Des marches pacifiques estudiantines, organisées dans plusieurs wilayas en soutien au mouvement populaire (Hirak) du 22 février dernier, ont été marquées par le rejet de toute élection présidentielle avant le départ de « tous les responsables et anciennes figures du système », a –t-on constaté. A Oran, des dizaines d’étudiants ont appelé au « départ de tous les anciens symboles du régime », soulignant que cette revendication était un préalable à l’organisation d’un scrutin présidentiel.
Rejoints par des enseignants et des citoyens, ils ont insisté sur la nécessité du « départ des figures de proue du système et de remettre le pouvoir au peuple ». Brandissant l’emblème national, les jeunes manifestants ont scandé les slogans habituels appelant à « la mise en place d’un Etat civil », « la fin du régime des bandes » et à « la remise du pouvoir au peuple ». Aussi, ils ont revendiqué « la liberté d’expression » et « la levée des contraintes sur le 4ème pouvoir », et rejeté « des élections avant le départ de la issaba (de la bande) ». Dans la wilaya de Mostaganem, un rassemblement d’enseignants, d’étudiants et de citoyens a été organisé à la place de l’Indépendance, au chef-lieu de wilaya, pour appeler au départ de tous les symboles du système, insister sur le caractère civil et républicain de l’Etat, et réitérer leur soutien aux revendications du Hirak. Les enseignants et les étudiants avaient précédemment dans la journée organisée un débat sur les derniers développements de la scène politique nationale au sein du campus universitaire. Dans la wilaya de Nâama, une vingtaine d’étudiants à peine a pris part à un sit-in à la place de l’Indépendance, proche du centre universitaire pour exiger l’instauration d’un Etat de droit. Dans l’est du pays, des petits groupes d’étudiants, auxquels se sont joints des anonymes, ont marché pacifiquement, réitérant leur « refus » d’organiser la présidentielle « tant que les anciens symboles du régime sont maintenus ». A Constantine, une soixantaine de personnes, entre étudiants et autres, a défilé en scandant des slogans tels que : « presse libre, justice indépendante », « FLN, RND dégage » et « pas d’élections avec les gangs ». Dans la wilaya de Sétif, ils étaient environ 30 étudiants, entre enseignants universitaires et autres citoyens, à se rassembler pour réclamer, une nouvelle fois, le « changement du système » en lançant des « vive l’Algérie », « Ya chahid soit serein, nous poursuivons la lutte » et autres slogans réfutant la situation politique actuelle. Les manifestants ont également distribué des livrets en arabe et en français faisant ressortir des propositions émises par certains professeurs d’université, appelant à la désignation de représentants du Hirak dans les différentes wilayas du pays, un amendement de la Constitution avant la prochaine élection présidentielle et une révision de la loi électorale. Les manifestants à Annaba, qui n’excédaient pas 50 personnes, se sont regroupés sur le Cour de la Révolution, au centre-ville. Ils ont scandé, brandissant le drapeau national, des slogans rejetant l’élection présidentielle « en présence des symboles du gang », de même qu’ils ont fait état de leur refus du dialogue « formel » initié par l’instance dirigée par Karim Younis. A Skikda aussi, des centaines de citoyens se sont joints aux étudiants dans une marche pacifique, exigeant le départ des responsables de la wilaya, en particulier après les inondations importantes qu’a connues la ville et ses environs suite aux dernières intempéries, lesquelles ont mis à jour, selon eux, la « politique de bricolage » appliquée par les autorités
locales. Les manifestants ont également scandé des slogans critiquant les autorités locales, tels que : « wilaya corrompue, ils ont vendu le pays », « vous avez sali le pays, bande de voleurs », en arpentant Didouche Mourad, la rue principale de la ville, avant de s’arrêter devant le siège de la commune, au milieu d’un dispositif sécuritaire important. Dans le centre du pays, les marches estudiantines ont été notamment observées dans les wilayas de Béjaia et de Tizi Ouzou, au cours desquelles les jeunes manifestants ont réaffirmé leur soutien aux revendications du mouvement populaire en faveur d’un changement radical du système et d’une période de transition nécessaire à la mise en place des conditions à même de jeter les jalons d’un Etat démocratique et de droit. Les marcheurs ont réitéré, à travers des slogans scandés ou écrits sur des banderoles et des pancartes, leur rejet de la présidentielle avec la Constitution actuelle, avant une période de transition et l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui rassemblera tous les Algériens ». « Liberté de la presse et de la justice », « transition démocratique et citoyenne », « pour un Etat civile », « libération des détenus d’opinion », sont les principales revendications mises en avant lors de ces marches.
Tassadit Ouknouh