Palestine: L’histoire de la « marche du retour et la gravité de la crise humanitaire à Ghaza

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L’idée de mobiliser les réfugiés palestiniens aux frontières israéliennes était débattue depuis vingt ans. Quand les gens ont réalisé ces deux dernières années que les roquettes tirées ici et là ne permettaient pas d’obtenir de grands résultats , l’idée de résistance populaire pacifique a progressé, alors qu’elle était avant l’apanage de gens de gauche, de libéraux à l’esprit ouvert. Le pouvoir islamique n’y avait jamais cru.

Le Hamas a assisté à la formulation de cette idée sur les réseaux sociaux, à la constitution d’un haut comité pour l’organisation de la marche. Dans ce comité, il y avait toutes les factions, et aussi des représentants de la société civile, en tout cas perçus comme tels. Le Fatah s’en est retiré après le 15 mai, date prévue à l’origine pour conclure la marche.

Aujourd’hui, le nombre élevé de personnes handicapées en  raison des agressions continues de l’occupation israélienne dans la bande  de Ghaza, constitue une crise humanitaire ayant des répercussions sociales et économiques, a dénoncé samedi, un membre du Comité exécutif de  l’Organisation de libération de la Palestine Ahmed Tamimi.

Dans un communiqué relayé par l’agence palestinienne de presse, Wafa,  Al-Tamimi a fait savoir que plus de 1.700 personnes sont menacées d’amputation d’un membre. Selon le responsable palestinien, suite aux séries de bombardements  ciblant des maisons et des bâtiments civils, l’occupant israélien « commet ses crimes de manière délibérée et planifiée ».

Pour Al-Tamimi, « le silence international et la non-application des  résolutions et conventions internationales des droits de l’Homme et les  civils sous occupation, a encouragé l’occupation israélienne à poursuivre  ses crimes ».

Le membre du Comité exécutif de l’OLP, a également fait savoir que les  dirigeants palestiniens « étaient en contact avec des pays frères et amis »  pour mettre fin aux crimes de l’occupation ayant entraîné des milliers de martyrs, blessés et handicapés, en plus des souffrances des prisonniers.

« Tous ces dossiers seront exposés devant le tribunal international pour  juger les dirigeants de l’occupation pour leurs crimes », selon le responsable

Manifestations contre le blocus

Gaza, coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée, est le théâtre des manifestations depuis mars 2018 , le plus souvent accompagnées de violences, le long de la frontière, pour les droits des Palestiniens et contre le blocus imposé à l’enclave depuis plus de dix ans par l’Etat hébreu. Israël justifie ce blocus par la nécessité de contenir le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza et ennemi auquel il a livré trois guerres depuis 2008.

Pour les observateurs critiques de la politique d’Israël, cela revient à une punition collective contre les deux millions d’habitants de Gaza. Les organisations palestiniennes ont prévenu que les hostilités risquaient de reprendre très vite sans mesure d’apaisement de la part d’Israël.

Gaza, bien qu’occupée, voit la naissance d’un mouvement de résistance sur le modèle des grandes révolutions. La première attaque a lieu le 11 juin 1967, soit le lendemain de la signature du cessez-le-feu entre Israël et les Etats arabes du moyen orient . Sur le plan politique, le Fatah prit les rênes de l’OLP . La nouvelle OLP était devenue une force politique et militaire avec laquelle il fallait compter. La lutte armée se prolongea jusqu’en 1971.

La reconnaissance des Islamistes par Israël

Il y a un élément important qui a été passé sous silence. Au départ, les Frères musulmans qui sont bien implantés à Gaza refusèrent de s’inscrire dans cette résistance armée. Ils privilégiaient l’action sociale auprès des Palestiniens de Gaza. L’autorité occupante israélienne voit en cette mouvance un contrepoids à l’OLP. Un centre islamique est fondé par le cheikh Ahmed Yassine. Il s’appelle le centre islamique et est légalisé par l’occupant.: « Mais cet attentisme semble que — l’heure de la résistance ne serait pas encore arrivée — suscite des remous, et une scission aboutit à la création, au début des années 1980, du Djihad islamique. »

 En décembre 1987, éclate à Gaza la première Intifada. Elle aura une double conséquence : « D’une part, les Frères musulmans impriment un tournant majeur à leur stratégie en créant le Mouvement de la résistance islamique (Hamas), qui participe à l’Intifada mais refuse le front uni avec les autres organisations. D’autre part, l’OLP utilisera cette révolte pour renforcer son crédit et pour négocier les accords d’Oslo… »

Ainsi, le Hamas est né de l’Intifada et est issu des Frères musulmans que les Israéliens ont favorisés dès les années 1970 pour contrer l’OLP qui avait provoqué des attentats spectaculaires comme de nombreux détournements d’avions, comme l’attaque de la délégation israélienne aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, etc. L’OLP était donc l’ennemi à abattre.

La plaie de l’intégrisme

Ainsi, et nous passons encore  qu’après quelques épisodes sanglants, les positions se radicalisèrent dans les deux camps à la fois par la montée des intégrismes religieux et par le blocage total des négociations pudiquement appelées « processus de paix ».

Aux vagues d’attentats palestiniens succèdent une répression souvent aveugle de Tsahal et aussi des éléments les plus extrémistes des « colonies » de plus en plus nombreuses qui n’hésitent pas à attaquer des villages palestiniens. Un attentat suicide palestinien va même être commis dans une boîte de nuit « branchée » de Tel Aviv et fera de nombreux morts. Des bus – principal moyen de transport public – explosent sur les routes du Nord d’Israël.

En réponse, les Israéliens construisent un mur de séparation sur la ligne verte (l’ancienne frontière d’Israël avant la guerre des Six jours) entre Israël et la Cisjordanie, Israel pense que  la plupart des combattants provenant des camps de réfugiés de cette partie des territoires occupés, notamment du camp de réfugiés de Jenin. Mais ce mur dont plusieurs tronçons empiètent sur le territoire palestinien, a pour conséquence politique de figer la situation, ce qui rend encore plus malaisé

le « processus de paix ». Ce mur est d’ailleurs déclaré illégal par les instances des Nations Unies.

Pendant ce temps-là, l’influence religieuse s’étend sur l’ensemble d’Israël, émanant des colonies et aussi de certains quartiers de Jérusalem où des pratiques discriminatoires, notamment à l’égard des femmes, se multiplient sans que le gouvernement ne réagisse.

Et cela continue

Lors des accords de Camp David entre Menahem Begin et Anouar El Sadate , l’Etat hébreu a fini par accepter de restituer le Sinaï à l’Egypte, à l’exception de Gaza.

Le gouvernement israélien finit par décréter le blocus de Gaza en 2007. C’est une nouvelle source de tensions majeures ! Ce blocus est déclaré illégal par les Nations Unies. Peu importe, les Israéliens empêchent par la force toute tentative de le forcer.

Gaza est devenu une prison à ciel ouvert. Ces atteintes permanentes au droit international provoquées par les gouvernements successifs de l’Etat hébreu finirent par provoquer une vague d’indignation dans l’opinion publique mondiale. Qui se traduit par une grande  colère cette : «opinion qui reflétait « que les pays qui devraient défendre le droit international ne font pas respecter, pour la Palestine, les droits imprescriptibles figurant dans les textes internationaux. Nous agissons au nom du droit de chaque individu de faire pression sur les instances internationales afin de mettre en œuvre les mesures pour faire appliquer la paix mais aussi les sanctions envers ceux qui ne respectent pas le droit et violent les prescriptions des Nations unies. Nous ne pouvons laisser impunis ceux qui violent ces droits. »

 

                                                                          Ahsene Saaid /CIP