Les étudiants une nouvelle fois dans la rue: « Nous ne voulons ni du président ni de Said son frère »

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Plusieurs centaines d’étudiants ont défilé dans le calme hier à Alger pour réclamer la démission immédiate du président Abdelaziz Bouteflika et un changement de régime politique. Lundi, la présidence a annoncé que le chef de l’Etat démissionnerait avant la fin de son mandat qui expire le 28 avril.

Les dirigeants du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis le 22 février n’ont pas réagi pour l’instant à cette annonce. Mais les manifestants rassemblés dans le centre d’Alger ne semblent pas avoir l’intention de relâcher la pression pour obtenir la fin du « système ». « Nous voulons un changement de régime », « Nous ne voulons ni Bouteflika ni Saïd (son frère et conseiller) », scandait la foule. Le seul parti d’opposition qui a commenté pour l’instant le départ annoncé du président est le Mouvement de la société pour la paix (MSP), une formation islamiste qui juge que la démission de Bouteflika sans de vraies réformes ne peut répondre aux exigences des manifestants. « La démission du président et la vacance du poste sans réformes peuvent se transformer en conspiration sur le mouvement populaire », a estimé le MSP dans un communiqué. « Il ne s’agit simplement, à travers cette mesure, que de maintenir le système politique avec toutes ses déviations qui nous ont amenés à la mauvaise situation actuelle, sans possibilité sérieuse de changement. » En vertu de la Constitution, Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, la chambre haute du Parlement, assurera l’intérim après la démission du président, jusqu’à la tenue d’un scrutin présidentiel, qui doit avoir lieu dans les 90 jours. Une foule immense a manifesté vendredi dernier dans les rues d’Alger pour réclamer la démission du chef de l’Etat, âgé de 82 ans et considérablement affaibli depuis un AVC en 2013. Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, a demandé il y a une semaine que le président soit déclaré inapte à exercer ses fonctions en vertu de l’article 102 de la Constitution. La procédure est désormais du ressort du Conseil constitutionnel. Face aux pressions de la rue, Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a renoncé le 11 mars à briguer un cinquième mandat et l’élection présidentielle prévue le 18 avril a été reportée sine die mais aucune échéance n’avait été avancée pour son départ. La formation dimanche soir d’un nouveau gouvernement dirigé par Noureddine Bedoui semblait ouvrir la voie à une alternance à la tête de l’exécutif, dans la mesure où un président par intérim n’a pas le pouvoir de désigner des ministres. La plupart des représentants de l’opposition ont jugé la nouvelle équipe trop proche des cercles dirigeants.

T.M