Le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, a affirmé, hier à Alger, que l’Afrique a un apport important à l’universalisation du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, tout en ajoutant que le Traité pour une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique nécessite une contribution internationale sur les plans de financement et de l’expertise.
« La mise en oeuvre effective du traité de Pelindaba (visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique) est, certes, de la responsabilité première des Etats parties et dépend des mécanismes institutionnels qu’ils ont mis en place. Néanmoins, cet instrument ne peut réaliser son potentiel sans une coopération étroite avec des partenaires institutionnels et étatiques, dont l’apport est attendu au double plan du financement et de l’expertise ». Il a préconisé, dans ce sens, une « coopération solidaire » permettant aux pays africains de disposer des outils et des technologies avancées pour répondre aux exigences de sûreté et de sécurité nucléaires. « L’Algérie lance un appel à ces partenaires pour s’engager aux côtés de l’Afrique et appuyer les efforts de l’AFCONE dans le cadre de son plan stratégique, en vue de conforter la dynamique qu’elle a enclenchée dans les domaines du désarmement nucléaire et du développement technologique de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ». Rappelant le rôle pionnier de l’Afrique dans le désarmement nucléaire avec le démantèlement effectif du programme nucléaire sud-africain et l’élaboration de Traité de Pelindaba, M. Guitouni a considéré que le continent avait « un apport important à l’universalisation du Traité de non-profilération des armes nucléaires » (TNP). Il a estimé, en outre, que la contribution africaine à la prochaine session de la 3ème commission préparatoire de la Conférence d’examen du TNP, qui se tiendra en avril prochain à New York, doit déboucher sur la réalisation de « progrès significatifs dans la mise en oeuvre équilibrée et équitable du Traité ». Cette contribution permettra « d’enrayer les menaces et les risques qui pèsent sur la paix et la sécurité internationale ainsi que sur le climat de la coopération pour le développement durable ».
Deux réacteurs nucléaires algériens renouvelés
Guitouni a réitéré la position algérienne plaidant pour la promotion des utilisations pacifiques énergétiques et non énergétiques, contribuant à la réalisation des objectifs de développement de l’Afrique. L’Algérie envisage, d’ailleurs, l’intégration du nucléaire dans son mix énergétique afin de diversifier ses sources d’énergie, a rappelé M. Guitouni, en mettant en exergue les avancées technologiques dans ce domaine, qui permettent une sécurité et une protection meilleures de l’environnement. Dans ce cadre, il a annoncé le renouvellement des deux réacteurs nucléaires algériens de Draria (Alger) et de Birine (Djelfa), en ajoutant que cela contribuera, à l’avenir, à la création de la première centrale nucléaire en Algérie pour des usages pacifiques (santé, agriculture…). Concernant les opérations d’assainissement des traces des essais nucléaires en Algérie réalisés durant la période coloniale, le ministre a affirmé que « le problème a été réglé avec les moyens les plus modernes et les plus adaptés ». Onze (11) pays participent à cette réunion extraordinaire de l’AFCONE, qui coïncide avec la commémoration des premiers essais nucléaires réalisés sur le territoire algérien le 13 février 1960, qui sont les seuls essais nucléaires à avoir été réalisés sur le sol africain. Les 11 pays participants à cette réunion de l’AFCONE sont l’Algérie, Afrique du Sud, Tchad, Ghana, Mali, Mauritanie, Namibie, Niger, Nigeria, Zimbabwe et Ile Maurice. La réunion a vu également la participation des représentants de la Commission de l’Union africaine, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), du Bureau des affaires de désarmement aux Nations Unies (UNODA) et de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Otice). Entré en vigueur en juillet 2009, le Traité de Pelindaba vise à créer une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique. Les Etats-parties s’engagent à renoncer à fabriquer, stocker, acquérir ou posséder des dispositifs explosifs nucléaires, à interdire le déversement des déchets radioactifs et à protéger physiquement les matières et installations nucléaires (destinées à l’usage pacifique). L’Algérie a été parmi les pays africains qui ont signé (en avril 1996) et ratifié (en février 1998) le traité de Pelindaba. En 2018, l’Algérie a été vice-présidente de la Commission du désarmement des Nations Unies.
T.M