De violents combats ont repris en Libye, dimanche 7 avril, opposant, d’un côté, les forces loyales du Gouvernement d’accord national (GNA), reconnu par la communauté internationale et dirigé par Faïez Sarraj, basé dans la capitale, Tripoli, et de l’autre, les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’Armée nationale libyenne (ANL).
L’armée du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, engagée dans une offensive vers Tripoli depuis jeudi, a affirmé avoir mené dimanche son premier raid aérien en banlieue même de la capitale. Dans le camp adverse, le GNA, par la voix de son porte-parole, le colonel Mohamad Gnounou, a annoncé le début d’une « contre-offensive » généralisée – nommée « volcan de la colère » –, pour « purger toutes les villes libyennes » des « forces illégitimes », en référence au camp Haftar. Dans le même temps, le nouveau porte-parole des forces du GNA, le colonel Mohamad Gnounou, a de son côté proclamé le début d’une « contre-offensive » pour « purger toutes les villes » des « forces illégitimes ». Cette opération, nommée « volcan de la colère », doit permettre de « nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs et des forces illégitimes », a dit ce porte-parole dans une déclaration à la presse à Tripoli. »Nous ne permettrons pas de militariser l’Etat », a-t-il souligné. Dans des déclarations publiées par la presse libyenne, le président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj a mis en garde contre la perspective d’une « guerre sans gagnant » en Libye. « Nous avons tendu nos mains vers la paix mais après l’agression qui a eu lieu de la part des forces appartenant à Haftar et sa déclaration de guerre contre nos villes et notre capitale (…), il ne trouvera que force et fermeté », a prévenu M. Al-Sarraj. M. Al-Sarraj a accusé M. Haftar de « détruire les efforts des Libyens et de la communauté internationale en vue d’une solution pacifique » à la crise. Rappelant les arrangements trouvés avec M. Haftar lors de leurs rencontres, M. Al-Sarraj a estimé que Haftar avait « trahi l’accord » et avait « tenté de le poignarder dans le dos ». Lors de leur dernière réunion fin février à Abou Dhabi, les deux hommes ont conclu un accord notamment en vue de former un gouvernement unifié et d’organiser des élections avant la fin de l’année. La nouvelle escalade de violence intervient avant une Conférence nationale sous l’égide de l’ONU prévue mi-avril à Ghadamès, dans le sud-ouest du pays, afin de dresser une « feuille de route » avec la tenue d’élections pour tenter de sortir le pays de l’impasse .
l’Offensive sur Tripoli du maréchal Khalifa Haftar, un « important revers » pour Paris
La nouvelle escalade de violence en Lybie intervient avant une Conférence nationale sous l’égide de l’ONU prévue mi-avril à Ghadamès, dans le sud-ouest du pays, afin de dresser une « feuille de route » avec la tenue d’élections pour tenter de sortir le pays de l’impasse. L’offensive sur Tripoli des troupes du maréchal Khalifa Haftar est un « important revers » pour Paris, a estimé lundi le quotidien du soir Le Monde, soulignant l’embarras de la France dans cette nouvelle crise libyenne. « L’offensive sur Tripoli du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, donne un sérieux coup au processus politique porté par l’émissaire spécial des Nations unies, Ghassan Salamé », a-t-il écrit, ajoutant qu’elle « représente un important revers pour Paris, la capitale la plus engagée pour une solution négociée de la crise libyenne ». La France avait réuni à Paris, en mai 2018, dans une conférence internationale, sous l’égide de l’Onu, les principaux responsables libyens voulant faire de cette conférence comme une nouvelle étape dans le processus de dialogue pour sortir de la crise libyenne. A l’issue de cette conférence, rappelle-t-on, les responsables libyens s’étaient engagés à organiser des élections législatives et présidentielle en décembre 2018, une annonce qui est restée lettre morte. En juillet 2017, le président Emmanuel Macron avait réuni également à Paris les deux protagonistes le président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar. Pour Le Monde, « c’est en effet en bonne part grâce aux autorités françaises que l’homme fort de lÆest du pays ( ) avait réussi à se crédibiliser comme un protagoniste incontournable de la crise libyenne », indiquant que les médias libyens soutenant le gouvernement de Fayez al-Sarraj avaient évoqué « l’irritation de ce dernier face à ce qu’il considère être le soutien français au maréchal ». « Paris réfute de telles accusations et affiche son soutien à la médiation de l’ONU en Libye, comme l’a fait Emmanuel Macron, le 6 avril, en ‘s’entretenant avec le secrétaire général, Antonio Guterres, de retour de Tripoli », a ajouté le journal. « Bon connaisseur du dossier libyen, Jean- Yves Le Drian n’a jamais dévié de cette ligne, considérant qu’Haftar était +une réalité de terrain+ et donc incontournable sur le terrain. Il en a convaincu le chef de l’Etat, qui, dès juillet 2017, s’est lancé dans une médiation à chaud sur la Libye, organisant à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines) la première rencontre +pour une réconciliation+ nationale entre Sarraj et Haftar », rappelle le quotidien. « Lorsqu’il était ministre de la Défense de François Hollande, poursuit Le Monde, M. Le Drian prônait une coopération avec le maréchal Haftar, ce dernier étant soutenu par l’Egypte, la Russie et les Emirats arabes unis, pour combattre le terrorisme », indiquant que cela se faisait, au besoin, « à travers l’apport discret d’équipes des services français sur place, qui a suscité des polémiques ».
le Kremlin appelle « toutes les parties » à la retenue en Libye
La Russie a appelé lundi « toutes les parties » à la retenue en Libye, en vue d’éviter un « bain de sang » alors qu’au moins 32 personnes ont été tuées depuis le début de l’offensive menées par les troupes du maréchal Khalifa Haftar contre la capitale libyenne, Tripoli. « La Russie utilise toutes les possibilités à sa disposition pour appeler toutes les parties à s’abstenir de toute action pouvant mener à un bain de sang et à des morts parmi la population civile », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Des affrontements ont éclaté au Sud de la capitale Tripoli entre les forces du Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et celles de l’armée dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Suite à ces développements, la mission de l’ONU en Libye (Manul) avait lancé dimanche un « appel urgent » à une « trêve humanitaire » de deux heures dans la banlieue sud de Tripoli pour permettre l’évacuation des blessés et des civils, face à l’escalade militaire des derniers jours.
Washington veut « l’arrêt immédiat » de l’offensive de Haftar
Les Etats-Unis sont « profondément préoccupés » par les combats près de Tripoli et appellent à l' »arrêt immédiat » de l’offensive lancée vers la capitale libyenne par le maréchal Khalifa Haftar, a déclaré dimanche le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo. « Nous avons fait clairement savoir que nous sommes opposés à l’offensive militaire des forces de Khalifa Haftar et nous appelons à l’arrêt immédiat de ces opérations militaires contre la capitale libyenne », a dit M. Pompeo dans un communiqué. « Les Etats-Unis, avec leurs partenaires internationaux, continuent à presser les dirigeants libyens de revenir aux négociations politiques sous la médiation du représentant spécial du secrétaire général (de l’ONU), Ghassan Salame », a-t-il ajouté.
Ahsene Saaid/Ag