Gagner deux fois le titre de Premier League avec deux clubs différents, est une performance exceptionnelle à fortiori pour un joueur venu de nulle part et qu’on ne prédestinait à aucun avenir dans le haut niveau.
Plus tard, dans des années, Ryad Mahrez pourra se targuer et dire à ses petits-enfants qu’il a été le premier joueur algérien à avoir remporté deux fois (voire plus ?), le titre le plus difficile à obtenir dans le championnat le plus huppé du vieux Continent. Il a été le grand artisan du sacre le plus inattendu de ce début du 21e siècle, celui de Leicester. Un club pourtant exclu du cénacle des ténors de la balle ronde, avec lequel il a connu la notoriété et la reconnaissance d’un talent pur et rafraichissant dans un milieu gagné par l’influence et l’imposture des puissants agents de joueurs. Ce footballeur des rues à la frêle apparence a séduit la Perfide Albion en étant le premier africain à être élu Meilleur joueur du championnat d’Angleterre. Toutefois, certains pas vraiment convaincus de ses immenses capacités footballistiques pensaient que son talent allait s’étioler aussi brutalement qu’il s’est explosé dans les Midlands anglais. Une simple étoile filante passée furtivement pour ensuite disparaitre dans les méandres de l’Univers. En optant pour Manchester City, abandonnant son confort chez les Foxes, Mahrez savait qu’il prenait un énorme risque au sein d’une équipe constellée d’étoiles et où les places notamment en attaque sont chères. Un défi difficile à relever sachant aussi que personne ne va lui faire des cadeaux. A City, la concurrence est impitoyable, voire cruelle, surtout avec un coach comme Pep Guardiola, qui aime le goût du sang. Après un début de saison plus ou moins convaincant au cours duquel il a participé à de nombreuses rencontres, le statut de Mahrez a quelque peu changé par la suite, en étant relégué régulièrement sur le banc des remplaçants au point d’inquiéter sérieusement ses nombreux fans. L’on commençait à douter de son incapacité à s’imposer dans les grands clubs. alors que l’on désespérait à le revoir sur le terrain, Guardiola n’a pas hésité à le titulariser lors du match aller des quarts de finales de la Ligue des champions contre Tottenham. C’est un gage de confiance et de reconnaissance aussi pour l’attaquant algérien. Dans les grandes équipes, comme Man City la notion de titulaire diffère par rapport à d’autres formations dont l’effectif est moins étoffé. Quand on ne joue pas souvent, comme c’était le cas pour Mahrez dernièrement, ce n’est pas parce qu’on n’est moins bon que celui qui a été aligné à sa place. Ce sont des choix de l’entraîneur qu’il faut respecter. En tout cas, Mahrez a su attendre son heure pour frapper de nouveau en contribuant grandement dans le titre en réussissant une passe décisive et surtout un but d’anthologie lors du match capital contre Brighton. Grâce à sa belle prestation, la coqueluche des Verts a sûrement marqué des points. « Remporter deux fois le championnat d’Angleterre, ça compte beaucoup pour moi. C’est très difficile de gagner la Premier League. Je l’ai fait avec Leicester, c’était inimaginable ! Je le refais avec Manchester City, c’est incroyable !», a-t-il déclaré à la fin de la rencontre.A présent, il a rendez-vous ce samedi avec la finale de la Cup contre Watford. L’occasion d’étoffer un peu plus son palmarès. En attendant d’aller chercher la Coupe aux grandes oreilles et succéder à un certain …Rabah Madjer.
Ali Nezlioui
