Marches populaires: Les étudiants et les médecins marchent en force dans plusieurs villes d’Algérie

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Manifestations des étudiants à Alger

Les étudiants et les médecins sont sortis massivement, aujourd’hui mardi, à Alger, Constantine, Tizi Ouzou, Chlef et dans d’autres villes du pays, pour exiger, une nouvelle fois, le départ de Bouteflika et de tout le régime politique en place.

A Alger, des milliers d’étudiants ont occupé le centre de la ville pour réitérer leur rejet du plan proposé par le pouvoir et qui consiste en la prolongation du 4e mandat de Bouteflika et organisation d’une conférence nationale sous la houlette des figures du régime. Les étudiants de la capitale ont marché en scandant « système dégage !» et « Bouteflika, vous n’aurez pas une minute de plus ». Les jeunes manifestants ont porté des pancartes sur lesquelles ils ont écrit, à titre d’exemple, « rendez nous la liberté, on vous le demande gentiment », « le peuple est la source de tous les pouvoirs ». Les médecins, paramédicaux et autres professionnels de la santé ont hissé une banderole sur laquelle on pouvait lire « les femmes et les hommes ont un seul objectif : la liberté ». La foule des blouses blanches, composée essentiellement de femmes, a scandé « FLN dégage ». Les femmes et les hommes du corps médical ont manifesté dans plusieurs villes du pays dont Boumerdès, Constantine, Béjaia, Adrar, Mascara et Chlef. Ils ont brandi des pancartes des plus variées : « L’avènement d’une 2e République », « l’élection d’une assemblée constituante »,  « Ni report, ni prolongation » ou encore « Non à la représentation du Hirak ». Ceux là, en plus de l’omniprésent slogan « Système dégage ! ».Les marches imposantes organisées aujourd’hui sont une réponse (rapide) à la lettre adressée hier à la nation, au nom du président Bouteflika, pour souligner que ce dernier restera au pouvoir jusqu’à la tenue de sa conférence nationale et l’élection de son successeur. Un plan, pourtant, rejeté massivement par les Algériens qui se sont exprimés lors des manifestations du 15 mars dernier.

« Tu prolonges le mandat, on prolonge le combat »

Confronté à une contestation inédite depuis son élection à la tête de l’Etat il y a 20 ans, le dirigeant de 82 ans, affaibli par les séquelles d’un AVC depuis 2013, a finalement renoncé le 11 mars à briguer un 5e mandat. Mais il a prolongé son actuel mandat sine die en repoussant la présidentielle -initialement prévue le 18 avril- à après une future Conférence nationale chargée de réformer le pays et d’élaborer une nouvelle Constitution. Une décision qui a été très majoritairement rejetée par la rue vendredi, le 4e consécutif de manifestations monstres à travers l’Algérie pour réclamer le départ du pouvoir de M. Bouteflika, de son entourage et du « système » au pouvoir. Lundi soir, le chef de l’Etat a néanmoins réitéré, dans un message à l’occasion de la Fête de la Victoire du 19 mars 1962, sa volonté de remettre le pouvoir à un successeur qui sera élu lors du prochain scrutin, soit bien après l’expiration constitutionnelle de son mandat, le 28 avril. Sur les trottoirs du centre d’Alger, de nombreux badauds et commerçants ont marqué leur soutien aux étudiants qui défilaient en reprenant leurs chants. « Faites comme les dinosaures, disparaissez! » ou « les géologues veulent l’extinction massive du gouvernement », proclament avec humour des pancartes brandies par des étudiants en géologie. « Tu prolonges le mandat, on prolonge le combat », peut-on lire sur une affichette tenue par une manifestante.

19 mars 1962, fin officielle de la Guerre d’Algérie, 19 mars 2019, Bouteflika veut prolonger son mandat

Ce cessez-le-feu entre dans le cadre des Accords d’Evian, dont les résultats sont publiés dans El Moudjahid le 19 mars 1962 et dans le Journal officiel français le lendemain. Dans El Moudjahid, journal de « la révolution par le peuple et pour le peuple », le gouvernement provisoire de la République algérienne « proclame le cessez-le-feu sur tout le territoire algérien » et ordonne « à toutes les forces combattantes de l’Armée de Libération Nationale l’arrêt des opérations militaires et des actions armées sur l’ensemble du territoire algérien ». Si ce 19 mars 1962 n’a pas vraiment mis fin aux combats sur le terrain, il consacre la victoire de l’indépendance algérienne. Le  19 mars 2019, Abdelaziz Bouteflika rappelle longuement cette page de l’histoire de l’Algérie avant de réaffirmer sa volonté de continuer d’assurer le pouvoir. Dans ce texte, il assure que la conférence nationale chargée de changer le « régime de gouvernance » de l’Algérie et de « renouveler ses systèmes politique, économique et social » se tiendra « dans un très proche avenir ».

A.A