Environnement: Un décret pour intégrer les chiffonniers dans la chaîne de récupération en  étude

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 Les chiffonniers peuvent prochainement être  intégrés dans la chaîne de la récupération des déchets grâce à un décret,  actuellement en cours d’étude au niveau du ministère de l’environnement et  des énergies renouvelables, a- t- on  apprit  de l’Agence nationale des  déchets (AND).

« Perçus comme un obstacle devant l’organisation de la récupération des  problème que posent les chiffonniers sera réglé grâce à ce décret, en stade  de maturation, au niveau du ministère de tutelle », a indiqué le directeur  de l’AND, Karim Ouamane. En effet, les chiffonniers qui rodent dans les centres d’enfouissement  techniques (CET), ou sillonnent les quartiers pour vider les poubelles de  leurs déchets valorisables ne font pas l’unanimité auprès des acteurs  intervenant dans la gestion des déchets ménagers. Au niveau de l’ONG internationale « R20 », basée à Oran et qui a initié une  opération-pilote de tri sélectif au niveau de trois quartiers oranais, on  considère que les chiffonniers peuvent être de véritables alliés dans cette  démarche d’organisation de la valorisation des déchets. « Même s’ils sont à l’origine d’un certain nombre de problèmes, les  chiffonniers participent à la récupération de quantités importantes de  déchets recyclables », estime la chargée de la formation au niveau de l’ONG  « R20 », Zhor Breksi Reguig. Pourtant, ces mêmes chiffonniers auraient été un  des obstacles principaux pour la réussite du projet que cette ONG a initié. Mme Dalila Chellal, directrice du l’EPIC CET Oran, qui gère les centres  d’enfouissement de la wilaya, et qui a été chargée de la récupération des  déchets au niveau des trois quartiers du projet-pilote du tri sélectif,  estime que « les chiffonniers font de la concurrence déloyale en récupérant  les déchets recyclables ». Mme Chellal note, qu’en tant directrice de l’EPIC CET, elle rencontre un  certain nombre de problèmes avec les chiffonniers, qui habitués à « se  servir » des déchets valorisables, résistent aux tentatives d’organisation  dans le secteur. En effet, plusieurs initiatives ont été prises à Oran par les autorités  locales pour organiser ce secteur jusque là exploité dans l’informel, comme  la création de centres de tri de proximité et la récupération des déchets  valorisables au niveau des CET (centres d’enfouissement technique) par les  autorités ou des recycleurs agréés, explique Mme Dalila Chellal. Les données sur les gains générés par la récupération informelle des  déchets sont méconnues et l’organisation de ce secteur, ayant longtemps  échappé au fisc, se heurte aux pressions des chiffonniers qui n’acceptent  pas la nouvelle situation, explique la même responsable. « Au centre de tri de proximité de M’dina J’dida, pas loin de la plus  grande zone commerçante d’Oran, où des tonnes de carton sont récupérées  chaque jour, nos agents font souvent l’objet d’intimidations et même  d’agressions de la part des chiffonniers », a fait savoir Mme Chellal. « Au CET de Hassi Bounif, dans une tentative d’exercer la pression sur ses  responsables ayant fermé la porte devant eux, les chiffonniers ont  déclenché un incendie, qui a failli tourner à la catastrophe »,  affirme-t-elle. Corroborée par les images des caméras de surveillance, et des témoignages,  l’implication des chiffonniers, avec la complicité de certains agents a été  prouvée. Le dossier a été transféré par la gendarmerie au procureur de la  République, ajoute-t-on de même source. « Il a fallu toute une nuit pour maitriser l’incendie dont les conséquences  auraient était très graves s’il avait atteint le casier, où sont enfouis  les déchets, chargé de biogaz, extrêmement inflammables », note Mme Chellal. Pour leur part, les chiffonniers se plaignent de cette situation,  qualifiant d’ »injustes » cette décision de les « priver même des ordures ».  Adda, un père de famille de 36 ans, estime que s’ « il fait les poubelles  pour récupérer les déchets, c’est qu’il n’a pas d’autres choix ». Une attitude « tout à fait compréhensible » par les autorités qui ne  demandent aux chiffonniers que de s’organiser en petites entreprises pour  continuer à exercer cette activité, explique encore Dalila Chellal, notant  que le décret pour les intégrer dans la chaine de récupération dans un  cadre institutionnel est la bienvenue.

L.K