Crise algérienne: Ahmed Benbitour: « Le Mouvement citoyen doit désigner ses représentants »

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Ahmed Benbitour dont le nom revient assez régulièrement, pour diriger un « gouvernement de compétences nationales », a affirmé sa disponibilité à aider le pays pour sortir de la crise.

Mais pour lui, la priorité d’aujourd’hui reste la désignation pour le Mouvement  de ses propres représentants », pour être partie prenante des négociations qui vont s’ouvrir, en prévision de la période de transition. Il faut rappeler que jusque-là toutes les personnalités qui ont émergé pour porter la parole du Mouvement citoyen ont été la cible d’attaques sur les réseaux sociaux. Mustapaha Bouchachi, Karim Tabou, Fodhil Boumala en savent quelque chose pour avoir fait l’objet d’un buching féroce qui les a contraint à ravaler leurs ambitions de leadership sur le Mouvement qui continue de fonctionner à l’horizontal, c’est à dire sans voix, ni visage, ni structures verticales.   Ahmed Benbitour considère le Mouvement citoyen, comme « l’acteur principal » dans l’équation politique actuelle, un statut qui l’oblige, ajoute-t-il, à passer de l’étape des revendications à l’étape de la négociation pour une sortie de crise. « Une crise qui, plus elle dure plus elle sera coûteuse pour le pays ». Ahmed Benbitour propose un mode de désignation des représentants du Hirak par Wilaya, à raison de deux à trois personnes pour constituer une sorte de directoire provisoire qui participerait en tant que force de proposition au règlement de la crise. Cela étant, l’ancien chef de gouvernement  qui ne cache pas son pessimisme face au risque de voir la crise s’allonger dans le temps, en l’absence de la cristallisation d’une vision, persiste à dire que les symboles du pouvoir doivent partir tous. C’est un préalable pour lui et exhorte d’ailleurs la rue à poursuivre les manifestations jusqu’à ce que « Irouhou gaâ », selon un des slogans fétiches du mouvement. Ahmed Benbitour, soupçonne même le pouvoir en place d’avoir une idée derrière la tête en cherchant à maintenir absolument sa feuille de route initiale, à savoir une élection présidentielle le 4 juillet prochain. « La constitution n’est qu’un texte, le plus important ce sont les hommes », dit-il exprimant sa conviction que cette « élection ne se tiendra pas, car rejetée par le peuple ». Dans le même temps, Ahmed Benbitour, lui-même incapable de présenter une alternative, redoute néanmoins   « le vide constitutionnel » après l’expiration de la période de transition de Bensalah. Que faire alors pour voir le bout du tunnel ? En tous cas l’initiative ne viendra pas de l’opposition dont il fait partie et par rapport à laquelle il ne cache pas sa déception. « On se réunit, mais au moment de s’entendre sur des noms, le consensus est impossible confesse t-il, accusant le pouvoir d’être aussi responsable du délitement et de la déstructuration de cette opposition qui est un facteur d’aggravation de la crise au lieu d’être du côté de la solution. Le perspectives se présentent encore plus sombres sur le plan économique avec des pertes quotidiennes estimées à 2 millions d’Euros jour, à cause des grèves et du blocage des institutions, depuis le début des manifestations. En parlant du fameux financement non conventionnel, Benbitour défend indirectement Ahmed Ouyahia, en rappelant que le choix était  d’abord celui du président Bouteflika, ensuite endossé par le Conseil des ministres et les deux chambres du parlement. Selon lui, le Gouvernement n’a fait que mettre en musique le dispositif dont les effets inflationnistes commenceront à apparaître bientôt. Au sujet des arrestations des hommes d’affaires, Ahmed Benbitour reste assez nuancé, un tantinet ambigu même, craignant l’impact des mises sous mandat de dépôt sur le climat des affaires. Enfin Ahmed Benbitour balaie du revers de la main la thèse du complotisme contre l’Algérie, telle que brandie régulièrement par Gaid Salah dans ses interventions récurrentes, en parlant de « forces du mal à l’extérieur et à l’intérieur qui cherchent à nuire à l’Algérie ».

M.O