Énergie nucléaire: « Son exploitation à des fins pacifiques est un choix  stratégique aux répercussions minutieusement étudiés » affirme  Arkab

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Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab a  affirmé, que l’exploitation de l’énergie nucléaire à des fins  pacifiques par l’Algérie était un choix stratégique dont les répercussions  sur l’environnement et la santé de l’Homme sont minutieusement étudiées.

Répondant aux interrogations des membres du Conseil de la nation sur le  texte de loi relatif aux activités nucléaires lors d’une plénière présidée par Salah Goudjil, président du Conseil par intérim, M. Arkab a précisé que  l’Algérie ambitionnait d’exploiter l’énergie nucléaire -qui est une énergie propre- dans des domaines pacifiques, à l’instar de la production de l’électricité, la santé, les soins, l’agriculture et les ressources en eau,  indiquant que le texte de loi a été élaboré avec la participation de plusieurs départements ministériels, y compris les ministères de la Santé et de l’environnement. « Lors de l’élaboration du projet de loi, nous n’avons négligé aucun aspect  notamment en ce qui concerne les questions souveraines de l’Etat ou encore la protection de l’environnement et de l’homme », a assuré le ministre. Les stations nucléaires en activité à l’échelle internationale sont de petites stations dont la capacité ne dépasse pas 1.000 mégawatts et sont  équipées des moyens nécessaires pour la protection de l’environnement, a-t-il relevé. Concernant les centres de recherche en énergie nucléaire de Draria (Alger) et de Birine (Djelfa) envers lesquels la majorité des intervenants ont exprimé leurs appréhensions quant aux répercussions de leurs  rayonnements et de leurs déchets sur la population, M. Arkab a fait savoir que « ces deux réacteurs ont été réhabilités à hauteur de 100% en collaboration avec des partenaires de Chine et d’Argentine ». « Nous possédons aujourd’hui deux réacteurs modernes prêts pour une utilisation sécurisée pour l’environnement et la population », a assuré le ministre.  Pour ce qui est de l’opération d’élimination des déchets et des rayonnements nucléaires, il a précisé que le Commissariat à l’énergie atomique (COMENA) a « une bonne maîtrise » dans ce domaine, ajoutant que les rapports de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) étaient très positifs concernant la capacité de l’Algérie à maitriser ce domaine.  Depuis plus de dix ans, la réalisation de tout programme en Algérie est conditionnée par l’élaboration d’une étude qui prouve son respect de l’environnement, a-t-il souligné, relevant que les textes d’application de cette loi, après son adoption par le Conseil, mettront l’accent sur la protection de l’environnement.

L’Algérie ambitionne de produire 6% de son électricité à  partir de l’énergie nucléaire

L’exploitation de l’énergie nucléaire en Algérie, permettra de  réduire les quantités de gaz naturel destinées à la production de  l’électricité et leur réorientation à la consommation locale et l’exportation.   L’Algérie produit actuellement 140 milliards M3 de gaz naturel, dont 45 milliards m3 destinés à la consommation locale, 40 milliards M3 pour les  activités de Sonatrach et 20 milliards M3 à la production de l’électricité, le reste de la production étant consacré à l’exportation. Le pays recourt pour la production de son électricité, estimée à  20.000 MW/An, au gaz naturel à hauteur de 99%, a rappelé le ministre. Commentant ces données, M.Arkab a indiqué que « les quantités de gaz consommées localement, sont très importantes, et pour réaliser notre  sécurité énergétique, nous devons préserver le gaz en exploitant l’énergie nucléaire dans la production de l’électricité ». L’Algérie ambitionne de produire 77 % de son électricité à partir du gaz et du pétrole, 20% à partir de l’énergie solaire et 6% à partir de  l’énergie nucléaire, des taux correspondant aux moyennes en vigueur dans le monde. Il a expliqué, dans ce sens, le retard pris par l’Algérie pour l’exploitation de cette énergie alternative par la nécessité de prendre le temps nécessaire à l’examen de l’ensemble des aspects du projet et la  formation des ressources humaines, a précisé le ministre. « Nous disposons aujourd’hui de ressources humaines compétentes dans ce domaine et des technologies de hauts niveaux, avec des partenariats stratégiques avec les partenaires mondiaux », a rassuré le ministre. Par ailleurs, il a estimé que l’Algérie n’aurait pu être en mesure de  s’orienter vers l’exploitation de l’énergie nucléaire à fins pacifique sans sa position de puissance dans la région, les pays faible ne pouvant pas s’orienter vers ces énergies. « Notre force est puisée de notre armée, la plus forte dans la région, capable de protéger les infrastructures et les centres nucléaires », a-t-il souligné. Interrogé sur les questions relatives aux effets néfastes des essais  nucléaires effectuées par le colonisateur français à Reggan (Adrar), il a affirmé que l’Algérie ne ménage aucun effort pour assainir cette région des effets provoqués par ces essais. La majorité des membres du Conseil ont salué, dans leurs interventions sur le texte de loi, l’orientation vers l’énergie nucléaire au regard de ces effets positifs sur l’économie nationale à travers la diversification des  ressources des énergies et des revenues. D’autres sénateurs ont exprimé leurs profondes inquiétudes quant aux effets de cette énergie sur la santé des habitants, appelant le gouvernement à donné des garanties claires dans ce domaine. Accueillant favorablement les sanctions sévères prévues par le texte à l’encontre des contrevenants, d’autres intervenants ont appelé à doter l’Agence nationale des activités nucléaires de davantage de moyens  financiers et de prérogatives lui permettant de s’acquitter pleinement de ses missions. Dans son rapport préliminaire sur ce texte de loi, la Commission des Affaires économiques et financières au Conseil a salué le nouveau cadre juridique qui garantit, selon la Commission, la protection de la santé humaine, l’environnement et les générations montantes des effets possibles de l’utilisation du rayonnement nucléaire dans le respect des engagements  internationaux de l’Algérie ». « Le texte a mis en place les principes fondamentaux régissant les infrastructures nucléaires et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire », a rappelé la commission, relevant que l’Algérie avait conclu, dans ce cadre, plusieurs accords de coopération avec de nombreux Etats étrangers dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, notamment avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le premier centre des activités de l’énergie nucléaire en Algérie verra le  jour en 2040, a précisé M. Arkab lors d’une réunion avec les membres de la Commission, le 13 mai dernier. Concernant le choix du site d’implantation du Centre des activités nucléaires, le ministre a expliqué que ce choix était soumis à une autorisation préalable avec des conditions strictes.

Yasmine Derbal