La campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre a pris fin, hier à minuit, après 3 semaines de compétition entre les candidats, lors desquelles ils ont œuvré à «faire la promotion» de leurs programmes électoraux et des «solutions» proposées pour le règlement de la crise que traverse le pays.
Lancée le 17 novembre dernier, la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre a pris fin et ce, en application des dispositions de la loi organique portant régime électoral qui stipule dans son article 173 que «la campagne électorale est déclarée ouverte 25 jours avant la date du scrutin et s’achève 3 jours avant la date du scrutin». Lorsqu’un deuxième tour du scrutin est organisé, la campagne électorale des candidats «est ouverte 12 jours avant la date du scrutin et s’achève 2 jours avant la date du scrutin». La campagne a été marquée par le respect de «la charte d’éthique des pratiques électorales» par les candidats, laquelle définit une série de normes régissant le processus électoral, en vue de garantir les critères de régularité, de transparence et d’équité entre les candidats, en bannissant tout comportement pouvant compromettre la crédibilité du scrutin. La campagne s’est distinguée aussi par l’organisation d’un débat télévisé entre les candidats à la présidentielle, une première en Algérie. Les concernés ont présenté, trois heures durant, leurs propositions pour chaque secteur, en tentant de prouver qu’il s’agit des solutions les plus appropriées et plus efficaces pour le règlement de la crise multidimensionnelle que vit le pays. Les candidats adaptent leurs discours et revoient leurs enjeux au fil de la campagne électorale Evaluant les différentes étapes de la campagne électorale, Redouane Bouhidel, enseignant à la faculté des sciences politiques à l’université d’Alger considère que la campagne a démarré «prudemment», vu les appréhensions quant à un choc avec le Hirak populaire qui compte des personnes opposées à l’organisation de cette élection dans la conjoncture actuelle». Les candidats, en tentant d’attirer ces personnes, avaient tenu des discours superficiels dans lesquels ils se contentaient de les appeler à se rendre aux urnes, au lieu de détailler leurs programmes. Aussitôt, le compte-à-rebours enclenché, les candidats ont commencé, dès la deuxième semaine de la campagne électorale, à «conférer une profondeur» à leurs discours, en tentant «de convoiter la masse silencieuse qui peut se décider à la dernière minute», une option qui s’est confirmée en raison de «la difficulté de gagner la confiance des personnes opposées à l’organisation des élections». La cadence s’est accélérée lors des troisième et dernière semaines de la campagne électorale, particulièrement sur les réseaux sociaux, un espace où les candidats ont tenté de faire la différence, vu «la convergence des points proposés». Concernant le débat télévisé organisé par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Bouhidel qui l’a qualifié de «formel et symbolique», a estimé également qu’il était «rigide et généraliste», mais reste, en dépit de tout, une première expérience à valoriser pour la consacrer en tradition à même de réunir à l’avenir les adversaires politiques autour d’une même table. Pour sa part, l’expert Mohamed Lakhdar Maougal a refusé de dresser un tableau du déroulement de la campagne électorale, affirmant que «bien que les promesses des candidats aient été irréalistes et exagérées parfois, au vu de la crise que traverse le pays», «les procès en cours intentés aux individus impliqués dans les dossiers de corruption ont démontré que l’Algérie dispose des ressources financières et qu’il incombe au prochain président de la République d’agir avec sagesse et clairvoyance afin de faire sortir le pays de cette crise». «Pour avoir une idée objective de l’acceptation par le peuple de cette élection, il faut d’abord avoir une vision globale du déroulement de la campagne électorale, qui va au-delà de la capitale et des grandes villes». Il a évoqué à cet effet «l’écho» qu’ont eu certains meetings populaires au niveau de plusieurs wilayas par rapport à d’autres, estimant qu’«Alger n’est pas l’Algérie profonde». L’heure est au silence pour les candidats à la présidentielle à partir d’hier à minuit Les cinq candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre sont tenus d’observer la période de silence électoral qui débutera ce lundi, soit trois jours avant la date du scrutin, conformément à la loi organique portant régime électoral.
En effet, aux termes de l’article 173 du code électoral, et «sauf le cas prévu a l’article 103 (alinéa 3) de la Constitution, la campagne électorale est déclarée ouverte 25 jours avant la date du scrutin» et «s’achève 3 jours avant la date du scrutin» ou «2 jours en cas d’organisation d’un second tour». Selon l’article 174, «nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, faire campagne en dehors de la période prévue à l’article 173 de la présente loi organique». En outre, l’article 181 stipule que «la publication et la diffusion de sondages portant sur les intentions de vote des électeurs et les cotes de popularité des candidats, à moins de 72h à l’échelle nationale et 5 jours pour la communauté nationale établie à l’étranger, avant la date du scrutin, sont interdites». Les différents acteurs participant au processus électoral ont signé avant le début de la campagne électorale une charte d’éthique des pratiques électorales, élaborée par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). En vertu de cette charte, ils s‘engagent à respecter les dispositions légales interdisant aux candidats Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Abdelmadjid Tebboune et Azzedine Mihoubi de faire campagne par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, en dehors de la période légale, notamment durant la période de trois jours précédant le jour du scrutin. Le respect de la période de silence électoral concerne également les médias nationaux audiovisuels, de la presse écrite et électronique. La charte contient les principes directeurs et les pratiques particulières qui forment le cadre du comportement moral attendu des acteurs et personnes participant au processus électoral. Elle est fondée sur le respect «profond et durable» du processus démocratique et sur l’observation des lois et textes subséquents qui codifient les règles des élections et des campagnes électorales. Le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, avait indiqué que l’instance «n’avait relevé aucun dépassement» depuis le début de la campagne électorale, appelant toutes les parties à «adopter le civisme sans le recours à la violence, en dépit des différents points de vue au sein des composante de la société». Charfi a relevé que «les partisans du boycott ont le droit d’exprimer leur opinion sans toutefois porter atteinte aux droits des autres et leur intérêt à participer aux élections». Le dernier week-end de la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre a été marqué par un débat télévisé réunissant les cinq candidats en lice, qualifié d’«historique et de première en Algérie» par des titres de la presse nationale.






