Vendredi acte 17: Les manifestants saluent les dernières décisions de la justice

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Fatah Guidoum@L'Echo d'Algérie

 

Les manifestants n’ont pas dérogé à leurs  habitudes en sortant massivement pour le 17ème vendredi consécutif dans des  marches pacifiques à Alger, saluant les dernières décisions de la justice et réitérant leur refus au dialogue avec les symboles de l’ancien système.

Malgré un soleil de plomb, les manifestants, visiblement moins nombreux  que la semaine passée, ont unanimement salué les dernières décisions de la justice, notamment après la mise en détention provisoire d’anciens hauts responsables du pays impliqués dans des affaires de corruption et d’abus de  fonction. Pour rappel, le juge d’instruction près la Cour suprême avait ordonné le placement en détention provisoire à la prison d’El Harrach des deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l’ancien  ministre des Travaux publics et du Commerce, Amara Benyounes, alors que l’ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, a été placé sous contrôle judiciaire. Ces hauts responsables ont été auditionnés par le juge d’instruction près  la Cour suprême dans des affaires de dilapidation des deniers publics, d’abus de fonction et d’octroi d’indus privilèges, ce qui a amené les manifestants à scander des slogans exigeant que tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption et de dilapidation des derniers  publics soient jugés, citant ainsi l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui avait démissionné de son poste le 2 avril dernier sous la pression des manifestations populaires. En ce sens, on pouvait lire sur les banderoles etpancartes : « Bienvenue à la prison d’El Harrach », « Pour le départ des autres B » (Bensalah, Bedoui et  Bouchareb), « Poursuite en justice de tous les symboles du système », « Pour une commission indépendante de surveillance des élections », « Djeïch, chaâb khaoua khaoua » (Armée et peuple sont frères). Les manifestants ont scandé aussi des slogans « remerciant la justice pour avoir incarcéré les membres de la bande », exprimant par la même occasion leur attachement à l’unité nationale, tout en réaffirmant que « la  souveraineté appartient exclusivement au peuple ». L’hymne des manifestants « Silmia, silmia » (Pacifique, pacifique) a été entonné en chœur, de même les chants patriotiques habituels pour réaffirmer leur amour et attachement à l’unité nationale. Comme à l’accoutumée, les manifestants avaient commencé à se regrouper dès la matinée au niveau de la Grande-Poste, le boulevard Amirouche, l’avenue Pasteur, la Place Maurice Audin et au boulevard Zighout Youcef, où un  dispositif sécuritaire a été déployé pour parer à tout débordement. Ils ont poursuivi leur marche vers la Place des Martyrs.

Gestes de solidarité et de convivialité

Cette journée de mobilisation a été marquée par des gestes de convivialité  et de solidarité qui ont vu des citoyens distribuer gracieusement des bouteilles d’eau et des boissons aux manifestants pour se rafraichir et se  désaltérer. Certains d’entre eux n’ont pas hésité se partager des sandwiches et des fruits. Par ailleurs, l’accès au parvis de la Grande-Poste, lieu symbolique du  Hirak, est resté bloqué pour le quatrième vendredi consécutif, de même que le tunnel de la Faculté et les voies menant vers le Palais du gouvernement pour parer à tout dérapage. Les manifestants ont commencé à se disperser aux environs de 17h dans le  calme, cédant ainsi la place aux jeunes bénévoles qui, dans un geste de civisme et de citoyenneté, ont procédé au nettoyage des lieux des manifestations. «Il y a une justice divine. Il faut écrouer toutes les personnes impliquées dans les affaires de corruption. Le peuple veut maintenant la récupération de ses biens spoliés », clame un marcheur. Pour lui, le temps est venu pour bâtir des bases solides afin de faire émerger une Algérie développée, sécurisée et orientée la modernité. «  Nos institutions doivent être à l’abri des effets néfastes de la corruption », a-t-il ajouté. Pour un autre manifestant, « l’heure a sonné pour l’instauration d’un Etat de droit ou régnera justice sociale et respect des libertés ». « Certes, les symboles de la corruption sont en prison, mais cela est insuffisant. Nous voulons récupérer les biens spoliés et réclamons l’incarcération de toute la bande », lâche un quadragénaire. « Djibouhoum Gaa », lit-on sur l’ affiche d’ un manifestant. Des manifestants ont rendu hommage aux victimes du printemps noir de Kabylie de 2001 en scandant « ulach smah ulach ». Sur plusieurs pancartes sont écrits plusieurs slogans à la mémoire des martyrs de ces événements, réclamant que justice soit faite . Affluant de différentes artères de la capitale, boulevard Larbi Ben M’hidi, Grande Poste, Didouche Mourad et place Audin, des marcheurs, hommes, femmes et enfants, arboraient l’emblème national en scandant d’autres slogans, tel celui exigeant la rupture totale avec le système (yetnahaw gaâ), « Djazaïra horra dimocratia », « Silmya, silmya ».   Les marcheurs sont favorables au dialogue, mais sans la participation des anciennes figures du système. « Oui au dialogue mais sans la issaba (bande) », ont-ils scandé. Ils ont réitéré leur appel pour le départ des « 3B » (Bensalah, Bedoui et Bouchareb).Les manifestants ont repris à tete tête aussi des slogans exprimant leur attachement à l’unité nationale, réaffirmant que la souveraineté appartient exclusivement au peuple. Ils ont insisté sur l’application de l’article 7 de la Constitution préalable pour l’édification d’une nouvelle République. Des marcheurs ont brandi aussi les portraits des martyrs de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, et entonné des chants patriotiques dont Qassamen tout au du parcours d’une manifestation qui s’est déroulée dans le calme.

T.M