Ce qu’a accompli l’équipe nationale jusque-là n’est rien devant ce qu’il l’attend désormais en Egypte. Tout le monde en est conscient, le staff technique en premier. Lui qui ne veut rien changer à ses habitudes de préparation, ni à sa routine.
Il ne faut surtout pas s’emballer après deux victoires enregistrées durant le premier tour. Certes, l’EN est sur la bonne voie, mais son acquis à ce stade de la compétition est tellement menu qu’il peut s’envoler comme une brindille dans la brise d’un soir mouvementé. Comme l’a souvent répété Djamel Belmadi, l’EN n’a rien gagné ces dernières années pour prétendre à un statut de super favori. Elle poursuit son ascension doucement sans s’enflammer en ayant toujours les pieds sur terre. Certains ont tendance à bruler les étapes se voyant déjà en finale. L’engouement autour de l’équipe nationale est normal et légitime, à condition toutefois de ne pas tomber dans la démesure. Soyons réalistes, aujourd’hui plusieurs nations peuvent gagner la CAN. La compétition est assez ouverte comme l’ont été d’ailleurs, les éditions précédentes. La nouveauté cette fois est que l’Algérie fait partie des prétendants. Tous les observateurs s’accordent à le dire. Le mérite revient au coach qui a su mobiliser le groupe autour de son projet, mais aussi aux joueurs dont l’implication et l’assiduité n’est plus à démontrer. La venue de Djamel Belmadi à la barre technique de l’EN a complètement changé la donne. Alors qu’ils n’y croyaient plus, Mahrez et ses camarades ont repris confiance en leurs capacités et dans le groupe, suite au discours rassembleur de leur coach. Le déclic s’est produit lors du match gagné à Lomé contre le Togo, comme l’a confié hier Djamel Belmadi lors de sa conférence de presse tenue au Caire. A partir de là, la mauvaise passe vécue avec les anciens coachs des Verts s’est estompée petit à petit pour laisser la place à un vent de changement. Mais rien n’aurait pu être accompli s’il n’y avait pas une adhésion et un investissement de la part des joueurs. Ces derniers ont toujours un rôle prépondérant à jouer, car ils sont les principaux acteurs sur le terrain. Si aujourd’hui, ils se donnent à fond, font preuve d’abnégation, n’hésitent pas à se sacrifier pour leurs camarades, c’est parce qu’ils croient en leurs moyens. C’est cet état d’esprit qu’il faudra garder jusqu’au bout. Après, même si on ne remporte pas le trophée, on aura au moins le sentiment du devoir accompli et pas de regrets. C’est le plus important dans le sport. Il est nul besoin ici de revenir sur la performance des uns et des autres, depuis le début de la CAN. Sa force, cette équipe la tire de son collectif solidaire. Tout le monde jusqu’à présent fait sa part du boulot et s’efface devant l’intérêt général. Ce qu’on ne voyait pas par le passé. Victoires aidant, les liens se renforcent à l’intérieur du groupe pour former une seule famille, loin des clans et les querelles inutiles, pro-joueurs locaux, qui ont tellement fragilisé l’équipe nationale ces dernières années. Il s’agit à présent de garder cette dynamique et ne pas trop chambouler le onze. Certains suggèrent de laisser au repos tous les titulaires au repos et aligner les remplaçants contre la Tanzanie. On ne sait pas ce qu’en pense Belmadi, il n’a pas voulu se prononcer à ce sujet, hier, pur ne pas dévoiler ses cartes, comme à l’accoutume. Mais il faut savoir qu’ n’est jamais conseillé de changer l’ossature d’une équipe qui a le vent en poupe. Il risque d’y avoir une cassure. Ce n’est pas le moment de perdre le rythme, alors qu’on s’apprête à aborder les choses sérieuses avec le début des matches couperet.
Ali Nezlioui