,2 milliard d’euros et il n’est pas sûr de pouvoir payer. Dans le doute, l’association des banques du Liban (ABL) a demandé au gouvernement d’honorer cette échéance, pour préserver les intérêts des déposants, et la place du pays sur les marchés financiers mondiaux et maintenir des liens avec les créanciers.

Le Liban croule sous le poids d’une dette qui atteint 160 % du PIB, à 83 milliards d’euros. Le seul remboursement des intérêts représente chaque année 10 % du PIB.

Le pays traverse par ailleurs une crise politique : un mouvement de contestation de. Pour y répondre, le parlement a approuvé un nouveau gouvernement, dirigé par Hassan Diab, mais sans calmer les manifestants qui demandent un renouvellement total de la classe politique. Le nouveau gouvernement a indiqué avoir fait appel au Fonds monétaire international (FMI). Le FMI est disposé à fournir une assistance technique au Liban afin d’éviter un effondrement financier », a confirmé le porte-parole de l’institution.

Une mission du Fonds devrait arriver à Beyrouth dans les prochains jours afin de préparer un plan global pour gérer la crise. Le Liban a vécu depuis plusieurs années au-dessus de ses moyens grâce à l’argent de la diaspora libanaise qui travaille dans les pays du Golfe, et qui plaçait ses fonds dans les banques libanaises. Ces banques finançaient le déficit budgétaire et détiennent aujourd’hui quasiment 50 % de la dette du Liban.

Mais depuis le début de la contestation, cet argent de la diaspora n’arrive plus et la défiance s’est installée. La livre libanaise a perdu un tiers de sa valeur face au dollar. Les banques ont dû imposer une limite aux retraits d’argent, provoquant la colère des déposants. Et les agences internationales de notation ont dégradé la note du Liban, déjà classé comme un pays à risque. Mais ni l’Arabie saoudite, ni la France n’ont voulu apporter de l’aide au Liban sans avoir la garantie que le gouvernement était prêt à mettre en œuvre des réformes. Le nouveau gouvernement va devoir maintenant s’engager à prendre des mesures douloureuses.

Même s’il est aujourd’hui très impopulaire, le gouvernement libanais va être obligé de couper dans les dépenses et d’augmenter les impôts. Cela signifie la fin des subventions au prix de l’électricité et une augmentation de la TVA, parmi les principales mesures qui sont évoquées.

Le gouvernement libanais pourrait aussi décider d’un contrôle des changes et d’une taxe sur les dépôts bancaires. Cette mesure pourrait fragiliser encore un peu plus les banques, au risque de les pousser vers la faillite.

Pour éviter l’effondrement de l’ensemble de l’économie, le pays doit obtenir une aide financière pour se maintenir à flot et engager les négociations pour une restructuration de sa dette. Pour l’obtenir, il va devoir s’attaquer aux principaux maux du pays : la corruption et la faiblesse du tissu industriel, qui fait que la balance commerciale du pays est structurellement déficitaire. Le Liban n’a plus le choix et se trouve au pied du mur, un peu comme la Grèce ou le Portugal il y a quelques années.