Clubs de l’élite :  Vers une nouvelle réforme similaire à celle de 1976 ?

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 Verra-t-on le retour du financement direct des clubs de football par l’Etat à travers ses sociétés nationales et par l’engagement d’autres opérateurs privés ? Une réforme similaire à celle de 1976, en quelque sorte, pour les sauver de la faillite.

C’est ce que l’on comprend de la dernière sortie du président de la FAF, Kheireddine Zetchi, qui appelle les équipes de l’élite à ouvrir leur capital afin de pouvoir être accompagnées dans « la recherche de nouveaux investisseurs ». La FAF, pour sa part, « assurera le pilotage de cet ambitieux projet », en prenant attache avec les associations patronales « pour créer un espace de concertation entre le monde du capital et les clubs professionnels », peut-on lire dans le communiqué publié sur le site officiel de la Fédération. Les clubs intéressés doivent néanmoins obtenir d’abord l’aval  de « l’Assemblée générale du CSA, le Conseil d’administration de la SSPA ainsi que l’accord des autorités locales ».Visiblement, Kheireddine Zetchi a reçu des assurances avant de lancer cette initiative ambitieuse qui pourrait régler une fois pour toutes, le problème récurrent de financement des clubs de l’élite. Après plusieurs années d’atermoiements et d’expérience infructueuse, le projet du professionnalisme chez nous a montré ses limites. La majorité des clubs n’ont pas su, ou n’ont pas pu ( ?) s’affranchir en créant des sociétés qui leur assurent une autonomie financière, même partielle. Ils dépendent toujours entièrement de l’aide et des subventions de l’Etat. Certains en bénéficient plus que d’autres, ce qui a créé un sentiment d’injustice et de frustration chez les moins nantis. Ils revendiquent à juste titre d’ailleurs que la manne financière des pouvoirs publics soit partagée équitablement entre tous les clubs de l’élite. Il semblerait que leur appel a été entendu, puisque s’ils le désirent, ils seront accompagnés par de nouveaux investisseurs, à condition de lâcher une grosse part de leur capital.« Les clubs intéressés par notre initiative sont invités à présenter les documents suivants : une lettre de manifestation d’intérêt de la wilaya, une lettre de manifestation d’intérêt du Conseil d’administration de la SSPA avec un PV de réunion et une résolution signée par tous les actionnaires, une lettre de manifestation d’intérêt du CSA avec le PV de l’assemblée générale extraordinaire adoptant une résolution pour l’ouverture du capital et une autre pour libérer au moins 67% du capital afin de donner la majorité au futur actionnaire », a indiqué la FAF dans une lettre adressée aux clubs. La JSMB a été la première équipe à répondre favorablement à l’initiative de la Fédération. C’est du moins ce qu’a annoncé le club bougiote sur son site officiel. En ces temps de crise, d’autres associations ne tarderont pas à lui emboiter le pas. Ont-ils vraiment le choix ? Soit les clubs ouvrent leur capital, soit ils mettent la clé sous le paillasson. On les voit mal refuser la main tendue des opérateurs économiques publics ou privés, même si certains dirigeants actuels vont perdre leurs privilèges. C’est un assainissement vital pour pouvoir continuer d’exister.Mais est-ce la panacée pour sortir le football national de l’ornière ? L’Etat continuera toujours à avoir la mainmise sur les clubs. Ce n’est pas le professionnalisme auquel aspirent les spécialistes.  La réforme de 1976 qui a apporté beaucoup au sport d’une manière générale, n’a pas pu survivre aux revendications d’autonomie du mouvement sportif national. L’Etat, même s’il est animé des meilleures intentions, ne peut garantir durablement la bonne marche des activités sportives de haut niveau. Il faudra au contraire libérer les initiatives et changer les mentalités pour se libérer de la politique de l’assistanat qui a toujours accompagné le sport depuis l’indépendance. Le rôle de l’Etat est d’encadrer le sport de performance et non pas s’ingérer dans sa gestion directement.Aujourd’hui, les pouvoirs publics veulent parer à une situation délicate et urgente, mais le problème persiste dans le fond. Il n’est réglé à la racine.

Ali Nezlioui