Poursuivant leur débat autour de la Déclaration de politique générale, la majorité des députés ont appuyé hier le gouvernement à la nécessité d’intensifier les efforts pour garantir la continuité au pays dans les domaines du développement et remédier à certaines lacunes.
Lors d’une séance nocturne, présidée par Mouad Bouchareb, président de l’APN, en présence des membres de l’exécutif, les députés ont évoqué les acquis réalisés ces dernières années, appuyant le contenu de cette Déclaration. A ce propos, ils ont appelé à remédier aux insuffisances constatées dans plusieurs domaines économiques et à la nécessité d’associer tous les acteurs au processus de relance de l’économie nationale. Dans ce cadre, le député Bekai Hemal (MPA) a dit appuyer le contenu de la Déclaration de politique générale du gouvernement, valorisant les acquis réalisés ces dernières années. « En dépit des efforts consentis, il demeure encore des insuffisances à corriger », a-t-il estimé, citant, à titre d’exemple, l’exacerbation du chômage notamment chez les jeunes. De son côté, la députée Houria Mounia Laouadi (RND) a mis en avant les progrès réalisés en Algérie notamment lors des cinq dernières années, « riches » en réalisations, et ce en dépit de la chute des cours du pétrole, plaidant pour « l’intensification des efforts » afin d’assurer la continuité au pays. Pour sa part, la députée Chafika Ferarma (Union Ennahda-Adala-Bina) a appelé à être à l’écoute des revendications du peuple et à ouvrir un dialogue « sérieux » avec l’ensemble des acteurs, en vue de construire l’avenir de l’Algérie, en s’interrogeant sur le devenir de la politique de diversification économique. Le député Mohamed Hallali (Indépendants) s’est félicité des acquis indéniables réalisés dans plusieurs secteurs, estimant nécessaire de redoubler d’efforts et de promouvoir certains secteurs névralgiques tels que l’agriculture qui constitue « l’une des principales alternatives économiques ». Il a plaidé, également, pour la levée du gel sur un nombre de projets. La députée Meriem Messaoudani (MSP) a déploré, quant à elle, la dégradation de la situation économique du pays, en raison d’une mauvaise gestion, et ce en dépit des quelques acquis réalisés dans plusieurs secteurs. Pour Lakhdar Brahimi (MSP), le Gouvernement n’a pas réussi à créer un « véritable » développement et à améliorer les conditions de vie des citoyens. De son côté, la députée Karima Athmane (TAJ) a mis en avant les réalisations accomplies durant ces dernières années, ainsi que la politique de réforme initiée par les Pouvoirs publics, estimant qu’en dépit de tous ces acquis, il reste encore quelques lacunes à corriger, à l’image de la bureaucratie entravant les projets d’investissement. Elle a appelé, à ce propos, à la mise en place d’un programme pour la réalisation d’un véritable développement économique. Dans le même sens, la députée Dahbia Loucif (RND) a mis l’accent sur la vision prospective du président de la République, appelant à l’impératif de déployer davantage d’efforts notamment en matière de création d’emploi au profit des jeunes. Devant les députés, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est longuement efforcé à défendre e bilan de son gouvernement pour les cinq dernières années, tout en évoquant le contexte actuel marqué par de nombreux défis, notamment aux plans économique et sécuritaire. Ouyahia a indiqué, à cet égard, que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution, tout en mettant en garde contre d’éventuels « dérapages », et évoqué une Conférence nationale de consensus sans précédent pouvant proposer un amendement « radical » de la Constitution. Tout en se félicitant du déroulement pacifique des manifestations enregistrées vendredi dans plusieurs wilayas du pays, a appelé à la « vigilance pour éviter tout dérapage » pouvant survenir au cours de ces manifestations, d’autant plus, a-t-il dit, qu’elles ont eu lieu suite à des appels anonymes sur les réseaux sociaux. « Jusqu’à présent ces manifestations sont pacifiques mais elles pourraient revêtir un autre caractère demain », a prévenu le Premier ministre, observant qu’un « aperçu de ces possibles dérapages a été donné à travers des appels aux élèves des écoles à prendre part aux manifestations. Commentant le contenu des slogans scandés lors des manifestations, appelant notamment au changement, M. Ouyahia a affirmé que l’élection présidentielle du 18 avril prochain sera l’occasion pour le peuple algérien de faire son choix « en toute liberté et en toute souveraineté ». « Chacun a le droit de défendre un candidat ou de s’opposer à lui, mais c’est l’urne qui tranchera de façon pacifique et civilisationnel », a-t-il fait valoir. Revenant sur la Conférence nationale de consensus que le président Bouteflika, dans sa lettre de candidature à l’élection présidentiel, s’est engagé à convoquer s’il était réélu pour un autre mandat, M. Ouyahia a précisé que cette conférence serait « une première dans l’histoire de l’Algérie », qu’elle serait ouverte à « tous » et constituerait un espace pour faire des propositions en vue « d’opérer un changement dans le pays, y compris à travers un amendement de la Constitution pouvant être radical ». « C’est une main tendue sincèrement par le président Abdelaziz Bouteflika » aux forces politiques, sociales et économiques du pays « sans exclusion » afin de « débattre librement, de dégager une plateforme politique, économique et sociale, et de proposer aussi une réforme constitutionnelle à la hauteur de leurs attentes », a-t-il ajouté. « Nous pouvons être d’accord, comme nous pouvons diverger, mais nous sommes tous les enfants de l’Algérie qui a souffert de la tragédie et l’Algérie est en droit aujourd’hui de vivre en paix et dans la stabilité, le peuple algérien ne doit pas perdre les fruits de la stabilité qui est le résultat de sa volonté lorsqu’il a choisi la paix et la réconciliation nationale », a-t-il souligné. Dans son argumentaire en faveur de cette conférence, M. Ouyahia a expliqué que face aux défis et aux enjeux, l’Algérie est interpellée pour « redoubler d’efforts et approfondir ses réformes », à travers une « jonction féconde des énergies dans le respect des diversités d’opinions ». Enumérant les défis et enjeux auxquels l’Algérie est confrontée, il a cité, au plan interne, « l’importante progression » réalisée dans le domaine du développement ,notamment humain, les « ambitions légitimes » des jeunes générations, les « exigences intégrales » d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste, ainsi que la nécessité de développer davantage une économie diversifiée et compétitive, fournissant à l’Etat les ressources nécessaires pour la pérennité de la politique nationale de justice sociale et de solidarité nationale. Au plan externe, le Premier ministre a mentionné l’instabilité, les foyers de tension, de terrorisme et de crime transnational qui persistent dans le voisinage immédiat, ainsi et les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale en général et les facteurs de bouleversement qui s’accumulent sur le marché international des hydrocarbures. Passant en revue l’état de mise en oeuvre du programme du président Bouteflika pour la période 2014-2018, M. Ouyahia a affirmé qu’il est marqué par des « avancées majeures dans tous les domaines » grâce à « la continuité et la persévérance dans la démarche ». Le Premier ministre a évoqué aussi une « véritable renaissance nationale » au cours de ces 20 dernières années. La Déclaration de politique générale du gouvernement livre une somme « impressionnante » de données sur les réalisations accomplies, qui ont « profondément » transformé le pays, a-t-il dit. « Les réalisations physiques des vingt dernières années sont le fruit d’une véritable entreprise de reconstruction nationale d’un pays mis à genou par une grave crise économique, mais aussi terriblement frappé par une tragédie nationale sanglante », a-t-il soutenu.