La ville de Nedroma, dans la wilaya de Tlemcen, réputée pour son cachet architectural particulier, ses ruelles étroites, ses maisons anciennes et son antique place « Terbiâa » (carrée), est une destination de choix pour les touristes curieux de faire connaissance avec son histoire et son passé glorieux.
Cette ville, célèbre pour sa « Terbiâa » à laquelle ses habitants sont associés « ouled terbiâa », est une place publique, appelée ainsi en raison de sa forme carré et sa surface estimée à quelque 1.000 mètres carrés. Les anciens de la ville indiquent qu’elle a été appelée ainsi en raison de sa forme carrée et bordée de trottoirs sur lesquels des tapis étaient posés pour recevoir les notables de la ville, qui s’y rendaient pour savourer un café ou un thé. Aujourd’hui, cette place dispose de toutes les commodités de la vie quotidienne, dont des infrastructures religieuses, sociales et de divertissement, a expliqué le président de l’association culturelle « El-Mouahidia » de la ville de Nedroma, Midoune Azzeddine. La place « Terbiâa », qui abritait jadis trois ou quatre cafés, n’a sauvegardé qu’un antique café, situé en face de la grande mosquée, qui se trouve au milieu de cette place. Dans cet établissement, on y prépare le café à l’ancienne, dans d’antiques cafetières métalliques que les Nedromiens appellent « Djezoua » et dans laquelle le café est cuit en trois fois jusqu’à en faire ressortir le goût si spécial et célèbre, très recherché par les clients, notamment les visiteurs qui viennent à la « Terbiâa » pour la première fois, a noté M. Midoune. Dans le passé, la place était entourée de « mesriate », des clubs et de petites chambres, qui étaient la propriété des grandes familles nedromiennes, utilisés pour y jouer de la musique andalouse, pratiquer de ses nombreux instruments et réciter les qacidate et autres poèmes ayant traversé les siècles. Parmi les « mesriate » les plus connues celles de cheikh Ramdani, gérée par Hadj Mohamed Nekkache, connu sous le nom de Ghenim, ainsi que celle de Si Driss Rahal, celle de Hadj Mohamed Ghaffour et bien d’autres. On trouve aussi dans cette place, huit zaouîas coraniques comme la « Aïssaouia », la « Qadiria », la « Hebria Derqaouia », la « Slimania », la « Ziania » et la « Tidjania ».
Hammam El Bali…9 siècles de « résistance »
Le bain antique (Hammam El bali), appelé également « Hammam El baraka » et situé à la place Terbiâa, près de la grande mosquée, est l’un des plus anciens hamam de Nedroma. Il a été édifié il y a 9 siècles et a connu une opération de restauration, initiée par le ministère de la Culture, en 2003, et ce afin de le sauvegarder de la disparition. L’eau, qui provient des monts Fillaoucen, sis dans les environs de
Nedroma, est chauffée au bois. Elle circule dans des conduites enfouies dans le sol et les murs du hammam, afin de les chauffer de manière naturelle, a indiqué le président de l’Association culturelle « El-Mouahidia ». Non loin du hammam se trouve le « Mamouni », un petit espace consacré au repos et à la relaxation décoré de différentes espèces de fleurs et de plantes qui se mêlent aux roseaux entourant cet espace, selon M. Midoune, qui a souligné que, dans le temps, tous les nouveaux mariés de la ville de Nedroma prenaient leur bain à l’antique hammam, avant de se rendre au « Mamouni » pour y déguster du thé et du jus de citron. De nombreux cortèges de mariage prenaient, d’ailleurs, leur départ de ce point. La place « Terbiâa », qui était connu aussi pour son commerce de fleurs et de plantes d’ornement, comme le jasmin, les œillets et quelques fruits des bois qui poussaient dans le périmètre de la ville, est par ailleurs entourée de quatre anciens quartiers aux ruelles étroites bifurquant dans cette place publique, à savoir les quartiers de « Ben Affen », « Ahl Souq », « Beni Zeid » et » Ahl Kherba « , sachant que Nedroma était entourée, dans le passé, par des murailles dans lesquelles s’ouvraient quatre portes, » Bab M’dina » au nord, » Bab Qasba » au sud, » Bab Taza » à l’ouest et » Bab Fraqi » à l’est. Ces portes étaient, jadis, fermées au crépuscule. Il y a dans le palais du sultan des Almohades de Nedroma, édifié par Abdelmoumen ben Ali, fondateur du royaume Almoravide, un passage secret menant jusqu’à la place Terbiâa. Ce passage a été construit par Abou Yacoub Youcef, l’un des émirs des zianides durant son séjour au palais du sultan Almohade. Les travaux ont duré quatre années, selon M. Midoune, qui a expliqué qu’Abou Yacoub Youcef a construit une mosquée à l’intérieur du palais et a utilisé le passage secret pour se déplacer du palais vers la mosquée et le bain antique de la place Terbiâa.
Réhabiliter les quartiers de la place Terbiâa
Les anciennes bâtisses des quartiers avoisinant la place « Terbiâa » connaitront bientôt une opération de réhabilitation des façades et des toitures, dans le cadre d’un programme initié par le ministère de l’Habitat, qui concerne quelque 800 habitations anciennes. Le but premier de cette opération est de faire revivre ces anciens quartiers et la place Terbiâa afin d’attirer les touristes. L’association « Mouahidia » de Nedroma compte également former 30 jeunes dans le domaine de la restauration des anciens bâtis au cours de deux sessions de trois mois chacune, sous la supervision d’un spécialiste dans le domaine. La formation se déroulera au niveau de l’ancienne maison de la famille Si Driss Rahal, qui sera transformée en atelier pour ces jeunes pour les séances pratiques, a relevé Midoune Azzeddine. Cette session de formation permettra aux participants d’obtenir un certificat d’aptitude après le passage des examens au niveau du Centre de formation professionnelle, ce qui leur ouvrira la voie pour pratiquer leur métier avec les différentes entreprises de construction qui prendront en charge la concrétisation du programme du ministère de l’Habitat de réhabilitation des anciens quartiers de la ville entourant la place Terbiâa. Elle s’inscrit dans le cadre du projet « La Casbah pour l’apprentissage des jeunes chômeurs », parrainé par l’association « Santé Sidi El-Houari » d’Oran, dans le cadre du programme national « Adaptation-formation-emploi-réhabilitation », mis en place au titre d’un partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne. Ce partenariat touche les wilayas de Tlemcen, Aïn Temouchent, El-Bayadh, Ouargla, Adrar et Tizi Ouzou, selon la même source, qui a ajouté que son association a bénéficié d’un montant de 2 millions DA du budget global du projet.