Plusieurs économistes ont débattu, ce lundi à Alger, lors du «Forum de l’industrie algérienne», des perspectives de l’économie nationale en vue d’élaborer un «plan d’action» durable qui puisse, ont-ils affirmé, accompagner la nouvelle politique économique du pays vers ses objectifs de croissance. Cette première rencontre de trois jours doit être couronnée par l’installation d’un Conseil scientifique regroupant des économistes algériens et qui aura pour mission d’analyser et d’émettre des propositions concrètes aux institutions de l’Etat et aux opérateurs privés dans la perspective d’accompagner la nouvelle démarche de développement économique en Algérie. Parmi ces experts figurent Chems Eddine Chitour, Alexandre Kateb, Rafik Bouklia-Hacen et Abderrahmane Mebtoul qui font partie du groupe d’économistes ayant contribué avec le gouvernement à l’élaboration du «Nouveau modèle économique de croissance». Par la suite, une deuxième réunion est pré- vue et devrait regrouper des experts, des opérateurs économiques, les organisations patronales et le gouvernement afin de mettre en œuvre «un plan d’action commune en passant par la création d’une cellule de planification stratégique qui réunit l’ensemble de ces acteurs», selon les organisateurs du forum. Ce plan d’action destiné à accompagner la mise en œuvre du nouveau modèle économique portera sur des démarches pratiques à même d’assurer le passage d’une industrie importatrice vers une industrie exportatrice, le développement des partenariats public-privé, la promotion des compétences industrielles ainsi que l’augmentation de l’attractivité du pays pour les capitaux étrangers. Pour Mebtoul, «la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance sont les deux mots clés pour réussir un tel défi». Pour sa part, l’économiste Alexandre Kateb a appelé à une «refonte» de la réglementation de manière à rendre plus souple l’investissement et encourager l’émergence de champions nationaux. Le Pr Chitour a insisté sur le rôle de la formation dans la réussite de la nouvelle politique économique, estimant que l’Algérie qui comptait 500 étudiants à l’Indépendance en compte 1,5 million aujourd’hui, mais sans que ce progrès soit synonyme d’une amélioration de la qualité de l’enseignement. «Il faut comprendre que l’énergie n’est plus prépondérante dans l’économie mondiale, c’est en revanche l’économie du savoir qui a pris la relève», a-t-il soutenu. Il faudrait également rétablir l’enseignement des sciences exactes et, notamment les mathématiques et encourager et valoriser l’enseignant, notamment sur le plan socio-professionnel, plaide Chitour. De son côté, l’exPDG de la SNVI (Société nationale des véhicules industriels) Mokhtar Chehboub a estimé que le choix des autorités algériennes relatif à l’encouragement de l’industrie d’assemblage des véhicules «limitait l’intervention des 200 PMI de sous-traitance opérant dans ce domaine». Pour cette raison, il préconise un passage rapide vers une autre étape, celle d’une industrie automobile assurant un taux d’intégration important. Le deuxième jour du forum sera consacré à l’industrie numérique tandis que le dernier jour verra l’élaboration des résolutions par le Conseil scientifique.