Le « Dhikr pictural », une invitation visuelle au concept apologétique d’inimitabilité du Coran (I’jaz), est exposé au Centre culturel algérien (CCA) de Paris, dont le vernissage s’est déroulé vendredi soir en présence de l’artiste Anissa Berkane.
Fruit de plus de 20 ans d’exploration artistique, intellectuelle et spirituelle, l’approche inédite d’Anissa Berkane dans le monde de l’art plastique se veut une expression visuelle des textes sacrés que recèle le Coran autour de sa codification mathématique. Les tableaux qu’expose au CCA cette diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger veut susciter chez les visiteurs des questionnements, leur proposant des suggestions et premières réponses autour d’une religion associée, par ignorance ou à dessein, à la terreur, « alors qu’elle est un Bien pour l’humanité entière ». Les tableaux exposés jusqu’au 26 janvier captent, avec fascination, les regards des personnes qui sont interpelées pour une vision intelligente de l’islam, pour une réflexion autour des versets coraniques en relation avec la science moderne que nombre de scientifiques reconnaissent leur véracité scientifique. Les visiteurs sont appelés, à travers cette exposition qui se veut itinérante, à un exercice de contemplation d’une beauté spirituelle des œuvres mais, en même temps, un effet de distanciation pour découvrir ou confirmer le génie d’un texte sacré révélé il y a plus de 14 siècles. Avec une dominante des couleurs chaudes, l’artiste, qui a fait beaucoup de recherches autour du Coran, utilise pour ses œuvres la technique mixte sur de la toile avec parois des feuilles d’or. Chaque tableau est lié à un verset coranique qui explique une situation temporelle, propose une réflexion autour de soi-même ou rappelle des réalités scientifiques. Une inspiration, selon l’artiste, qui la saisit et lui fait découvrir la création de l’humain et son univers. Un espace de prédilection d’Anissa Berkane à travers lequel elle apporte sa contribution à l’art arabo-musulman. Dix-neuf tableaux sont exposés, manière de ne pas trop s’éloigner du chiffre magique 19, le nombre des lettres de la Basmala qui introduit toutes les 114 sourates du Coran sauf une (Tawba ou la repentance) et, en même temps, la base de tous les calculs mathématiques qu’on peut faire sur le texte sacré. Anissa Berkane lui consacre d’ailleurs un tableau (Dix-neuf) aux couleurs chatoyantes. Dans sa quête de compréhension de l’univers, et bien sûr, l’humain, l’artiste évoque, à travers « Shor », en référence à l’algorithme quantique de Shor qui aide à factoriser un entier naturel en temps et en espace. Même si elle consacre des œuvres à la révolution digitale et à l’intelligence artificielle, génie de l’humain dans son espace et son temps, elle revient toujours au Livre-Saint avec « Qaf » (sourate qaf) et « El Hourouf » pour inviter à un perpétuel questionnement. « Les visiteurs se posent des questions, veulent découvrir les mystères du Coran et ils sont très intéressés », a confié à l’APS l’artiste qui note que son objectif est atteint. Elle souhaite, pour le besoin médiatique, que son œuvre soit achetée par un footballeur de renommée mondiale comme Zinedine Zidane. « Ma finalité est trouver un jour un mécène », a-t-elle lancé. La collection « Dhikr pictural » d’Anissa Berkane (52 ans) a connu plusieurs succès, depuis qu’elle a vu le jour à Alger en 2015. Elle a été exposée au Tehran Milad Tower (Iran) en décembre 2016 dans le cadre de la semaine culturelle algérienne et a fêté son anniversaire au palais de la Culture d’Alger en mai 2017, avant d’être présentée en décembre de la même année à la Galerie P21 de Londres.
Benadel. M