Crise politique: Et si Bedoui remettait «volontairement» sa démission dans les prochains jours ?

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Le rejet des deux dossiers de candidature à l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel et par voie de conséquence l’impossibilité de tenir ce scrutin à la date initiale, soit le 4 juillet prochain, met le pays dans une situation inédite.

 

Mais le «vide constitutionnel» qui effrayait à ce point certains acteurs politique et surtout le chef d’état-major de l’Armée, est raisonnement qui permettrait à l’actuel chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, de rester au palais d’El Mouradia au-delà de sa période de 90 jours d’intérim légal c’est à dire du 9 juillet prochain. L’institution présidée par Kamel Feniche s’est basée sur les articles 7,8, 102 alinéas 6, 182 et 193 de la Constitution stipulant que le peuple est la «source de tout pouvoir» et qu’il exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne, pour décider de renouveler le bail à Abdelkader Bensalah.

En effet, le Conseil constitutionnel s’est appuyé dans son exégèse sur le postulat légal que la mission essentielle dévolue à celui investi de la charge de chef de l’Etat est «d’organiser l’élection du président de la République». Cet argument qui peut paraître spécieux n’en est pas moins conforme à l’esprit et à la lettre de la Constitution. C’est pourquoi le Conseil décrète qu’ «il y a lieu de réunir les conditions adéquates pour l’organisation de cette élection dans la transparence et la neutralité en vue de préserver les institutions constitutionnelles qui concourent à la réalisation des aspirations du peuple souverain».

Concrètement donc, le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, est assuré de prolonger son séjour du palais d’El Mouradia au-delà du 9 juillet et ce, jusqu’à l’élection d’un président de la République. Ceci est la première conséquence de l’annulation de l’élection du 4 juillet. Le communiqué du Conseil constitutionnel précise en l’occurrence qu’il revient au chef de l’Etat de «convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu’à l’élection du président de la République et la prestation du serment constitutionnel». S’agit-il d’une saine lecture de la loi fondamentale ou d’un stratagème juridique par lequel on a réussi par un tour de passe-passe à éviter un imbroglio juridique inextricable et politiquement coûteux. Quoi qu’il en soit, les décideurs devraient désormais pousser un ouf de soulagement d’avoir pu se sortir du piège du 4 juillet, mais surtout de celui d’un «présidium» qui aurait acté ipso facto la période de transition. C’est dire qu’à première vue, le pouvoir de fait s’en sort plutôt bien en évitant son «cauchemar» d’une période de transition, tout en restant- du moins théoriquement-  dans la cadre constitutionnel.

Mais vue «d’en bas» c’est-à-dire du peuple qui réclame à cor et à cri la tête de Bensalah et de Bedoui, la pilule pourrait difficilement passer. Le maintien de ce duo qui cristallise la colère populaire et souligne la permanence des hommes de l’ancien régime de Bouteflika, va à priori à contresens des revendications du Hirak. Signe de ce dialogue de sourd entre les nouveaux décideurs et le peuple, le chef de l’Armée, qui dispose de plusieurs casquettes, en a copieusement pris pour son grade durant les derniers vendredis. Ceci est le scénario pessimiste. Il y a cependant un scénario optimiste selon lequel le très décrié gouvernement Bedoui remette «volontairement» sa démission dans les prochains jours. Cela permettra au Président Bensalah de nommer un chef du gouvernement qui serait accepté par le peuple et qui va former une équipe suffisamment compétente et intègre pour organiser dans les meilleurs délais une élection présidentielle libre et honnête. Ce gouvernement issu entre autres du  Hirak serait un gage de bonne volonté en ce sens qu’il aura à faire réviser la loi électorale, assainir le fichier électoral et le plus important, installer la commission indépendante d’organisation et de surveillance de l’élection. De cette façon, les deux camps seront quittes. L’état-major est assuré de garder Bensalah jusqu’à l’élection d’un président, et le peuple aura un gouvernement crédible qui lui garantira que le fleuve démocratique ne sera pas détourné cette fois.

Il faut attendre cependant les «éclairages» hebdomadaires de Gaïd Salah pour valider ou pas ces projections politiques.

T.M.