23é marche des étudiants à Alger: Une mobilisation moins nombreuse que d’habitude

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Alger 30.07.2019 Manifestation des étudiants à Alger. Ph :Fateh Guidoum / PPAgency

Un millier d’étudiants, beaucoup moins que lors des précédentes marches ont arpenté, Mardi 30 Juillet, pour la 23 fois, des rues du centre d’Alger. Même le dispositif sécuritaire a été allégé. Même le tunnel des facultés n’a pas été fermé cette fois ci. Les protestataires sous un soleil de plomb ont à nouveau scandé les habituels slogans comme « Etat civil, non militaire » et « pas de dialogue avec le gang ».

Sur les banderoles déployés on pouvait lire en français et en arabe: « Inébranlables, nous rejetons le gang », « Vous nous avez accueillis avec la répression, nous avons répondu par le sourire » et « étudiants mobilisés pour libérer l’Algérie ».La marche a débuté vers 10h à Place des martyrs. Des dizaines d’étudiants, entourés d’une foule compacte de citoyens, débattaient du dialogue que sous la direction de Karim Younes, des personnalités s’apprêtent à conduire. Visiblement, l’initiative ne semblait susciter un enthousiasme débordant.  De Bab Azzoun à la Grande poste, en passant par la rue Ben M’Hidi, le boulevard Amirouche, « Yetnahaw ga3 », « », « Article 7, pouvoir au peuple », ont fusé.  un  étudiant en 3e année droit à Alger n’a raté aucune marche. «  La plupart de mes camarades sont partis  », confie t-il. « J’ai voulu sacrifié mes vacances pour une cause noble. Je veux faire entendre ma voix en rejetant tout représentant du hirak, notamment ceux qui ont déjà travaillé pour le gouvernement », a-t-il affirmé, comme   écho à beaucoup de ses camarades.   Les étudiants se sont dispersés sans incident en début d’après-midi.

Libérer “les otages”

Alger 30.07.2019
Manifestation des étudiants à Alger.
Ph :Fateh Guidoum / PPAgency

“Karim Younes, dégage dégage! Pas de dialogue avec le gang au pouvoir” ou encore “Quelle honte! le gang dirige le dialogue”, ont longtemps scandé les étudiants à leur tour.  De nombreux étudiants exigent comme préalable la libération des détenus d’opinion, dont les manifestants placés en détention provisoire pour avoir brandi un drapeau amazigh. Samy, un étudiant en génie mécanique et pour qui les détenus d’opinion sont des “otages”, estime que le pouvoir voit en ces prisonniers une carte de négociation.  “Le pouvoir les a mis en prison exprès. Comme ça, il présentera leur libération comme une concession si jamais il y a un dialogue”, a-t-il affirmé. Mais même s’il s’agit d’une “ruse”, Samy trouve que la libération des détenus doit précéder tout dialogue.  D’autres manifestants dénoncent la présence de personnes “indésirables” au sein de ce panel, comme Bouzid Lazhari qui a soutenu toutes les triturations de la constitution opérées par l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.  “Bouzid Lazhari représente un grand problème dans ce panel”, trouve un manifestant quadragénaire venu renforcer les rangs des étudiants. “Quand tu regardes le visage de Lazhari, tu comprends comment fonctionne ce système”, ironise un autre.  Certains nuancent par contre et estiment que le plus important reste l’objectif du dialogue. “Pour moi les personnes ne comptent pas trop. Ce qui m’intéresse, c’est le fait qu’ils accomplissent leur mission”, explique Maya. Et d’ajouter: “C’est pour cette raison que la mobilisation doit se poursuivre: Quelque soit la personne qui doit faire face au pouvoir, elle sait qu’il y a un peuple derrière elle et si elle fait une erreur, nous serons là pour lui dire de dégager!”.

Alger 30.07.2019
Manifestation des étudiants à Alger.
Ph :Fateh Guidoum / PPAgency