Transition politique: Les appels se multiplient pour une solution consensuelle

0
809

 

La crise qui secoue le pays a fait réagir plusieurs associations et organisations de la société civile ainsi que des personnalités et des élites nationales représentant les forces vives de la nation. Ces derniers multiplient les initiatives et les propositions pour un dialogue national inclusif afin de parvenir à une solution de consensus permettant une transition pacifique et démocratique du pays avec comme objectif suprême l’organisation d’une élection présidentielle libre, transparente et crédible.

Les initiatives et les suggestions de ces organisations interviennent en réaction à l’appel lancé récemment par le Général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’ANP à l’adresse des personnalités et des élites nationales pour un dialogue « sérieux, rationnel et constructif  » afin de résoudre la crise que vit le pays à travers des « concessions réciproques ». S’inscrivant dans cette optique, 16 personnalités religieuses, dont le doyen des oulémas algériens, cheikh Mohamed Taher Aït Aldjet, et le président de l’Association des Oulémas musulmans, Abderrezak Guessoum, ont appelé à l’activation des articles 7 et 8 de la Constitution stipulant que « le peuple est la source de tout pouvoir » tout en soulignant que « la voix que le peuple veut faire entendre chaque vendredi est assimilée à un référendum populaire ». « La période de transition sera confiée à une personnalité consensuelle jouissant de l’approbation de la majorité populaire pour diriger le pays », ont indiqué les signataires, suggérant qu’il sera question par la suite d’organiser une élection libre, transparente et crédible. Les personnalités religieuses ont exhorté, en outre, cette personne qui aura à assumer cette responsabilité « à nommer un gouvernement de compétences nationales intègres », et « à installer une commission indépendante chargée de la surveillance et de l’organisation de la prochaine élection ». Elles ont également préconisé « l’organisation d’une conférence de dialogue national inclusif », dont la mission consistera « à jeter les bases et à dessiner les contours de l’avenir du pays, élaborer une feuille de route pour définir une nouvelle politique à même d’éviter au pays et aux citoyens de verser à nouveau dans le pourrissement politique et sauver le pays de toutes les formes de dépendance ou d’allégeance, s’inspirant des valeurs du 1e Novembre et des principes des oulémas ». Par ailleurs, les signataires ont exhorté le peuple algérien « à préserver l’unité nationale, adopter une attitude pacifique et s’attacher aux constantes nationales », saluant « la résistance » de l’institution militaire dans sa démarche visant à « protéger le pays, à accompagner le Hirak populaire, à préserver sa sécurité et à comprendre ses revendications et aspirations ». Pour sa part, l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) avait appelé à la tenue d’une conférence nationale pour l’élaboration d’une feuille de route, à même de répondre aux revendications populaires dans les plus brefs délais et permettre aux institutions du pays de poursuivre normalement leur processus dans le cadre d’une vision nationale complémentaire. L’organisation avait évoqué, dans son communiqué, les différentes interactions sur la scène nationale et leurs répercussions qui « imposent de réunir les conditions idoines pour un dialogue national sérieux et responsable », proposant la tenue d’une conférence nationale regroupant l’ensemble des acteurs, à savoir des représentants du Hirak populaire, des partis politiques, des organisations nationales, des syndicats et autres. Cette conférence constitue « le cadre adéquat pour débattre et approuver les étapes à entreprendre dans le cadre d’une vision nationale globale qui servirait de feuille de route à même de répondre, dans les plus brefs délais, aux revendications du peuple et de permettre aux institutions de l’Etat de poursuivre normalement leur fonctionnement », estime l’organisation. L’organisation propose également, » le cautionnement ou l’élection d’une personnalité nationale ou d’une instance regroupant plusieurs personnalités qui supervisent la période de transition pour une durée maximale d’une année ». Outre la poursuite de la révision de la loi relative au régime électoral, cette personnalité ou instance supervisera la gestion de la période de transition, et ce à travers la formation d’une commission indépendante chargée de la supervision de toutes les étapes de l’élection. L’organisation propose, dans ce cadre, la constitution d’un gouvernement technocrate par les dirigeants de la période de transition « lequel ne sera pas en droit d’avoir un lien direct avec le processus électoral », mais se chargera plutôt de la mise en place des différents moyens pour l’organisation de ces échéances. L’ONM a mis en avant, dans ce sens, le rôle de l’Armée nationale populaire (ANP) dans cette conjoncture que traverse le pays, qui « au-delà de ses engagements d’assumer sa responsabilité dans la préservation de la pérennité de l’Etat a prouvé son souci d’assurer et d’accompagner le mouvement populaire ». De son côté, l’Académie algérienne des sciences et technologies d’Algérie (AAST), créée en 2015 et composée d’une partie de l’élite scientifique nationale établie en Algérie et de la diaspora, a lancé un appel à la société civile et aux forces politiques du pays pour dégager une solution consensuelle à la crise en vue de l’émergence d’une autorité nationale chargée d’assurer une période de transition pour l’organisation de l’élection présidentielle. L’appel de l’AAST est destiné « aux figures emblématiques du mouvement citoyen, partis, organisations et forces politiques et sociales qui le soutiennent afin de favoriser les conditions nécessaires pour dégager une solution consensuelle, en consacrant l’émergence d’une autorité nationale chargée d’assurer une période transitoire pour l’organisation des élections présidentielles », avait précisé le communiqué signé par la présidente de l’AAST, Malika Allab-Yaker. L’AAST a suggéré que cette autorité soit composée de « personnalités reconnues pour leur intégrité, impartialité et engagement national », soulignant que « le processus préconisé devra être soutenu par l’Armée nationale populaire, sans immixtion de cette institution garante de l’intégrité nationale, de la sécurité du pays et de l’unité de la nation ». Récemment, le Général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’ANP, a affirmé que « la priorité aujourd’hui est que chacun de nous croit en l’importance d’aller vers un dialogue productif qui permet de faire sortir notre pays de cette phase, relativement complexe, qu’il traverse et assure ainsi la voie vers la tenue des prochaines élections dans les plus brefs délais possibles, loin de périodes de transition aux conséquences incertaines, car l’Algérie ne peut supporter davantage de retard et de procrastination ». Il a relevé que la solution « est entre les mains des Algériens fidèles à leur patrie et c’est eux qui trouveront la solution à travers, je le répète, le dialogue qui mène à un consensus et un compromis sur l’impératif de l’organisation des élections présidentielles, le plutôt possible. Il n’y a aucune raison de continuer à perdre du temps, car le temps est précieux et il n’y a pas moyen de le gâcher dans des discussions stériles loin du véritable dialogue sincère et constructif. Rien n’est impossible et l’Algérie attend une sortie légale et constitutionnelle qui la prémunira contre toute forme d’exacerbation de la situation ». Partant de ce principe, « nous considérons que l’axe principal autour duquel il y a lieu de fédérer les efforts des bonnes volontés parmi les enfants de l’Algérie, est l’axe du dialogue franc qui fait des revendications populaires, aussi nombreuses que concrètes, acquises jusque-là, sa base fondamentale et sa rampe de lancement. Il y a lieu de faire du dialogue un projet civilisationnel qui tiendra lieu de culture répandue parmi les enfants de la même patrie. Il est certain que les contours de la feuille de route de ce dialogue se préciseront davantage à travers le sérieux et la rationalité des initiatives, et à travers la recherche sérieuse des solutions idoines à cette crise qui perdure, dans les plus brefs délais », a-t-il souligné, ajoutant que « les personnalités et les élites nationales » à un dialogue « sincère et objectif » pour résoudre la crise que vit le pays à travers des « concessions réciproques ». Ce dialogue est « la seule voie qui permettra au pays de sortir de la crise qu’il traverse », a estimé Gaïd Salah au cours d’une rencontre d’orientation avec les cadres et les personnels da la 6eme région (Tamanrasset) diffusée par visioconférence à l’ensemble des unités de la Région. Pour le chef d’état-major « l’unique voie » permettant de sortir de la crise que traverse notre pays, est d’adopter un dialogue sérieux, sincère, réaliste, constructif et clairvoyant, qui place l’Algérie au-dessus de toute considération ». Car ce dialogue, argue-t-il, « signifie la disponibilité de tous à s’entendre et s’écouter mutuellement, avec pondération, sérénité, engagement et une aspiration sincère vers la nécessité, voire l’impératif, de trouver les solutions idoines sans délai ». Gaïd Salah en appelle à « toutes les parties » afin qu’elles fassent « preuve de responsabilité à faire du dialogue la bouée de sauvetage de la patrie », et « tirer les enseignements des expériences et des événements tragiques passés, où la raison était absente, et dont l’unique perdant était la patrie ». Dans ce dialogue « auquel les personnalités et les élites nationales, fidèles à la nation et à son intérêt suprême sacré, doivent participer », il « sera question de l’évaluation des circonstances que vit le pays et de concessions réciproques pour le bien du pays ». C’est ainsi, conclut-il, « que l’on outrepasse les divergences entre les différents avis, ou du moins on réduit les écarts entre les points de vue contradictoires et contrastés, sachant que rien ne s’élève au-dessus de l’intérêt de notre pays ».

T. Benslimane