Après la constitution du panel de dialogue: La classe politique divisée

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9e vendredi de manifestations (Photo: Fateh Guidoum / PPAgency)

 

 L’annonce par la présidence de la République du panel des personnalités devant conduire le dialogue en vue d’une sortie de crise, a été diversement apprécié par la classe politique qui reste divisée aussi bien sur la composante que sur la démarche.

Ainsi, le FLN, par la voix de son secrétaire général, Mohamed Djemaï, a appelé tous les acteurs politiques à adhérer au dialogue national que l’Etat compte lancer en vue de « surmonter la situation actuelle et faire face aux menaces qui guettent le pays ». M. Djemaï a réitéré le soutien de sa formation politique à la feuille de route du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah concernant le lancement des concertations « sérieuses et sincères » en vue d’aboutir à une plateforme de consensus et à l’organisation d’une élection présidentielle libre et régulière », appelant tout un chacun à « adhérer à ce dialogue national en vue de surmonter la situation actuelle et faire face aux différentes menaces qui guettent le pays ». Saluant les différentes initiatives lancées par la société civile et ses propositions relatives aux personnalités nationales actives pour renforcer le dialogue, il a estimé que le dialogue national ‘ »est la voie idoine pour parvenir à un consensus autour de toutes les questions y compris l’élection présidentielle ». « L’Algérie a besoin aujourd’hui d’une issue constitutionnelle et ne supporte plus de retard pour répondre aux revendications populaires », a expliqué M. Djemaï, soutenant que « l’issue constitutionnelle, prônée par son parti, est à même d’éviter le chaos au pays ». Après avoir mis en garde contre les tentatives de certaines parties voulant déstabiliser en portant atteinte à l’Armée qui a préservé le caractère pacifique du hirak populaire, a appuyé ses revendications légitimes et s’est attachée à accompagner la justice dans la lutte contre la corruption, » le SG du FLN a souligné que l’institution militaire « accomplit pleinement ses missions constitutionnelles ». Dans le même contexte, il a affirmé que « ces aventuriers s’emploient à entamer la confiance entre le peuple, son Armée et son Commandement pour faire plonger le pays dans une spirale dont les conséquences sont imprévisibles ». M. Djemaï s’est engagé à œuvrer à préserver l’unité du parti ‘ »sans exclusion » loin « de des disputes et des confrontations ». De son côté, le RND a affirmé que l’annonce de la liste des personnalités nationales appelées à diriger le dialogue national « se veut une réponse de bonne foi à la volonté du peuple algérien en faveur du changement et de l’édification d’un Etat fort ». Le RND a accueilli favorablement l’annonce par le chef de l’Etat de la liste des personnalités nationales indépendantes qui superviseront la direction du dialogue national et la mise en place d’une plateforme solide permettant aux acteurs nationaux de la classe politique, la société civile et les forces vives de présenter leurs idées et leurs visions. Le parti estime que cette démarche se veut « une réponse de bonne foi à la volonté du peuple algérien en faveur du changement et de l’édification d’un état fort et solide, d’une République de principe et d’une démocratie participative ayant pour référence la Déclaration du 1er Novembre », souligne la même source. Il a précisé que cette démarche intervient « en consécration des efforts de l’Armée nationale populaire (ANP) qui n’a de cesse d’appeler à l’impératif d’adopter le moyen du dialogue pour sortir de cette conjoncture et en éviter les complications ». La même formation politique a estimé, en outre, que l’annonce de la liste des personnalités nationales « est une amorce pour jeter les ponts de confiance et d’agir positivement avec toute démarche devant accélérer le retour des institutions de l’Etat à leur état naturel en prenant des mesures rassurantes et arrêtant un calendrier clair pour parvenir à l’institution d’une instance nationale indépendante pour l’organisation des élections en adaptant les lois y afférentes aux mieux des nouvelles évolutions ainsi qu’à l’organisation d’une élection présidentielle pour être le début d’une nouvelle République ». En revanche, le FFS a qualifié la désignation de ce panel de « manœuvres d’autoritarisme du régime à travers lesquelles il vise à duper l’opinion publique nationale et internationale ». Le FFS souligne qu' »un pouvoir de fait, vient de dévoiler une liste de six membres chargés de mener un pseudo dialogue en vue d’imposer un scrutin présidentiel au seul profit du régime ».

Le FFS  exige « la libération inconditionnelle de tous les détenus politiques et d’opinion » et « rappelle que seul un climat de confiance effectif ouvrirait la voie à un dialogue global, sérieux et transparent qui prend en compte les revendications du mouvement révolutionnaire populaire »

Pour le plus vieux parti de l’opposition, « cette commission n’a de mandat que celui que les décideurs lui ont attribué afin d’encadrer un dialogue imposé au pas de charge » et que « les demandes de mesures de détente annoncées sont largement insuffisantes. Elles ne peuvent en aucun cas cacher les manœuvres autoritaires du régime à travers lesquelles il vise à duper l’opinion publique nationale et internationale ». Le FFS  exige « la libération inconditionnelle de tous les détenus politiques et d’opinion » et « rappelle que seul un climat de confiance effectif ouvrirait la voie à un dialogue global, sérieux et transparent qui prend en compte les revendications du mouvement révolutionnaire populaire ». Pour le même parti, « par ce simulacre de dialogue annoncé, les tenants du pouvoir essayent encore une fois de gagner du temps pour détourner la population de sa revendication principale qu’est son autodétermination ». Le Panel de personnalités nationales appelé à conduire le dialogue national inclusif avait affirmé que ce dialogue constitue le seul moyen à même de garantir une sortie pacifique de la crise, à la hauteur des aspirations du peuple algérien. A cet égard, l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Karim Younes, a déclaré que les personnalités en question ont fait savoir que leur participation à cet effort collectif pour sortir de cette crise découlait de leur « engagement devant la nation et au peuple », soulignant que le dialogue national était « le seul moyen à même de garantir une issue pacifique à la hauteur des aspirations des Algériens et Algériennes ». Il a indiqué dans ce sens, que « nous insistons, en tant que commission, sur le fait que ce dialogue auquel a appelé le Chef de l’Etat, doit intervenir en réponse aux revendications légitimes du peuple, sorti manifester pour revendiquer une Algérie démocratique et nouvelle, comme le souhaitaient nos aïeuls, artisans de la Révolution de Novembre ». Ce Panel de personnalités, composé de Mme Fatiha Benabbou, M. Lalmas Smaïl, M. Lazhari Bouzid, M. Abdelwahab Bendjelloul et M. Benaïssa Azzedine, a fait savoir qu’il était « conscient de l’ampleur du blocage politique que vit le pays actuellement », mettant en avant toutes les précédentes initiatives pour un dialogue. Ces personnalités ont tenu à souligner qu’elles n’étaient pas représentantes du Hirak populaire, ni ses porte-parole, affirmant avoir accepté cette mission « en toute liberté ». Les membres du Panel des personnalités appelées à conduire et à mener le dialogue national ont mis l’accent sur l’impératif pour l’Etat de prendre des mesures d’apaisement à même de créer un climat devant conduire nécessairement à un dialogue sincère qui exprime les vœux et les revendications populaires et qui mènerai à l’organisation d’une élection présidentielle transparente, régulière et libre dans les plus brefs délais ».

 

Le chef de l’Etat, Abdelakder Bensalah, a fait part de sa « disponibilité » à prendre des mesures d’accompagnement et d’apaisement en réaction aux préoccupations soulevées par le Panel

Parmi les mesures auxquelles elles ont appelé: « la libération de tous les détenus du hirak », « la levée de toutes les formes de pression sur les médias », et « la garantie de toutes les conditions et les facilitations à même de permettre aux citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels dans les manifestations et les rassemblements pacifiques ». Lors de cette rencontre, plusieurs questions relatives aux revendications populaires dont celles liées au Gouvernement ont été évoquées, a fait savoir M. Karim Younes. Le chef de l’Etat, Abdelakder Bensalah, a fait part de sa « disponibilité » à prendre des mesures d’accompagnement et d’apaisement en réaction aux préoccupations soulevées par le Panel. En réaction à une sollicitation des membres du Panel sur les mesures d’accompagnement et d’apaisement qu’il y a lieu de prendre, le chef de l’Etat a fait état de sa disponibilité à œuvrer pour inviter la justice à examiner la possibilité d’élargissement des personnes, dont l’interpellation s’est faite en lien avec le déroulement des marches populaires, à envisager l’allègement du dispositif mis en place par les services de sécurité pour garantir la liberté de circulation dès lors que cet allègement ne porte pas préjudice à l’impératif de préserver l’ordre public, et la protection des personnes et des biens lors des marches populaires ». Il a également fait part de sa disponibilité à « faire prendre les mesures de nature à faciliter l’accès aux médias publics à toutes les opinions, à travers l’organisation des débats contradictoires et ouverts à toutes les expressions politiques, sans exclusive ». Les membres du Panel ont également évoqué d' »autres préoccupations soulevées au niveau de la scène politique, lesquelles ont recueilli l’intérêt du chef de l’Etat qui s’est engagé à les prendre en charge conformément aux dispositions de la Constitution et aux lois de la République. La présidence de la République avait assuré, à ce propos, que les participants à ce dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatifs, réglementaires et organisationnels de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision.

T. Benslimane